Les espèces du genre Prevotella font partie du microbiote oral, vaginal et intestinal et sont souvent retrouvées après une infection anaérobie des voies respiratoires. Ces infections incluent la pneumonie d'aspiration, l'abcès pulmonaire, l'empyème pulmonaire, l'otite moyenne chronique et la sinusite. Ils ont été isolés à partir d'abcès et de brûlures à proximité de la bouche, de morsures, de paronychies, d'infections des voies urinaires, d'abcès au cerveau, d'ostéomyélite et de bactériémies associées aux infections des voies respiratoires supérieures. Les espèces du genre Prevotella prédominent dans les maladies parodontales et les abcès parodontaux.
Rôle dans le microbiote intestinal
Les recherches sur le microbiote humain montrent qu'après la naissance, l'intestin humain est peu à peu principalement colonisé par deux phylums de bactéries : Bacillota et Bacteroidetes ; et principalement dominés par les genres Bacteroides et Prevotella, (qui auraient un ancêtre commun)[2].
Chez l'Humain, la flore intestinale est dominée soit par le genre Prevotella soit par le genre Bacteroides, ce qui a fait suggérer que ces deux genres seraient, au moins dans une certaine mesure, antagonistes. Une autre hypothèse est que c'est ce que nous mangeons qui favorise l'un ou l'autre de ces genres bactériens. En effet, les analyses de selles montrent le genre Prevotella est plus fréquent dans les régions non-occidentalisées au régime riche en fruits, légumes et racines crus et cuits, alors que dans les pays industrialisés ou là où la viande est consommée en grande quantité, ce sont les bacteroides qui dominent... sauf dans deux cas : chez les végétariens et chez ceux qui suivent un régime méditerranéen (également riches en fruits et légumes).
Conformément, l'analyse génomique de Prevotella copri a montré que cette bactérie ne dispose pas des gènes codant les enzymes dégradant les glycanes de l'hôte, mais qu'elle et génétiquement équipé pour dégrader les glycanes végétaux[2].
En Afrique, 53 % des bactéries intestinales de jeunes enfants du Burkina Faso appartenaient au genre Prevotella, qui est absent chez les enfants européens du même âge[5].
Le régime alimentaire à long terme est connu pour être fortement associé à la composition du microbiote intestinal. Une nourriture riche en protéines et de graisses animales (typiques de l'alimentation occidentale) sélectionne des bactéries Bacteroides, alors qu'un régime riche en fibre et glucides favorise le genre Prevotella[6].
Des Prevotella ont été associées à l'inflammation intestinale. En particulier des populations accrues de P. copri semblent contribuer à une inflammation chronique chez les patients VIH.
Un isolat d'espèce unique P. copri CB7 a été utilisé pour différentes études qui ont montré qu'il peut être bénéfique ou nuisible, selon le contexte[2].
Prevotella est un genre comprenant une grande diversité d'espèces et pour chaque espèce on observe une grande diversité génétique entre les souches. Une étude récente sur Prevotella chez l'homme a comparé les répertoires de gènes des espèces selon les sites corporels de prélèvement (chez l'homme). Elle confirme un pan-génome ouvert avec une grande diversité du pool de gènes[7].
En plus des différences génétiques et globales propres au microbiote de l'hôte en général, la grande variété génétique de Prevotella rend difficile la prédiction de leur fonction, qui pourraient varier selon les individus et les contextes[2].
Rôle dans le microbiote vaginal
Certaines espèces du genre Prevotella sont aussi des commensaux vaginaux courants.
L'augmentation de leur abondance sur la muqueuse vaginale a été associée à la vaginose bactérienne.
Prevotella s'est avéré être le groupe bactérien le plus héréditaire du microbiome vaginal.
Son abondance a été reliée à l'indice de masse corporelle de la femme[8], et au contexte hormonal[9].
