Napoléon Legendre (né le à Nicolet - décédé le à Québec) est un écrivain, un avocat et un fonctionnaire canadien.
Biographie
Napoléon Legendre nait à Nicolet le [1] de l'union de François Legendre, seigneur de Saint-François, et de Marie Renée Turcotte[2]. Il fait ses études chez les Frères de la doctrine chrétienne de Lévis puis au collège Sainte-Marie de Montréal[3]. Après avoir complété des études en droit, il entre au barreau, en 1865[2]. En 1867, il épouse Marie-Louise Dupré[4]. À partir de 1876, et ce jusqu'à sa mort, il occupe le poste de greffier des journaux français au Conseil législatif du Québec[5].
Il est le grand'père de l'archevêque de Québec et cardinal Maurice Roy (1905-1985).
Homme de lettres
En parallèle à sa profession, il porte un intérêt marqué pour la littérature et le journalisme[3]. Entre 1870 et 1871, il publie une série de textes intitulée Chroniques de Québec dans le journal L'Événement[6]. En 1877, Napoléon Legendre fait paraitre ces mêmes chroniques dans son recueil en deux volumes Échos de Québec[6],[7]. De 1873 à 1875, il collabore au Journalde l'Instruction publique à titre d'assistant rédacteur[3]. Il y publie des courtes histoires éducatives qu'il rassemblera en 1875 dans l'ouvrage À mes enfants[3]. Au début des années 1890, il collabore à la revue Canada Artistique éditée par Aristide Filiatreault[8]. Durant sa vie, il s'adonne ainsi au journalisme amateur en faisant paraitre des chroniques dans divers périodiques, dont L'Électeur, Le Soleil, et L'Opinion publique[9],[3].
En 1884, Napoléon Legendre prononça un discours devant la Société Royale du Canada à Ottawa intitulé « Les races indigènes de l’Amérique devant l’histoire ». Dans ce discours, il mettait en question, semble-t-il pour la première fois de façon publique au Canada, l’opinion négative que se faisaient traditionnellement les canadiens sur les Premières Nations d’Amérindiens (appelés communément au Québec "sauvages" ou "indiens"). Dans ce discours, il soulignait entre autres points que le reproche de cruauté envers ceux que les canadiens qualifiaient de « Sauvages » devait être nuancé par l’accueil pacifique que les Amérindiens avaient accordé aux premiers immigrants européens, et par le fait que les Amérindiens se virent progressivement dépouillés par les immigrants européens de leurs terres et de leurs modes de vie. Il y soulignait aussi que les européens sont mal placés pour critiquer les éventuels actes de cruauté d’autres peuples alors qu’ils ont eux-mêmes commis des massacres massifs et systématiques, comme, entre autres, lors de leurs guerres de religion (Massacre de la Saint-Barthélemy en France, Inquisition en Espagne…etc.).
Il concluait en disant que « …Elles (les Nations amérindiennes) pouvaient avoir des défauts, mais elles avaient en leur faveur le droit et la raison. Si nous n’avons pas su leur rendre justice pendant leur existence, rétablissons au moins aujourd’hui la vérité des faits pour rendre justice à leur mémoire… » (Napoléon Legendre, « Les races indigènes de l’Amérique devant l’histoire », Mémoires de la Société Royale du Canada, section I, I (1884), p. 25 [14])
Malgré cette intervention de Napoléon Legendre, la perception généralement négative des Amérindiens au Canada, et la négation de leurs droits historiques et présents, se maintiendra encore pendant plus d’un demi-siècle. Ce n’est que vers le milieu du XXe siècle que des écrivains québécois tels que Léo-Paul Desrosiers et Philippe Panneton (connu sous le nom de ‘Ringuet’) et le botaniste et ethnologue québécois Jacques Rousseau (botaniste) suivront l’exemple de Napoléon Legendre et mettront en valeur les points de vue des Amérindiens sur la colonisation du Canada par les européens .
Fin de vie
Napoléon Legendre décède d'un crise d’apoplexie le à Québec[2].
1912 : La Ville de Montréal nomme une rue en son honneur[11].
Notes et références
↑Joseph-Elzéar Bellemare et Joseph-Simon-Hermann Brunault, Histoire de Nicolet, 1669-1924, Arthabaska, Imp. d'Arthabaska, inc., , 410 p. (lire en ligne), p. 86
↑ ab et c« Lettre canadienne », La Presse, , p. 14 (lire en ligne)
↑« Napoléon Legendre - deuil pour les lettres canadiennes », Le Soleil, , p. 10 (lire en ligne)
↑Réginald Hamel, John Hare et Paul Wyczynsk, Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, Fides, (lire en ligne)
↑ a et bKenneth Landry, « L’essai ou la prose d’idées au Québec avant le XXe siècle : Un survol », Québec français, no 143, , p. 47–49 (ISSN0316-2052 et 1923-5119, lire en ligne, consulté le )
↑Camille Roy, Tableau de l'histoire de la littérature canadienne française, Québec : Action sociale, (lire en ligne), p. 64
↑Sœurs de Sainte-Anne, Précis d'histoire des littératures française, canadienne-française, étrangères et anciennes, Lachine, Procure des missions des sœurs de Sainte-Anne, , 544 p. (lire en ligne), p. 235
↑(en) Lorne Pierce, An Outline of Canadian literature (French and English), Montréal, Louis Carrier & Co at the Mercury, , 251 p. (lire en ligne), p. 127
↑Jaenen, Cornélius, « Smith, donald b., le « sauvage » pendant la période héroïque de la nouvelle-france (1534-1633) d’après les historiens canadiens-français des xixe et… », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 34, no 3, , p. 459–460 (ISSN1492-1383, DOIhttps://doi.org/10.7202/303892ar, lire en ligne, consulté le ).
↑La liste des ouvrages publiés est tirée de ces publications : Yvan Mornard, Inventaire des écrivains du Québec par année de naissance avec leur bibliographie (guide du collectionneur), Montréal, Mornard, Yvan, (lire en ligne), p. 1841et Soeurs de Sainte-Anne, Précis d'histoire des littératures française, canadienne-française, étrangères et anciennes, Lachine, Procure des missions des soeurs de Sainte-Anne, , 544 p. (lire en ligne), p. 235
↑Académie des muses santones, Poésies, vol. 7, Royan, (lire en ligne), p. 320