Le Bazar de la Charité est une vente de bienfaisance organisée à partir de 1885 à Paris par le financier Henri Blount et présidée par le baron de Mackau[1]. Il s'agissait de vendre des objets — objets d’arts, bibelots, tableaux, bijoux, livres et toutes pièces provenant de dons[2] — au profit des pauvres. L'histoire de cette manifestation mondaine a été marquée par la catastrophe du , due à un incendie causé par la combustion des vapeurs de l'éther utilisé pour alimenter la lampe d'un projecteur de cinéma[3]. Il en résulta en effet le décès de plus de cent vingt personnes, pour la plupart des femmes de la haute société parisienne, parmi lesquelles Sophie-Charlotte, duchesse d'Alençon (sœur de l'impératrice « Sissi »), la peintre et céramiste Camille Moreau-Nélaton et Madame de Valence et ses deux filles.
Le 8 mai 1897, un service funéraire a lieu en la cathédrale Notre-Dame de Paris en présence du président de la République Félix Faure et du gouvernement. Peu de temps après l'incendie, le terrain de la rue Jean-Goujon sera racheté à Michel Heine par le baron de Mackau[4]. Une souscription est lancée, à l'initiative du cardinal Richard, archevêque de Paris, pour acheter le terrain où avait eu lieu l'incendie, afin d’y construire une chapelle commémorative. Celle-ci sera édifiée par l’architecte Albert Guilbert. La première pierre est posée le 4 mai 1898, et la Chapelle Notre-Dame-de-Consolation est inaugurée le 4 mai 1900 sous l’égide du cardinal Richard[5].
Comme elle l'avait fait pour les victimes de la catastrophe de l'Opéra-Comique, la Ville de Paris concède un terrain pour l'inhumation des victimes non reconnues de l'incendie du Bazar de la Charité et alloue 1900 francs pour la construction du monument. La délibération du conseil municipal approuvée par arrêté préfectoral du 28 février 1899 octroie gratuitement une concession perpétuelle. La Ville de Paris se charge d'élever et d'entretenir un monument aux victimes non reconnues de l'incendie. Trois ou quatre corps non identifiés sont déposés dans le caveau en juillet 1899[6],[7],[8]. Les corps non identifiés qui reposent dans le caveau seraient ceux de
Marie-Gabrielle-Camille Chabod, Claire Dalloyau et Berthile-Suzanne Delphieu.
Caractéristiques
Le caveau est surmonté d'un monument exécuté d'après les dessins de l'architecte Jean-Camille Formigé[9]. Le monument très simple en pierre d'Euville mesure 1,20 mètre de long et 2 mètres de large. Il est composé « d'un sarcophage posé sur un socle, en forme de demi-colonne engagé dans un piédestal »[10]. La face antérieure comporte l'inscription précisant la destination de l'édifice :
« Aux victimes non reconnues de l'incendie du Bazar de la Charité 4 mai 1897 la Ville de Paris »
Localisation
Le monument est situé dans la 92e division du cimetière du Père-Lachaise, sur le chemin d'intersection situé au centre de la division, au niveau de la 7e tombe depuis l'avenue transversale n°3[11].
Autres sépultures au Père-Lachaise
En plus du caveau de la ville de Paris, une quarantaine de victimes reposent au Père-Lachaise[12].
Nom
Division
Illustration
Marie-Adèle Sabatier
67
Elise-Christiane Meilhac
61
Marguerite-Jacqueline-Yvonne de Valence de Minardière
44
Marie-Antoinette-Margueritte de Valence de Minardière
44
Hélène-Camille-Marguerite Bernard-Dutreil
41
Charles-Victor Potdevin
61
Louis-Ernest Rochet
53
Marie-Thérèse Simon
65
Marie-Agnès de Gossellin
61
Marie-Gabrielle-Camille Chabod
Berthe-Joséphine Rabery
52
Hélène-Zoé-Eudoxie Guérard
65
Madeleine-Opportune Hauducoeur
9
Marie-Anne-Jeanne Le Royer de la Tournerie
22
Léonie-Désirée Guillemain
67
Geneviève-Blanche Grossier
95
Marie-Augustine Glandaz
Mathilde-Betty de Weisweiller
7
Giovannina-Marguerite-Pauline Peretti
82
Thérèse-Jeanne-Marie Donon
36
Jeanne-Augustine-Louise Frémyn
42
Jeanne-Marie-Christine Carteron
41
Marie-Anaïs Gillet
31
Joséphine-Catherine Saintin
49
Marie-Angélique-Appoline de Marbot
44
Cécile-Marie-Françoise Jullian
70
Flore-Opportune Damiens dit Fortin
9
Marie-Adélaïde Roubaud
50
Marie-Julia de Villiers de la Noue
49
Lydie-Jeanne-Camille Panon Desbassayns de Richemont
↑Gustave Guiches, Le spectacle, trois étapes du théatre et de la vie parisienne de 1887 à 1914, Spes, , p. 136.
↑« Le bazar de la Charité. Suivant acte reçu par MM. Meignen et Bertrand, notaires à Paris, le 6 août dernier, M. Michel Heine, M. Achille Fould, député, et Mme Achille Fould, née Heine, ont vendu à la Société civile immobilière de la rue Jean-Goujon représentée par le baron de Mackau, un terrain rue Jean-Goujon, no 23 présumé, d'une contenance de 800 mètres, moyennant le prix de 400 000 fr ». Journal des débats politiques et littéraires, 4 octobre 1897, p. 2, col. 6, « Nouvelles diverses ». – sur Gallica.
↑Philippe Krief, Paris en histoires, C. Massin, , p. 45.
↑Henry Jouin, « Monuments ou statues érigés par l'État, par la ville ou à l'aide de souscriptions et sépultures historiques entretenues par la ville dans les cimetières de Paris », Inventaire général des richesses d'art de la France, vol. 3, , p. 274 (lire en ligne)
↑Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 63