Tristan L'Hermite est présenté à l'infante, qui « l'accueillit avec une bienveillance toute particulière, et lui accorda avec beaucoup de bonne grâce l'autorisation de faire sa Peinture[5] ». Ainsi, tout en préparant l'édition des Plaintes d'Acante à Anvers[6], le poète obtient l'accord de Rubens pour dessiner le Frontispice de son nouvel ouvrage[7]
Malheureusement, « la princesse mourut avant même que le poème fût achevé d'imprimer[8] ». Cet incident lui faisait perdre « une protectrice au moment même où il espérait recevoir les témoignages de sa bienveillance[6] ». Cependant, « le succès des poésies de Tristan fut grand ; il état favorisé d'ailleurs par le regret universel qu'avait laissé celle à qui elles étaient consacrées[9] ».
Texte
La Peinture de Son Altesse Sérénissime est une ode constituée de 46 douzains :
Mes yeux ne sauraient s'éblouir
À l'éclat d'une fausse gloire,
Dont les ans font s'évanouir
Les vanités et la mémoire.
Le seul lustre de la grandeur
Ne peut me mettre en bonne odeur
Ce qui n'a point de bonnes marques ;
Et, dans les vices enchaînés,
Je tiens que les princes mal nés,
Ces jouets du temps et des Parques,
Bien qu'ils passent pour des monarques,
Sont des esclaves couronnés[10].
Tantôt vous amassiez des fleurs
Au temps que le soleil les ouvre,
Après avoir séché les pleurs
Dont l'aurore au matin les couvre.
Lors, partout sur votre chemin,
L'œillet, la rose ou le jasmin
Faisaient l'honneur de leur empire.
Exhalant un parfum si doux,
Et s'inclinant à vos genoux
Avec la faveur du Zéphire,
Leur douce odeur semblait vous dire
Belle princesse cueillez-nous[11].
Publication
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La Peinture de Son Altesse Sérénissime, publiée en 1634, est intégrée dans le recueil des Vers héroïques en 1648[12], avec trois douzains de moins que l'édition originale[13].
Postérité
Éditions nouvelles
Le poème est réédité en 2002 dans le tome III des Œuvres complètes de Tristan L'Hermite[14].
Analyse
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La Peinture de Son Altesse Sérénissime est « fort édifiante : elle rappelle la description d'une amante (beauté éclairante, fille des nymphes et des Grâces) tout en dessinant les traits héroïques de la princesse (lignage hors norme, honneur, vertu, courage, double d'une guerrière et d'une chasseresse). Tristan prend alors plaisir à mélanger les deux univers[15] ».
Bibliographie
Éditions modernes
Jean-Pierre Chauveau et al., Tristan L'Hermite, Œuvres complètes (tome III) : Poésie II, Paris, Honoré Champion, coll. « Sources classiques » (no 42), , 736 p. (ISBN978-2-745-30607-4)
Ouvrages cités
Napoléon-Maurice Bernardin, Un Précurseur de Racine : Tristan L'Hermite, sieur du Solier (1601-1655), sa famille, sa vie, ses œuvres, Paris, Alphonse Picard, , XI-632 p.