Venant de la grande bourgeoisie parisienne, Pierre de l'Estoile (ou de l'Étoile) appartient au cercle de la grande magistrature. Il eut pour précepteur Mathieu Béroalde, chez qui il connut l'écrivain protestant Agrippa d'Aubigné. C'est à Bourges qu'il étudia le droit (1565). Il exerça de 1566 à 1601 la charge d'audiencier à la chancellerie de France. Son emprisonnement en 1589 s'explique par le fait qu'il passait pour un proche des « Politiques »[1]. Il vend sa charge en 1601.
Pierre de L'Estoile a laissé des Mémoires-Journaux (1574-1611) qui sont un précieux témoignage sur les règnes de Henri III et Henri IV. Y sont intégrés d'autres textes (des sonnets, des pamphlets). Ces journaux publiés en 12 tomes ont été numérisés et sont consultables dans Gallica.
On trouve dans le tome 3 une estampe et une description sanglante de l'exécution de Marie Stuart, reine d'Écosse, le .
Ces journaux fournissent également des informations sur la crise de subsistance de 1586-1587 avec des informations météorologiques , des données sur l'évolution du prix du pain à Paris (cherté du blé) et surtout sur les conséquences sociales de cette crise : afflux de mendiants, procession de la châsse de sainte Geneviève pour faire cesser les pluies, augmentation des impôts (aumône spéciale) pour les bourgeois et émeutes, notamment celle du contre les boulangers accusés de vendre trop cher leur pain[2],[3].
Registre-journal du règne de Henri III, édition établie par Madeleine Lazard et Gilbert Schrenck, Genève, Droz, collection « Textes littéraires français », 1992-2003, 6 volumes.
Journal de Henry III, Roy de France et de Pologne : ou Mémoires pour servir à l'histoire de France.
Registre-journal du règne de Henri IV. Tome I (1589-1591), édition établie par Gilbert Schrenck, Xavier Le Person et Volker Mecking, Genève, Droz, collection « Textes littéraires français », no 609, 2011, 352 p[4].
Les Belles figures et drolleries de la Ligue, édition établie par Gilbert Schrenck, 2016.
Notes et références
↑Le parti politique rassemblait les catholiques modérés favorables à un pouvoir royal fort. En 1589, ils étaient ralliés à Henri IV de France en dépit du fait que celui-ci fût de religion protestante.
↑Le Roy Ladurie, Emmanuel, Histoire humaine et comparée du climat. 1, Canicules et glaciers (XIIIe – XVIIIe siècles), Paris, Fayard, , 748 p. (ISBN2-213-61921-2 et 9782213619217, OCLC492581950), p. 230-232
Journal de l'Estoile pour le règne de Henri III : 1574-1589, présenté par Louis-Raymond Lefèvre, Gallimard, 1943.
Michel Chopard, « En marge de la grande érudition, un amateur éclairé : Pierre de L'Estoile », dans Histoire et littérature : les écrivains et la politique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Publications de l'Université de Rouen. Série littéraire » (no 42), , 418 p. (présentation en ligne), p. 205-235.
Florence Greffe et José Lothe (préf. Henri-Jean Martin), La vie, les livres et les lectures de Pierre de L'Estoile : nouvelles recherches, Paris, Éditions Honoré Champion, coll. « Pages d'archives » (no 15), , 1180 p. (ISBN2-7453-0912-9, présentation en ligne).
Margaret M. McGowan, « « La conversation de ma vie » : la voix de L'Estoile dans les Registres / Journaux », dans Travaux de Littérature offerts en hommage à Noémie Hepp, Paris, Publications de l'ADIREL / Les Belles Lettres, 1990, p. 249-259.
Fanny Marin, « La fortune éditoriale des Registres journaux des règnes de Henri III et Henri IV de Pierre de L'Estoile », Nouvelle Revue du XVIe siècle, Genève, Librairie Droz, vol. 20, no 2, , p. 87-108 (ISSN0294-1414, JSTOR25598972).
Gilbert Schrenck, « L'image du prince dans le Journal du règne de Henri III de Pierre de L'Estoile, ou l'enjeu d'une écriture », dans Noémi Hepp et Madeleine Bertaud (dir.), L'image du souverain dans les lettres françaises : des guerres de religion à la révocation de l'Édit de Nantes, Paris, Klincksieck, coll. « Actes et colloques », , 354 p. (ISBN2-252-02489-5), p. 15-25.
Gilbert Schrenck, « Pierre de L'Estoile et Montaigne, ou la lecture en miettes », dans Esculape et Dionysos. Mélanges en l'honneur de Jean Céard, Genève, Droz, 2008, p. 155-163.
Gilbert Schrenck, « La dissidence cryptée : anonymat, initiales et attribution des pasquils dans le Journal du règne de Henri III de Pierre de L'Estoile », Les Dossiers du GRIHL (Groupe de Recherches Interdisciplinaires sur l'Histoire du Littéraire), nos 2013-01 « Expressions de la dissidence à la Renaissance », (DOI10.4000/dossiersgrihl.5839, lire en ligne).
P. M. Smith, « Les Mémoires de Pierre de l'Estoile dans la bibliothèque du duc de Saint-Simon », Cahiers Saint Simon, no 40 « Les Mémoires de la bibliothèque du duc de Saint-Simon », , p. 13-24 (lire en ligne).
Myriam Yardeni, « Histoire et petite histoire chez Pierre de L'Estoile », dans Danièle Bohler et Catherine Magnien-Simonin (dir.), Écritures de l'Histoire (XIVe-XVIe siècle) : actes du Colloque du Centre Montaigne, Bordeaux, 19-21 septembre 2002, Genève, Librairie Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 406), , 568 p. (ISBN978-2-600-01011-5, présentation en ligne), p. 193-202.