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Pierre Dubois (c. 1255 – ap. 1321) est un légiste normand et un des avocats de la cause royale du temps de Philippe IV le Bel. Après des études à l'université de Paris, où il suivit sans doute l'enseignement de Thomas d'Aquin et Siger de Brabant, il fut avocat du Roi dans le bailliage de Coutances pour les affaires ecclésiastiques. Il a laissé plusieurs écrits soutenant sa vision de la politique.
L'homme était connu de Jean du Tillet au XVIe siècle et de Pierre Dupuy au XVIIe siècle mais resta oublié jusqu'au milieu du XIXe siècle quand son histoire fut reconstruite à partir de ses travaux par Charles-Victor Langlois et Ernest Renan. Les deux principaux traités de Pierre Dubois ont été édités et traduits en français en 2019[1].
Dans plusieurs traités, Pierre Dubois théorise la suprématie du roi de France à l'intérieur du royaume et la légitimité de son hégémonie à l'extérieur de celui-ci.
Dans ce libelle anti-pontifical, qui fait suite à la réponse cinglante du pape Boniface VIII au roi de France Philippe IV le Bel par rapport à la décime dans la bulle Clericis laicos (25 février 1296), Pierre Dubois se prononce sur le droit du roi à taxer le clergé.
En 1300, dans son traité De l'abrègement des procès, il dédie à Philippe IV le Bel un art d'assurer la concorde entre les hommes et les princes[2] : il souhaite éliminer les deux fléaux que sont les guerres et les procès et insiste sur le fait qu'au temporel le roi de France n'a pas de supérieur. De ce fait, Pierre Dubois insiste sur l'idée que le Pape ne doit jamais être appelé à régler ces conflits, au risque d'avouer la supériorité juridique de ce dernier sur le roi[3].
Il défendit Philippe IV le Bel contre le pape Boniface VIII à plusieurs occasions. Ainsi, lorsque le roi convoqua une assemblée de prélats, de docteurs, de barons et de représentants du peuple en sa présence le 10 avril 1302, Pierre Dubois, qui était un des délégués de cette assemblée et représentait Coutances, offrit au roi un libelle réfutant les prétentions du pape[4]. Au-delà de la valeur de l'argumentation de sa Supplication du peuple de France au roi contre le pape Boniface, le fait significatif est le passage d'une défense des intérêts de l'État à une véritable offensive contre la papauté[5] :
Dans son traité De Recuperatione Terrae Sanctae (« De la récupération de la Terre-Sainte »), composé entre 1305 et 1307, Pierre Dubois prend acte de la réconciliation entre le roi et le pape. Son traité est un catalogue détaillant les mesures à prendre pour faire de la Chrétienté une sorte d'empire constantinien dont le Capétien serait le maître[2] .
Il s'oppose à l'idée de faire entièrement confiance aux locaux, qu'il désigne comme étrangers, barbares aux yeux des français, pour mener la conversion des peuples en Terre-Sainte[6].
À l'occasion de la mort d'Albert d'Autriche, Pierre Dubois fait parvenir au roi en 1308 un mémoire dans lequel il l'engage à se faire proclamer empereur par le pape Clément V[2]. Peu après, il rédige une Opinion dans laquelle il suggère au roi d'acquérir pour le compte de son deuxième fils les royaumes de Jérusalem et de Chypre ou plutôt ce qu'il en reste.
Le but de la construction politique de Pierre Dubois est la prééminence du Capétien pour pacifier la Chrétienté afin et faire triompher l'idéal de la Croisade. Pierre Dubois développe dans cette optique certaines idées-forces.