Paul Boësnier de l'Orme, seigneur du Gué-la-Guette, né le à Blois et mort le dans la même ville, est un savant économiste français, se rattachant à l'école physiocrate. Il est également maire de Blois de 1769 à 1773.
Biographie
Jeunesse et études
Paul Boësnier de l'Orme est issu d'une famille protestante originaire de Hollande, où elle professait le luthéranisme, qui s'installa à Blois au XVIIe siècle[1] et qui embrassa le catholicisme après la révocation de l'édit de Nantes[2]. Petit-neveu de Claude Pajon, il est le fils de Pierre Boësnier (1685-1750), un riche négociant commissionnaire, et de Marie Hême.
Résignant ses charges au profit de son neveu Pierre-Paul Boësnier de l'Orme[8], il quitte Blois pour se consacrer entièrement à son goût pour l'étude, s'installe à Paris et réalise plusieurs voyages en Allemagne. Il avait publié un premier poème, Le Mexique conquis, poème en prose, en 1752[9],[10]. Fréquentant les salons savants et littéraires, élevé par Diderot et ami de d'Alembert, il est un habitué des salons du baron d'Holbach et de Mme Geoffrin, et des dîners politico-économiques du marquis de Mirabeau.
Sous l'influence de son neveu Alexandre Masson de Pezay et la consultation de Mme Geoffrin, appuyé par le marquis de Mirabeau et l'abbé Baudeau[11], Boesnier-Delorme est chargé par le prince Ignacy Jakub Massalski (qu'il avait rencontré dans les salons de Mme Geoffrin) de l'éducation de son neveu, le prince Xavier Massalski[12].
Au-delà de ses travaux économiques, Boësnier passe une grande partie de son temps à l'occupation de l'agriculture et agronomie dans les terres de son château du Gué-la-Guette à Fontaines-en-Sologne[13]. À sa mort, le domaine passe à sa nièce Anne Germon et son époux l'agronome Claude-Adrien de Gauvillier (ancien receveur général des domaines du roi et frère du général Jean-Marie Gaspard Gauvilliers), dont la fille épousera le baron Louis Asselin. Gauvilliers, qui deviendra maire, membre de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale et le premier président de la Société d'agriculture de Loir-et-Cher, poursuivra sur le domaine les améliorations entreprises par Boësnier[14].
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Dans son ouvrage principal, De l'Esprit du Gouvernement économique, publié à Paris en 1775 - plusieurs années après son écriture - et qui sera traduit en italien, Boësnier s'inscrit dans la pensée physiocrate, sans pour autant rejoindre les membres de l'école de Quesnay, lui valant des reproches de leur part. Il y défend l'agriculture comme source de toute richesse, le droit de propriété et l'inégalité des propriétés, la liberté de commerce et la libre concurrence, l'impôt unique sur la terre et l’avènement de l'ordre naturel.
Il y ébauche également la « théorie des débouchés » et définit l'« optimum économique ». Il se penche sur les questions de population. Voyant l'accroissement démographique non comme un but en soi, mais allant avec le développement agricole, il se montre plus pessimiste que ses condisciples, craignant plus qu'eux la surpopulation. Il juge qu'un accroissement de population doit aller de pair avec une certaine résignation vis-à-vis de biens de consommation moins indispensables, s'inspirant en cela de Richard Cantillon.
Pour des raisons économiques, il se montre défavorable au pacte colonial et pour l'indépendance des colonies.
Du rétablissement de l'impôt dans son ordre naturel, 1769 [16] ;
De l'Esprit du Gouvernement économique, Paris, 1775 (traduit en italien) (Gallica) ;
Considération sur les principes politiques de mon siècle, Londres, 1776 ;
Réflexion sur le bois et les moyens de procurer au Royaume un approvisionnement plus favorable de bois de chauffage et de construction et un produit plus considérable en argent, Blois, 1789 ;
Essai sur les principes de la morale naturelle, Blois, 1792.
Notes et références
↑La famille se divisa entre les branches des Boësnier de l'Orme, Boësnier de Clairvaux, Boësnier de Bardy, Boësnier du Portal, Boësnier de La Touche
↑Yves Babonaux, Philippe Berger, A. Hutter, Blois : la ville, les hommes, Association pour la protection du Vieux Blois et de ses environs, 1974
↑Mémoires de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, 1910
↑Alain Guerrier, « Le conseil municipal de Blois (1789-1799) », Mémoires de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, 1990
↑Pierre-Paul Boësnier de l'Orme (1742-1801), écuyer, qui sera également conseiller au Conseil supérieur de Blois et maire de Blois comme son oncle, puis conseiller général de Loir-et-Cher
↑Joyce G. Simpson , Le tasse et la littérature et l'art baroques en France, A. G. Nizet, 1962
↑Michel Delon, Pierre Malandain, Littérature française du XVIIIe siècle, 1996
↑Lucien Perey , Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle. La princesse Hélène de Ligne, 1888
↑Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires sur les règnes de Louis XV et Louis XVI et sur la Révolution, 1886 ; Ambroise Jobert, Magnats polonais et physiocrates francais. 1767-1774, 1941 et Lucien Perey, Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle: la Princesse Hélène de Ligne, 1887.
↑Mark Girouard, Life in the French country house, 2000
↑Bernard Heude, La Sologne: Des moutons, des landes et des hommes (XVIIIe siècle-Second Empire, Presses universitaires de Rennes, 2019.
↑Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires sur les règnes de Louis XV et Louis XVI et sur la Révolution, Ed. Plon, Nourrit et Cie, Paris, 1886
Analyse de l'ouvrage qui a pour titre "de l'Esprit du gouvernement Économique" fait par Gautier, Paris, Delalain, 1775.
Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires sur les règnes de Louis XV et Louis XVI et sur la Révolution, Ed. Plon, Nourrit et Cie, Paris 1886.
Bibliographie
Pierre Drouet d'Aubigny, La doctrine économique de Boesnier de l'Orme d'après son ouvrage, "De l'Esprit du Gouvernement économique", Paris, 1908.
Alfred Sauvy, « Deux techniciens précurseurs de Malthus, Boesnier de L'Orme et Auxiron » , Revue trimestrielle de l'Institut National des Études Démographies, 1955.
Gérard Klotz, Politique et économie au temps des Lumières, Saint-Étienne, Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1995.
Adolphe Blanqui, Histoire de l'économie politique en Europe depuis les Anciens jusqu'à nos jours, 1845.
Charles Brainne, J. Debarbouiller, Charles Ferdinand Lapierre, Les Hommes illustres de l'Orléanais: biographie générale des trois départements du Loiret, d'Eure-et-Loir et de Loir-et-Cher, Volume 2, 1852.
Jean-Fabien Spitz, L'amour de l'égalité: essai sur la critique de l'égalitarisme républicain en France, 1770-1830, 2000.
Édouard Bruley, René Crozet, C. Sibertin-Blanc, Visages de l'Orléanais, 1951.
Blois, la ville, les hommes, Association pour la protection du vieux Blois et de ses environs, 1974.
Georges Weulersse, La physiocratie sous les ministères de Turgot et de Necker, 1774-1781, 1950 (préface de Paul Mantoux).
P. W. Bamford, Privilege and Profit: A Business Family in Eighteenth-Century France. University of Pennsylvania Press, 1988.
Jeannine Labussière, Grands notables du Premier Empire: notices de biographie sociale. Loir-et-Cher, Indre-et-Loire. Loire-inférieure, Guy Chaussinand-Nogaret et Louis Bergeron (dir.), Paris, CNRS, 1982, p. 10-12 (Boesnier-Bardy, Isaac-Louis)