Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » ().
La mission militaire française au Japon de 1872–1880, deuxième mission militaire française dans ce pays, succède à la mission militaire française au Japon (1867-1868) qui se termine avec la guerre de Boshin et l'établissement du règne de l'empereur Meiji.
Contexte
L'envoi de cette deuxième mission militaire française au Japon est assez inattendue puisque la première mission militaire s'est rangée au côté du shogunTokugawa Yoshinobu contre le gouvernement en place de l'empereur Meiji lors de la guerre de Boshin. Qui plus est, la France a quelque peu perdu de son prestige militaire à la suite de la défaite à l'issue de la guerre franco-allemande de 1870.
Néanmoins, la France conserve encore un certain attrait pour le Japon. Cette opinion est exprimée par le ministre japonais des Affaires étrangères Iwakura Tomomi lors de sa visite (mission Iwakura) en France en 1873 :
« Le ministre des Affaires étrangères du Mikado [Iwakura] disait à notre représentant après notre lutte fatale contre l'Allemagne : “Nous connaissons les malheurs que la guerre a infligés à la France, mais cela n'a changé en rien notre opinion sur les mérites de l'armée française, qui a montré un tant de bravoure contre des troupes supérieures en nombre” »
— Revue des Deux Mondes (Mars - Avril 1873). «Le Japon depuis l’Abolition du Taïcounat»[1]
La Mission
La mission arrive au Japon en , menée par le lieutenant colonel Charles Antoine Marquerie (1824–1894). Il est plus tard remplacé par le colonel Charles Claude Munier.
La mission est composée de neuf officiers, 14 sous-officiers, un chef de musique (Gustave Désiré Dragon), un vétérinaire et deux artisans. La mission comprend un célèbre membre, Louis Kreitmann (1851-1914), ingénieur de l'armée et capitaine (« Capitaine du Génie »). Louis Kreitmann, qui deviendra directeur de la prestigieuse École polytechnique, prend environ 500 photographies qui sont à présent conservées à l'Institut des Hautes Études Japonaises au Collège de France à Paris.
Les membres de la mission sont embauchés avec des contrats triennaux et des salaires mensuels de 150 à 400 yens (à titre de comparaison, à l'époque le salaire du Premier ministre japonais est de 500 yens, et un enseignant fraîchement diplômé reçoit 5 yen par mois).
La marine française et le gouvernement français envoient le capitaine de vaisseau Henri Rieunier en mission diplomatique de trente deux mois, de 1875 à 1878, dans l'Extrême-Orient à bord du croiseur le Laclocheterie principalement au Japon. L'amiral Henri Rieunier aura des entretiens avec le Mikado et fera partie de l'escorte du navire de sa majesté l'empereur le Takawo-Maru de Yokohama à Kobé. Il aura des entretiens avec les principaux dignitaires du régime et avec l'ancien et dernier shogun. Il rapportera de sa mission un grand nombre de photographies des personnages et ministres rencontrés dont plusieurs du mikado dont l'une porte la dédicace de la main de l'empereur du Japon, toutes sont inédites, à haute portée historique, et uniques au monde.
Activités
La tâche de la mission est d'aider à réorganiser l'armée impériale japonaise et d'établir la première conscription promulguée en . La loi établit le service militaire pour tous les hommes, pour une durée de trois ans, avec quatre années supplémentaires dans la réserve.
La mission française a été principalement à l'école militaire d'Ueno pour les sous-officiers. Entre 1872 à 1880, diverses écoles et établissements militaires ont été mis en place sous la direction de la mission, dont :
Création de la Gakko Toyama, première école pour former et éduquer officiers et sous-officiers.
Une école de tir, utilisant des fusils français.
Un arsenal de fabrication d'armes et de munitions équipé de machines françaises, qui emploie 2 500 travailleurs
Des batteries d'artillerie dans la banlieue de Tokyo.
Entre 1874 et la fin de son mandat, la mission est chargée de la construction des défenses côtières du Japon.
La mission se déroule dans le contexte d'une situation interne tendue au Japon, avec la révolte de Saigō Takamori lors de la rébellion de Satsuma et contribue de manière significative à la modernisation des forces impériales avant le conflit.
