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À l'exception de Flavius Josèphe, les historiens de l’Antiquité lui trouvent peu de qualités en dehors de sa beauté et soulignent ses intrigues pour devenir impératrice. On lui attribue notamment la mort d'Agrippine et d'Octavie.
Quinze siècles plus tard, Claudio Monteverdi l’a représentée sous une lumière plus favorable dans son dernier opéra, L'incoronazione di Poppea, soulignant son amour pour Néron.
Biographie
Origines familiales
La gens Poppæa est une riche famille pompéienne. La villa trouvée en 1964 sur le site d'Oplontis lors des fouilles archéologiques de Torre Annunziata aurait appartenu à Poppée.
Poppæa Sabina est la fille de Titus Ollius, un questeur du règne de l'empereur Tibère que son amitié avec Séjan ruina avant qu'il n'obtienne une charge publique. Originaire de la province de Picenium (actuelles Marches), il occupe un rôle mineur dans la politique de l'Empire et est peu connu.
Sa mère, également appelée Poppæa Sabina, est en revanche une femme distinguée, dont les sources antiques décrivent la beauté plantureuse et la grande distinction. Tacite la décrit comme une des femmes les plus aimables de son temps. Elle se suicide en 47, victime innocente des intrigues de l'impératrice Messaline.
À la mort de son père en 31, sa mère se remarie avec Publius Cornelius Lentulus Scipio (I), qui servit en qualité de commandant de division en 22, comme consul en 24 puis comme sénateur. Publius Cornelius Lentulus Scipio (II) est probablement le demi-frère de Poppée. Il fut consul en 56 puis également sénateur.
Le grand-père maternel de Poppée, Caius Poppeus Sabinus, homme d'humble naissance, fut consul en 9. Il est à l'origine notamment d'une loi à visée nataliste, la Lex Papia Poppæa. Durant le règne de Tibère il est honoré par un triomphe militaire pour avoir mis fin à une révolte en Thrace en 26. De 15 à sa mort il sert en qualité de proconsul impérial en Grèce et dans d'autres provinces. Cet administrateur compétent jouissait de l'amitié de la famille impériale. Il meurt en 35. Poppée prendra son nom après sa mort.
Mariage avec Rufrius Crispinus
En 44, Poppæa Sabina épouse Rufrius Crispinus, un membre de l'ordre équestre, chef de la garde prétorienne durant le règne de l'empereur Claude. En 51, Agrippine, alors épouse de Claude et impératrice, le démet de sa charge parce qu'il reste fidèle à la mémoire de Messaline et qu'il soutient ses enfants Octavie et Britannicus. Il est remplacé par Sectus Afranius Burrus et sera par la suite exécuté. Poppée lui a donné un fils du même nom qui, après la mort de sa mère, aurait été noyé lors d'une partie de pêche par l'empereur Néron.
Mariage avec Othon
Elle épouse ensuite Othon, ami de Néron, peut-être uniquement pour se rapprocher de son véritable objectif, l'empereur Néron. Après être devenue la maîtresse de ce dernier, Poppée divorce d'Othon en 58 et consacre tous ses efforts à devenir impératrice de Rome. Othon est promu gouverneur de Lusitanie et deviendra brièvement empereur une dizaine d'années plus tard, après la mort de Néron, à la suite de Galba.
Impératrice après le mariage avec Néron
Selon Tacite, Poppée est ambitieuse et sans scrupule. Agrippine, la mère de Néron, voyant le danger, chercha à persuader son fils de se libérer d'elle. Cette dispute avec Poppée fut l'un des motifs pour lesquels Néron tua finalement sa mère. Agrippine hors-jeu, l'influence de Poppée sur l'empereur devint telle que sa pression amena Néron à divorcer de sa première femme Octavie (puis à la faire exécuter), dans le but d'épouser Poppée en 62. Octavie, initialement exilée en Campanie est finalement emprisonnée sur l'île de Pandateria (lieu de bannissement pour les membres de la famille impériale tombés en disgrâce), sur l'accusation d'adultère. Selon certaines sources ecclésiastiques, ce serait Poppée et non Néron qui aurait instigué les persécutions contre les chrétiens, dans le but de masquer ses méfaits.
L'historien Flavius Josèphe en revanche, présente une Poppée très différente. Il parle d'elle comme d'une femme profondément religieuse (peut-être jusqu'au prosélytisme) qui poussa Néron à montrer de la compassion à l'égard du peuple juif.
En 63, elle donne naissance à une fille, accueillie avec une joie exubérante par Néron, Claudia Augusta, qui meurt quatre mois plus tard. À l'anniversaire de Claudia, Néron honore la mère et la fille du titre d'Augusta.
Selon Suétone, Poppée est enceinte à l'été 65, quand elle reçoit de Néron fou de rage un coup de pied mortel dans le ventre parce qu'elle lui a reproché ouvertement de passer trop de temps aux jeux. Nombre d'historiens modernes estiment qu'elle est morte des suites de complications de sa grossesse. Et, de fait, Néron est particulièrement affligé par sa mort. Le corps de Poppée n'est pas brûlé, il est embaumé avec des épices et placé dans le mausolée d'Auguste. Néron donne à sa seconde épouse des funérailles nationales. Il fait lui-même son panégyrique et lui donne les honneurs divins, provoquant le dégoût de ceux qui la détestaient et se souvenaient de sa cruauté et de son immoralité.
Selon Dion Cassius, Poppée tenait à la perfection de son corps au point de souhaiter mourir avant l'irrémédiable. Elle faisait traire chaque jour cinq cents ânesses qui venaient de mettre bas pour se baigner dans leur lait.
Représentations de Poppée
En dehors des écrits des auteurs de l'antiquité, peu de traces de la fameuse beauté de Poppée sont arrivées jusqu'à nous.
Nous possédons un tétradrachme représentant son buste drapé associé à une tête radiée de Néron.
Le musée du Louvre à Paris présente le buste de marbre d'une Pseudo-Poppée, une œuvre romaine datée autour de 55-60 ap. J.-C., portrait d'une jeune femme, peut-être une princesse orientale élevée à Rome, identifiée un temps, du fait de sa beauté, comme l'impératrice.
Un maître anonyme de l'École de Fontainebleau de la seconde moitié du XVIe siècle l'a représentée sur un tableau exposé au musée d'art et d'histoire de Genève.
En , le metteur en scène zurichois Christoph Marthaler créée au KunstenFESTIVALdesArts à Bruxelles, Winch Only, une pièce tirée de l'opéra de Monteverdi, sur des textes de l'écrivain flamand Hugo Claus. Paraphrasant Magritte : Ceci n'est pas une … Poppea, Marthaler retient de l'opéra de Monteverdi le crime, la faim de pouvoir et la soif de destruction, infamies qui deviennent secrets de famille dans sa mise en scène.
Jean d'Ormesson écrit une Histoire du Juif errant (1990) où le héros rencontre Poppée lors de son arrivée à Rome et tombe amoureux d'elle.
Gérard Minaud, Les Vies de 12 femmes d’empereur romain - Devoirs, Intrigues & Voluptés , Paris, L’Harmattan, 2012, ch. 4, La vie de Poppée, femme de Néron, p. 97-120.