Prevotella bivia produit des lipopolysaccharides et de l'ammoniaque qui sont des composantes naturelles du mucusvaginal. Cette bactérie a été associée à la production de cytokines épithéliales, et à une facilitation de la croissance d'autres organismes bactériens associés à la vaginose (ex. : Gardnerella vaginalis). On a constaté que ce dernier stimulait à son tour la croissance de P. bivia[10].
Une prolifération de Prevotella et une réduction de Lactobacillus ont été corrélées avec l'apparition de l'ostéomyélite chez la souris de laboratoire. Si on réduit les Prevotella par un antibiotique adapté, on peut induire une augmentation de Lactobacillus montrant un effet protecteur contre l'ostéomyélite[15].
Agent synergique en cause dans certaines pneumonies ?
Le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (ou SARM), dont les souches ont sans doutes émergées dans les élevages de porcs et de volailles industriels, traités aux antibiotiques) est devenu une cause croissante et commune de pneumonie parfois sévère. Ce risque semble souvent liée à une mauvaise hygiène bucco-dentaire ou à une parodontite à Prevotella intermedia[16]. Dans un modèle murin de pneumonie (exposé à plusieurs souches cliniques nosocomiales de SARM) : en présence de Prevotella intermedia, les souris survivaient moins bien quand le taux de P. intermedia était élevé, et elles présentaient alors des charges bactériennes plus élevées dans les poumons, et une expression plus élevée de l'α-hémolysine (hla)[16].
Parallèlement les auteurs on montré (in vitro) que l'activité bactéricide des leucocytespolymorphonucléaires contre les souches nosocomiales de SARM était supprimée en présence de Prevotella intermedia, les staphylocoques dorés nosocomiaux proliféraient alors plus facilement dans les poumons. P intermedia semble interagir avec la toxine MRSA d'une manière dépendante de la souche, ce qui pourrait expliquer des variantes de la pathogenèse de la pneumonie sévère à SARM en présence de P intermedia[16].
Taxonomie
Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Prevotella Shah & Collins 1990[18].
L'étymologie du nom de genre de Prevotella est la suivante : Pre.vot.el’la. N.L. fem. dim. n. Prevotella,nommé d'après le microbiologiste français, A. R. Prévot, un pionnier dans la microbiologie anaérobie[18].
Liste d'espèces
Selon LPSN (5 août 2024)[18] qui fait référence en matière de microbiologie, le genre Prevotella comprend les 56 espèces suivantes publiées de manière valide et au nom correct :
"Candidatus Prevotella marseillensis" publiée de manière non valide par Yimagou et al. 2019 est synonymisée en Prevotella marseillensis mais reste publiée de manière non valide et donc sans statut de validité.
À la suite de la reprise, déformée, d'un post émis la veille[19], par un article mis en ligne le sur le site Israël Magazine, un message a circulé sur les réseaux sociaux faisant état d'une soi-disant découverte sur le lien entre Covid-19 et la bactérie Prevotella[Laquelle ?]. Le , il n'existe aucune publication scientifique sur le sujet[20] et cette hypothèse n'a jamais pu être confirmée. Cette théorie, ainsi que celle qui expliquerait du même coup l'activité d'un antibiotique (l'azithromycine) sur un virus, sont niées par l'INSERM dans son point d'information[21].
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Prevotella » (voir la liste des auteurs).
