Le massif des Albères (en catalan : serra de l'Albera ou massís de l'Albera, en espagnol : sierra de la Albera) est un massif de montagnes qui constitue la partie la plus orientale des Pyrénées.
Toponymie
L'étymologie du mot « Albères » est problématique, par manque de documents anciens (les premiers sont datés du IXe siècle) et par le fait que plusieurs racines très fréquentes semblent correspondre à ce nom[1].
Une première hypothèse est qu'il soit issu du latinAlbaria par adjonction du suffixe collectif -aria à l'adjectif albus, qui signifie « blanc », mais cette explication n'est pas satisfaisante, car le massif n'est pas de couleur blanche : rarement enneigé, il ne montrait sans doute pas, au Moyen Âge, de roches blanches, car il était couvert de forêts. Il pourrait aussi provenir de alba, l'aube, car il est le plus oriental des Pyrénées, ou encore de la racine pré-latine Alp qui se trouve dans de nombreux noms de montagnes en Europe occidentale[2].
Lluis Basseda penche pour la dernière hypothèse : la racine Alp suivie soit du collectif latin -aria ou du suffixe ibéro-basque -erri. Le terme Albera désignerait une montagne escarpée, haute mais riche en pâturage, à opposer à Corbera, utilisé pour un relief arrondi, moins élevé et couvert de buissons qu'on retrouve dans la région dans des noms comme la commune Corbère-les-Cabanes ou le massif des Corbières[1]. Cette hypothèse correspond à la disposition des lieux concernés.
Le nom apparaît pour la première fois, en latin, en 844 dans un texte du futur empereur Charles le Chauve qui mentionne un lieu situé in monte Albario. Le terme se retrouve indifféremment au singulier ou au pluriel au cours du Moyen Âge. Il finit par être fixé au singulier en catalan sous la forme Albera et au pluriel en français[2]. Ainsi, en français, l'expression « les Albères » désigne le massif, alors que L'Albère est le nom d'une commune française située dans ce massif.
Géographie
Topographie
Le massif des Albères est délimité à l'ouest par le col du Perthus et la rivière de Rome, qui le séparent du massif des Salines[4], à l'est par la mer Méditerranée entre Argelès-sur-Mer en France et Portbou et Llançà en Espagne. Les Albères dominent la basse vallée du Tech et la plaine du Roussillon au nord et la plaine de l'Empordà au sud. Les montagnes de la rive droite du Tech, à l'ouest, la délimitation est incertaine et presque impossible à déterminer. Au sud, le massif du cap de Creus, est parfois considéré comme faisant partie des Albères[5]. Il culmine à 1 256 mètres d'altitude au puig Neulós.
L'arête sommitale des Albères permet de délimiter la frontière entre la France et l'Espagne. Ainsi, le massif fait géographiquement partie des Pyrénées. Administrativement, il se trouve dans le département des Pyrénées-Orientales en France, et dans la province de Gérone en Catalogne (Espagne).
Le puig Neulós, vu depuis le coll de l'Aranyó (899 m). Au loin, sous la neige : le massif du Canigou.
Sur l'arête sommitale des Albères entre le puig dels Quatre Termes et le puig de Sallfort.
Le massif des Albères, côté sud, province de Gérone en Catalogne (Espagne). En bas, au centre : le château de Requesens.
Géologie
Le massif des Albères se trouve à l'extrémité orientale de la zone axiale de la chaîne de montagnes des Pyrénées. Cette zone est principalement constituée de formations paléozoïques et plus anciennes (datant d'environ 550 Ma à environ 300 Ma) qui affleurent dans une large ceinture allant de l'ouest vers l'est, des Hautes-Pyrénées au massif du Canigou et à la Côte Vermeille, en passant par l'Andorre[6].
Dans le massif des Albères, les deux principaux groupes de formations sont les formations métamorphisées d'origine sédimentaire (notamment les schistes), et les formations d'origine plutonique (principalement granites et gneiss)[7].
Sur son versant nord, la faille des Albères (qui s'étend approximativement d'ouest en est depuis les environs du Boulou jusqu'aux environs d'Argelès) marque une limite géologique et topographique nette entre les formations paléozoïques et plus anciennes du massif des Albères et les dépôts néogènes du bassin de Roussillon[8].
De souche géologique principalement siliceuse, ce massif produit des sols acides ; d'où la présence de maquis et non de garrigues (présentes sur sols calcaires).
Gneiss dans le lit de la Massane un peu en amont du hameau de La Vall[9].
La crête de la tour Madeloc (« grès de la Tour Madeloc [...] d'affinité volcanosédimentaire » - Édiacarien)[10].
Climat
Le climat méditerranéen se traduit par une végétation dominante de chêne-liège et de maquis. En altitude, la forêt de hêtre s'est maintenue. Des mesures de protection ont été mises en œuvre pour ce massif avec notamment une réserve naturelle pour la forêt de la Massane.
Histoire
Préhistoire
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Antiquité et haut Moyen Âge
Les Albères ont été un point de passage vers la péninsule ibérique depuis l'Antiquité, comme l'attestent les vestiges romains de la Via Domitia et les ruines du col de Panissars.
Les Espagnols y furent vaincus par Dugommier les 27 et [12].
Activités
Patrimoine culturel et touristique
Les Albères possèdent un patrimoine non dénué d'intérêt. Outre la beauté des paysages, l'Histoire a laissé de nombreuses traces, allant de la Préhistoire à aujourd'hui.
la tour Madeloc et la tour de la Massane (anciennes tours à signaux du XIIIe siècle) offrent toutes deux un remarquable point de vue sur la plaine littorale et la côte ;
le château d'Ultrera, dont les ruines remontent pour partie à l'Antiquité.
Les monuments religieux :
le massif abrite plusieurs constructions religieuses remontant pour la plupart à l'époque préromane, ce qui les rend très intéressantes des points de vue archéologique et historique ;
↑André Suchet, « Le massif des Albères entre avant-pays et arrière-pays : précisions géographiques », Cahiers de la Rome, AsPaVaRom, Association pour le Patrimoine de la Vallée de la Rome, no 28, , p. 20-31
↑M. Padel, S. Clausen, J.J. Álvaro, J.M. Casas, « Review of the Ediacaran-Lower Ordovician (pre-Sardic) stratigraphic framework of the Eastern Pyrenees, southwestern Europe », Geologica Acta, Vol. 16, no 4, décembre 2018, pages 339-355 {{DOI: 10.1344/GeologicaActa2018.16.4.1}} (Figure 1).
↑Marc Calvet, Magali Delmas, Yanni Gunnell, Bernard Laumonier, Geology and Landscapes of the Eastern Pyrenees, Springer International Publishing, Édition du Kindle, 2022, pages 314-333.
↑Les roches qui affleurent dans et au-dessus du lit de la rivière près de La Vall sont bien connues des géologues pour leurs remarquables formations gneissiques, et pour plusieurs veines minéralisées "exceptionnelles" d'origine magmatique. Ces derniers ont été injectés dans le gneiss environnant lors de l'orogenèse hercynienne, il y a environ 300 millions d'années. On trouve dans ces filons des minéraux tels que almandin, béryl et colombo-tantalite. Voir : Élisabeth Le Goff, Marc Calvet, Anne-Marie Moigne, Curiosités géologiques des Pyrénées-Orientales, Orléans, BRGM Éditions, 2018 (ISBN978-2-7159-2660-8), site 20, « Le champ filonien du Val de la Massane », pages 94-95. Voir aussi : Lavail (La Vall) sur www.mindat.org.