Certains membres de la mission essayent également d'apprendre les arts martiaux japonais : Villaret et Kiehl sont membres du dojo de Sakakibara Kenkichi, un maître du Kage Ryu Jikishin, une forme d'escrime (kenjutsu), faisant d'eux les premiers étudiants occidentaux des arts martiaux japonais[2].
Vers cette époque, cependant, la France acquiert une influence considérable sur la marine impériale japonaise, avec l'envoi de l'ingénieur Louis-Émile Bertin qui dirige la conception et la construction de la première grande marine moderne du Japon à partir de 1886.
L'amiral Henri Rieunier est envoyé, en mission diplomatique par le gouvernement de la France, au Japon de 1885 à 1887 à bord du cuirassé le "Turenne", le seul officier général sur le sol nippon, il aura de nombreux entretiens avec notamment le ministre de la guerre, le maréchal Ivao Oyama, et les ministres des affaires étrangères le comte Kaoru Inouyé et celui de la marine le vice-amiral comte Kawamura, il aura avec l'empereur du Japon, des audiences privées.
Quelques autres membres de la mission
Armand Pierre André Echemann ( - ). Capitaine d'infanterie (exercices militaires, tir, entraînement physique et théorie).
Joseph Auguste Cros ( – ). Sous-lieutenant d'infanterie (exercices militaires, tir, entraînement physique et théorie).
François Joseph Ducros ( ? – ). Sergent d'infanterie (enseignement en éducation physique).
↑Shin-ichi Ichikawa, « La Mission Iwakura (1871 - 1873) et la France : ce que virent en Europe les Japonais de l’époque Meiji », Bulletin of the Institute for Mediterranean Studies, Shinjuku, Tokyo, Institute for Mediterranean Studies, Waseda University, no 4, (ISSN1348-2076, lire en ligne [PDF], consulté le )
↑Meiji Budo-shi ("A History of Budo in the Meiji Period") Watanabe Ichiro, 1971
Hervé Bernard, La vie d'un grand marin - l'amiral Henri Rieunier (1833-1918, la revue des Amis du Musée de la Marine, à Paris - Neptunia n° 235, .
Hervé Bernard, Visite historique d'un bâtiment de la marine française dans le petit royaume tropical japonais des îles Ryükyü en , la revue des Amis du Musée de la Marine, à Paris - Neptunia no 260 de
(fr + ja) Nicolas Fiévé, Sekiko Matsuzaki-Petimengin (Dir.), Collection Louis Kreitmann. L'aube du Japon moderne vue par un officier français au cours des années 1876–1878 (フランス士官が見た近代日本のあけぼの―ルイ・クレットマン・コレクション?), Institut des Hautes Études Japonaises du Collège de France/Équipe, Civilisation japonaise du CNRS/Nihon Toshokan Kyōkai, Tokyo, IRD, 2005 (ISBN4-901061-10-0)
Christian Polak, Soie et lumières: L'âge d'or des échanges franco-japonais (des origines aux années 1950), Chambre de Commerce et d'Industrie Française du Japon, Hachette Fujin Gahōsha, Tokyo, 2001
(ja) Kinu to hikariō: shirarezaru Nichi-Futsu kōryū 100-nen no rekishi (Edo jidai-1950-nendai)(絹と光: 知られざる日仏交流100年の歴史 (江戶時代-1950年代)?) Hachette Fujin Gahōsha, Tokyo, 2002 (ISBN978-4-573-06210-8) (OCLC50875162)
Akira Nishibori, Chronologie des Relations Cultures Entre la France et le Japon, 1549–1949, 1984
Christian Polack, « Étienne de Villaret » in VU! magazine
(en) Akira Nishibori, Japan's Intercourse with France in the Early Stage, 1984
(ja) Ichiro Watanabe, Meiji Budo Shi, 1971
(ja) Rikugun Kyoiku-shi, 1913
(ja) Hideaki Kinoshita, « Rikugun Toyama Gakko no Taiiku » in OLYMPIC vol. et vol. ,
(ja) Hideaki Kinoshita, Rekishi kara mita Toyama Kakko [sic] no Kyokan Kyosei, 1979
(ja) Hideaki Kinoshita, « Shitamonshi no Shiryokachi » in Tsuite no Kento, 1978