↑H. N. Shah et D. M. Collins, « Prevotella, a new genus to include Bacteroides melaninogenicus and related species formerly classified in the genus Bacteroides », International Journal of Systematic Bacteriology, vol. 40, no 2, , p. 205–208 (ISSN0020-7713, PMID2223612, DOI10.1099/00207713-40-2-205, lire en ligne, consulté le )
↑« Bacteroides Infection: Background, Pathophysiology, Epidemiology », medscape, (lire en ligne, consulté le )
↑Carlotta De Filippo, Duccio Cavalieri, Monica Di Paola et Matteo Ramazzotti, « Impact of diet in shaping gut microbiota revealed by a comparative study in children from Europe and rural Africa », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 107, no 33, , p. 14691–14696 (ISSN1091-6490, PMID20679230, PMCID2930426, DOI10.1073/pnas.1005963107, lire en ligne, consulté le )
↑Vinod Kumar Gupta, Narendrakumar M. Chaudhari, Suchismitha Iskepalli et Chitra Dutta, « Divergences in gene repertoire among the reference Prevotella genomes derived from distinct body sites of human », BMC genomics, vol. 16, , p. 153 (ISSN1471-2164, PMID25887946, PMCID4359502, DOI10.1186/s12864-015-1350-6, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Natalie G Allen, Laahirie Edupuganti, Jerome F Strauss 3rd; VaginalMicrobiomeConsortium; Edmond P Wickham 3rd, Jennifer M Fettweis et al., « The vaginal microbiome in women of reproductive age with healthy weight versus overweight/obesity », Obesity (Silver Spring), vol. 30, no 1, , p. 142-52. (PMID34806323, PMCIDPMC9070090, DOI10.1002/oby.23306)
↑(en) Maria Christine Krog, Luisa W Hugerth, Emma Fransson, Zahra Bashir, Henriette Svarre Nielsen et al., « The healthy female microbiome across body sites: effect of hormonal contraceptives and the menstrual cycle », Hum Reprod, vol. 37, no 7, , p. 1525-43. (PMID35553675, PMCIDPMC9247429, DOI10.1093/humrep/deac094)
↑(en) Tara M. Randis et Adam J. Ratner, « Gardnerella and Prevotella: Co-conspirators in the Pathogenesis of Bacterial Vaginosis », The Journal of Infectious Diseases, vol. 220, no 7, , p. 1085–1088 (ISSN1537-6613, PMID30715397, PMCID6736359, DOI10.1093/infdis/jiy705, lire en ligne [PDF], consulté le )
↑(en) Shoji Tanaka, Mikako Yoshida, Yukio Murakami et Takako Ogiwara, « The Relationship of Prevotella intermedia, Prevotella nigrescensand Prevotella melaninogenica in the Supragingival Plaque of Children, Caries and Oral Malodor », Journal of Clinical Pediatric Dentistry, vol. 32, no 3, , p. 195–200 (ISSN1053-4628 et 1557-5268, DOI10.17796/jcpd.32.3.vp657177815618l1, lire en ligne, consulté le )
↑O. Aguilera, M. T. Andrés, J. Heath et J. F. Fierro, « Evaluation of the antimicrobial effect of lactoferrin on Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia and Prevotella nigrescens », FEMS immunology and medical microbiology, vol. 21, no 1, , p. 29–36 (ISSN0928-8244, PMID9657318, DOI10.1111/j.1574-695X.1998.tb01146.x, lire en ligne, consulté le )
↑ abcd et eYu Yamashita, Kentaro Nagaoka, Hiroki Kimura et Masaru Suzuki, « Pathogenic Effect of Prevotella intermedia on a Mouse Pneumonia Model Due to Methicillin-Resistant Staphylococcus aureus With Up-Regulated α-Hemolysin Expression », Frontiers in Microbiology, vol. 11, , p. 587235 (ISSN1664-302X, PMID33117325, PMCIDPMC7575765, DOI10.3389/fmicb.2020.587235, lire en ligne, consulté le )
↑(en) E. Boakes, A. M. Kearns, M. Ganner et C. Perry, « Distinct Bacteriophages Encoding Panton-Valentine Leukocidin (PVL) among International Methicillin-Resistant Staphylococcus aureus Clones Harboring PVL », Journal of Clinical Microbiology, vol. 49, no 2, , p. 684–692 (ISSN0095-1137, PMID21106787, PMCIDPMC3043515, DOI10.1128/JCM.01917-10, lire en ligne, consulté le )