Fruits et légumes / produits carnés / produits laitiers et gastronomie / produits de la mer et d'eau douce / horticultures et décorations / bureaux, entrepôts et services
Il constitue le marché central de Paris, destiné à alimenter les professionnels de toute la région Île-de-France. C'est aussi le plus grand marché de produits agricoles au monde.
Historique
Le marché de gros approvisionnant Paris était auparavant situé dans le centre de la ville, dans les anciennes halles centrales construites par Baltard. Après la Seconde Guerre mondiale, avec la forte croissance économique des Trente Glorieuses, la population francilienne augmente considérablement, et la demande se diversifie. Les halles Baltard voient ainsi croître leur activité au point de devenir trop exiguës, mais leur emplacement au cœur de la capitale ne permet pas d'envisager une extension et pose des problèmes d'accès.
Le , les pouvoirs publics décident de créer une chaîne de marchés d'intérêt national (MIN) dans plusieurs grandes villes de France, dont Paris doit faire partie.
Il reste alors à choisir un site en région parisienne. En raison du point de rencontre que doit représenter le marché aussi bien pour les marchandises, que pour les vendeurs, les acheteurs et les moyens d'informations, le terrain doit se trouver au carrefour des grandes voies ferroviaires, routières et aériennes. Il doit également offrir des possibilités d'évolution pour l'avenir.
Après l'élimination de plusieurs hypothèses, le choix se porte le sur les communes de Chevilly-Larue et Rungis, où se trouvent à l'époque de vastes terres agricoles susceptibles d'être converties en parcelles constructibles. Situées à 7 kilomètres de Paris, au carrefour de nombreuses voies de communication et à proximité immédiate de l'aéroport d'Orly, elles correspondent parfaitement aux exigences pour l'établissement d'un marché moderne et fonctionnel.
Après 5 ans de travaux gérés par le cabinet d'architecture et maîtrise d'œuvre Georges Philippe et Henri Colboc, le transfert des halles de Paris vers Rungis et la La Villette a lieu entre le et le . Cette opération, considérée à l'époque comme étant le « déménagement du siècle », concerna 20 000 personnes, 1 000 entreprises de gros, 10 000 m3 de matériel, 5 000 tonnes de marchandises et 1 500 camions[1].
Le nouveau site ouvre officiellement ses portes les et .
Il comportait alors :
1 pavillon de la marée ;
9 pavillons fruits et légumes ;
4 pavillons pour les BOF (beurre – œuf – fromage) ;
1 pavillon des fleurs coupées ;
le centre administratif.
Cependant, il reste encore le secteur des produits carnés (viandes, volailles, gibiers, abats) aux Halles de Paris. Avec le développement du transport frigorifique et la modernisation des abattoirs français, ces installations sont rapidement devenues inadaptées. Il est donc décidé de regrouper tous les produits agricoles à Rungis, et le déménagement du secteur des produits carnés a lieu le ; les chevillards de la Villette rejoignent donc le site.
Au fil du temps, de nombreux bâtiments sont réaménagés, restructurés, modernisés, afin de s'adapter aux évolutions de la consommation, aux besoins des clients et aux nouvelles normes d'hygiène et de sécurité alimentaire. Ainsi, au début du XXIe siècle, le pavillon des viandes est entièrement réhabilité, le nouveau pavillon de la marée est mis en service, le carreau des producteurs d'Île-de-France de fruits et légumes est créé, et une nouvelle zone logistique pour les entrepôts, Euro Delta, voit le jour.
D’une superficie de 232 hectares avec plus de 72,7 hectares couverts (dont 47 hectares de bâtiments à usage commercial), il est approvisionné par camions, trains et avions (qui arrivent par l'aéroport d'Orly voisin) en provenance de toute l'Europe.
Le marché est particulièrement bien alimenté en légumes et fruits, produits de la mer, produits d'élevages, etc.
Il fonctionne essentiellement tard dans la nuit, vers 3-4 heures ; à 11 heures le matin, tous les rayons se vident. Avec onze bâtiments, répartis sur 66 hectares, le secteur des fruits et légumes est, de très loin, le plus étendu.
Chaque année, 10 000 prélèvements sont analysés par le laboratoire des services vétérinaires (DDCSPP), qui dispose d'appareils sophistiqués pour détecter les hormones dans les carcasses de veaux, les parasites dans le gibier, les toxines et les germes dans le poisson ou les conserves.
