Le piétin-verse, appelé aussi « taches ocellées du blé », est une importante maladie fongique du blé causé par deux espèces de champignonsnécrotrophes, Tapesia yallundae (syn. : Pseudocercosporella herpotrichoides; type-W [anamorphe] ; Oculimacula yallundae) et Tapesia acuformis (syn. : Pseudocercosporella herpotrichoides; type-R [anamorphe]; Oculimacula acuformis).
Le piétin-verse est plus grave dans les parcelles où le blé est cultivé en continu (monoculture) et lorsque le climat est frais et humide. Le traitement des cultures contre le piétin-verse à l'aide de fongicides coûte très cher aux agriculteurs et est compliqué par l'apparition chez les agents pathogènes de souches résistantes aux fongicides les plus couramment utilisés.
Dans les cas les plus graves, la maladie peut réduire le rendement de 40 % et plus.
C'est une maladie répandue surtout dans les régions tempérées en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande, ainsi qu'en Afrique.
Symptômes
Des lésions elliptiques, en forme d'œil (ocellées), ce qui justifie le nom de « taches ocellées » parfois donné à la maladie, apparaissent à la base des tiges près de la surface du sol, souvent sous le premier nœud. Les lésions, de couleur jaune paille, sont bordées de marges brun-verdâtre à marron foncé, et présentent souvent des points noirs au centre (qui sont les stromas). Les lésions les plus anciennes peuvent entourer complètement la tige et s'étendre sur une longueur de 4 cm[1].
Dans les cas d'infection grave, les tiges sont affaiblies au point d'infection, ce qui rend la plante-hôte sensible à la verse en fin de végétation. Dans ce cas, les plantes touchées ont tendance à se coucher de façon anarchique, dans toutes les directions, à la différence de la verse due à des orages qui tend à coucher toutes les plantes dans la même direction, avec une flexion de la base de la tige plutôt qu'une pliure nette[2].
Ce symptôme est associé au type W (Oculimacula yallundae).
Dans d'autres cas d'infection grave, les lésions bloquent le système vasculaire et perturbent l'approvisionnement de la plante en éléments nutritifs et en eau, ce qui entraîne une baisse de la qualité du grain et la formation d'« épis blancs » du fait d'une maturation précoce (échaudage des grains). Cela est associé au type R (Oculimacula acuformis)[3],[4].
La meilleure méthode de lutte contre le piétin-verse est la sélection de variétés résistantes. On connaît plusieurs gènes de résistance au piétin-verse. Le premier et le plus efficace, qui provient d'une espèce voisine diploïde, Triticum ventricosum (syn. Aegylops ventricosa, 2n=4x=28), est le gène Pch1, situé sur le chromosome 7DL. Ce gène a été transféré dans une lignée de blé tendre hexaploïde appelée VPM1, créée en France par croisement avec la variété 'Marne', lignée qui a servi ensuite à produire diverses variétés résistantes[6],[7].
La rotation des cultures est également un moyen efficace pour réduire l'expansion de la maladie, car les champignons responsables du piétin-verse vivent sur les résidus de la récolte précédente. L'alternance des cultures de blé avec d'autres cultures qui ne sont pas sensibles à la maladie, ainsi que le respect de périodes de jachère d'au moins un an sur la même parcelle, aide à diminuer l'importance de la maladie[8].
Le recours aux fongicides peut être efficace à court terme, mais n'est pas une solution à long terme car les agents pathogènes peut développer une résistance aux substances employées. L'application de produits chimiques est également coûteuse.
La maladie du piétin-verse est répandue dans les régions tempérées de climat frais et humide, où prédominent les semis de blé d'automne. On la rencontre notamment en Europe occidentale et orientale, en Amérique du Nord (États-Unis, Canada), au Chili[10], en Australie et en Nouvelle-Zélande ainsi qu'en Afrique du Sud[2],[11].
↑(en) Dipak K. Santra, Kim Kidwell et Kimberly Campbell, « Disease Resistance - Eyespot », Marker Assisted Selection in Wheat (MASWheat). (consulté le ).
↑(fr) A. Gallais et H. Bannerot, Amélioration des espèces végétales cultivées : objectifs et critères de sélection, Éditions Quae, coll. « Mieux comprendre », , 768 p. (ISBN978-2-7380-0383-6, ISSN1144-7605, lire en ligne), p. 31.
↑(en) Leroux P1, Gredt M, Remuson F, Micoud A, Walker AS, « Fungicide resistance status in French populations of the wheat eyespot fungi Oculimacula acuformis and Oculimacula yallundae », Pest Manag Sci., vol. 69, no 1, , p. 15-26 (DOI10.1002/ps.3408.).
↑(es) Orlando Andrade V., « Identificación de Pseudocercosporella herpotrichoides (Fron) Deighton, agente causal de la mancha ocular del trigo de la zona sur de Chile », Agricultura Técnica, vol. 63, no 4, (lire en ligne).
↑(en) « Eyespot », sur Wheat Doctor, CIMMYT (consulté le ).