Paul Boudet (homme politique)

Paul Boudet est un homme politique français né à Laval le et mort à Paris le .

Biographie

Issu de la famille Boudet, originaire du Nord mais fixée à Caussade (Tarn-et-Garonne) dès le XVIe siècle, fils du baron Étienne Boudet, maire de Laval, conseiller général et député de la Mayenne, Paul Boudet, fut reçu avocat et, après avoir été stagiaire dans le cabinet de Dupin aîné, il se fit inscrire au barreau de Paris en 1821. Avec l'ardeur d'un caractère emporté, il ne tarda pas à manifester ses sentiments libéraux et anticléricaux. Protestant et franc-maçon, il fit partie de la Charbonnerie sous la Restauration. Il laissait la plus grande liberté religieuse aux siens. Mme Boudet, née Marie-Antoinette Fourchon, était une catholique fervente et ses filles furent élevées dans la religion de leur mère.

Sous la monarchie de Juillet

Il adhéra avec enthousiasme à la monarchie de Juillet et fut élu, le , député par le 1er collège électoral de la Mayenne (Laval) (97 voix sur 153 votants et 311 inscrits contre 56 à M. Sourdille de Lavalette), en remplacement de Prosper Delauney, démissionnaire. Il échoua aux Élections législatives de 1834 suivant (54 voix contre 114 à Jean-Baptiste Bidault de Frétigné, ancien député), mais fut élu, le 2 septembre de la même année, dans le 2e collège de la Mayenne (52 voix sur 87 votants et 235 inscrits contre 35 à M. Davivier), en remplacement de Maurice Ollivier, démissionnaire. Il fut réélu aux Élections législatives de 1837 (110 voix sur 155 votants et 283 inscrits) et aux Élections législatives de 1839.

Le , Jean-Baptiste Teste le nomma secrétaire général du ministère de la Justice (1839-1840) et conseiller d'État. De ce fait, il fut soumis à réélection et ses électeurs lui renouvelèrent leur confiance le 29 juin suivant. Il demeura secrétaire général du ministère de la Justice jusqu'à la chute du ministère Thiers le .

Sous le Gouvernement Jean-de-Dieu Soult, il entra dans l'opposition et vota constamment avec le centre gauche. Il fut réélu comme député aux Élections législatives de 1842 (145 voix sur 167 votants et 327 inscrits contre 14 à Jules Bernard-Dutreil) et vota contre l'indemnité Pritchard, demandée par Guizot (1843). Son mandat lui fut renouvelé aux Élections législatives de 1846 (180 voix sur 193 votants et 335 inscrits). Il parut alors se rapprocher de la droite, restant dans l'opposition, mais de manière plus modérée qu'auparavant.

Pendant cette période, il établit deux rapports relatifs à la demande en autorisation de poursuites contre Émile de Girardin, et à une réduction de 10 000 francs sur la somme des fonds secrets votée par la loi de 1845, et cela, afin de faire échec au ministère. Après l'arrestation de Mme d'Hauteville et les perquisitions faites à son Château de Hauteville en juillet 1847, il monta à la tribune de l'Assemblée Nationale pour dénoncer les menées légitimistes dans les arrondissements de Laval et de Mayenne[1].

Sous la Deuxième République

Lorsque la Deuxième République supprima le Conseil d'État, il se fit élire à l'Assemblée constituante lors des Élections législatives de 1848 dans la Mayenne (8e sur 9 par 39.966 voix sur 93.437 votants et 105.259 inscrits) et vota généralement avec la droite : pour le rétablissement du cautionnement des journaux, contre le droit au travail, contre le bicamérisme, contre l'amendement Grévy, pour le remplacement militaire, pour la proposition Rateau, contre la diminution de l'impôt du sel, pour la suppression des clubs.

Lors de l'Élection présidentielle française de 1848, il se prononça pour le général Eugène Cavaignac et appuya sa candidature dans la Mayenne[2]. Après cette élection, il se rallia à la politique du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte. Rentré au Conseil d'État, le 18 avril 1849, il vota cependant avec la minorité de ce conseil contre le Coup d'État du 2 décembre 1851.

Sous le Second Empire

Il fut maintenu au Conseil d'Etat après le coup d'État du 2 décembre 1851 par décret du . Le , il soutint devant le Corps législatif, comme conseiller d'État, le projet de loi relatif aux interdictions de séjour dans le département de la Seine et à Lyon. Protégé de Billault, il devint président de la section du contentieux le .

Napoléon III le nomma ministre de l'Intérieur, le en remplacement de Victor de Persigny. Il se signala par le zèle avec lequel il fit appliquer les mesures restreignant la liberté de la presse.

Nommé sénateur le , le jour même où il était écarté du ministère par Rouher au profit de Charles de La Valette, il fut ensuite nommé aux fonctions de secrétaire () puis de premier vice-président () du Sénat.

Il prit sa retraite comme ministre le et quitta la vie publique après la chute du Second Empire. Il avait été fait successivement chevalier de la Légion d'honneur (), officier (), grand-officier () et grand-croix ().

Il est élu aux Élections cantonales de 1842 dans la Mayenne, et fait partie du conseil général de la Mayenne dont il est plusieurs fois président. A toutes ces dignités, il joignait celle de membre du conseil central des églises réformées de France, à laquelle il fut nommé le 25 mars 1852.

La chute du Second Empire

A la chute du Second Empire, il quitte le sénat, où il avait fait partie du petit nombre de ses membres qui votèrent contre la Guerre franco-allemande de 1870. Aux Élections cantonales de 1871, il échoua malgré son adhésion à la République.

Il est élu aux élections cantonales de 1874, à la suite du décès de son beau-frère Prosper Gasté, dans le Canton du Horps qu'il représentait au conseil général. Il est aussi conseiller municipal de Louverné, après une carrière politique majeure. Il échoue aux Élections sénatoriales de 1876.

Postérité

Son portrait a été peint par Jean-Adolphe Lafosse en 1866. Le quai Paul-Boudet à Laval (du Vieux Pont au pont d’Avesnières) a été construit à la suite de la crue de 1863. Le conseil municipal d’alors demanda l’établissement d’une digue insubmersible.

Distinctions

Galerie

Références

  1. Pressé par Théodore de Quatrebarbes de citer un fait, il répondit en disant qu'il n'était pas pourvoyeur des tribunaux. Cette accusation fut l'occasion d'une polémique violente menée contre lui par Charles-François-Xavier Müller dans le journal l'Indépendant. Il s'ensuivit un procès, terminé par la condamnation de Charles-François-Xavier Müller à trois mois de prison, 1 500 francs d'amende et 5 000 francs de dommages et intérêts au profit de Paul Boudet, qui donna cette somme pour la fondation de l'école des sœurs de Louverné, où il avait sa maison de campagne.
  2. Dans une réunion publique tenue à Laval quelques jours avant les élections, il terminait son discours par ces paroles : « Ou le général ou la guerre civile ».

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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