À l'approche des fêtes de fin d'année, le marché connaît un regain d'activité : 18 000 personnes s'agitent pour échanger en quelques semaines des centaines de milliers de tonnes de produits agricoles contre des milliards d'euros.
Le célèbre marché au frais, ayant vu le jour au temps du général de Gaulle, doit s'adapter à la révolution numérique. Si celle-ci permet d'optimiser la logistique des approvisionnements, elle tend également à l'émergence du commerce en ligne, ou encore à l'intermédiation des GAFA pouvant avoir un impact considérable sur le marché B2B de Rungis.
En , le marché de Rungis signe un partenariat avec GAG Ghassan Aboud Group, filiale du port d'Abou Dabi, pour la création d'un hub agro-logistique entre la France et les Émirats arabes unis[3].
Secteurs
Fruits et légumes
Le secteur des fruits et légumes est le plus grand secteur du marché de Rungis au regard de la surface occupée. Il comporte :
9 pavillons de vente ;
un carreau des producteurs d’Île-de-France ;
des entrepôts logistiques ;
des bâtiments destinés aux accessoiristes.
Produits carnés
Les produits carnés ont rejoint le marché de Rungis en , soit 4 ans après son ouverture.
Le marché de Rungis ne propose pas uniquement des produits alimentaires. Il dispose également d'un large choix de fleurs coupées, de plantes en pot et d'accessoires de décoration et d'emballage.
1 pavillon climatisé destiné aux fleurs coupées et aux feuillages ;
3 bâtiments chauffés pour les plantes en pot ;
2 serres ;
5 bâtiments mixtes pour les plantes et les accessoires.
Vocabulaire
Un jargon professionnel existe sur les grands marchés professionnels, ainsi :
les « casseurs » (aussi appelés « requins ») achètent à prix cassés les produits que personne d'autre ne veut acheter (problème de fraîcheur, ou non correspondance à la standardisation des marchés).
les « forts » sont chargés de la gestion des espaces et bénéficient d'une commission élastique pour le placement des commerçants.
les « gardeuses » sont les personnes qui jettent un œil sur les marchandises des commerçants durant l'approvisionnement de leurs étals[4].
les produits consommables (pour des associations caritatives).
Chaque jour, 400 à 500 tonnes de déchets sont collectés par la firme Segex puis déversées dans les immenses fourneaux d'une usine d'incinération. Cette dernière permet de produire assez de calories pour fournir du chauffage au marché en lui-même, mais aussi à l'aéroport d'Orly tout proche, grâce à un système d'eau chauffée au sein de l'incinérateur, puis acheminée par des conduits spécifiques, qui filent le long de l'autoroute A106. Ce type de chauffage permet à l'aéroport de faire jusqu'à 10 à 20 % d'économies d'énergie.
Depuis le , il est aussi desservi par le tramway 7 depuis la station Porte de Thiais (renommé Chevilly-Larue - Marché International). L'accueil tout public est situé au 1 rue de la Tour à Rungis.
Le , le MCF (Motocycle club de France) et l'ASMM (Association sportive motocycliste de Magny-Cours) organisèrent une course de moto sur un circuit tracé dans les allées des Halles de Rungis. Ce « Prix de Paris international de vitesse » souhaitait attirer les plus grands pilotes du monde. Effectivement, hormis Saarinen ou Gould, la plupart des animateurs des Grands Prix étaient présent, y compris Agostini sur MV Agusta et Read sur Norton.
La Formule libre a été disputée en deux manches qualificatives remportées l'une par Kent Andersson, l'autre par Barry Sheene et une finale gagné par Kent Andersson devant Renzo Pasolini et Christian Bourgeois qui, lui aussi, disposait d'une Yamaha d'usine.
La date tardive entraînant un temps médiocre, le public fut peu nombreux et l'affaire se révèlera un fiasco financier qui n'aura pas de suite.
En marge de cette compétition, un incendie dans le paddock provoqua la mort du pilote britannique et champion du monde de vitesse moto, Dave Simmonds[5].
Guy Chemla, Les Ventres de Paris, les Halles, la Villette, Rungis : L'histoire du plus grand marché du monde, Grenoble, Glénat, , 222 p. (ISBN2-7234-1453-1).
Écrivain né en , Jean-Claude Gourdeau était journaliste depuis vingt ans, notamment grand reporter et chef des informations à L'Aurore ; il a été, pendant quatre ans, responsable du journal Rungis-Actualité, fonction qui lui a permis de recueillir l'énorme documentation nécessaire à son ouvrage.