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Manuel de Faria e Sousa (prononciation IPA [mɐ.nu.'ɛɫ dɨ fɐ.'ɾi.ɐ i 'so.zɐ]; en espagnol "Faria y Sousa"), (18 mars 1590 à Souto - 3 juin 1649 à Madrid) est un historien et poète portugais.
Il entra très jeune en qualité de gentilhomme chez don Gonzalo, évêque de Porto et s'attacha ensuite à la cour d'Espagne. Il suivit en 1631, comme secrétaire, le marquis de Castel Rodrigo dans son ambassade à Rome, puis revint se fixer à Madrid, où il passa le reste de sa vie dans la culture des lettres.
La majeure partie de son œuvre est en langue espagnole, ayant vécu, à Madrid, pendant la « Monarchie duale », c'est-à-dire l'époque (1580-1640) où le Portugal faisait partie de la monarchie espagnole, où les rois d'Espagne — Philippe II, Philippe III, et Philippe IV — devenaient respectivement Philippe Ier, Philippe II et Philippe III du Portugal ; mais surtout parce qu'à l'époque le castillan était lingua franca européenne, et permettait donc de répandre ses idées et ses connaissances le plus largement possible.
D'ailleurs ses sujets de prédilection presque obsessionnels étaient l'Histoire du Portugal, de ses découvertes et conquêtes, qu'il évoque dans ses monumentales "Europa Portugueza", Africa Portugueza, et Asia Portugueza ; ainsi que le grand poète portugais Luis de Camoens (Luís de Camões), qu'il appelait "mon poète", un peu comme Dante appelait Virgile "mi autore".
Il fit des Lusiadas, et des Rimas (Rimes) de cet auteur des éditions incontournables, avec des "commentaires" d'une immense érudition qui sont aujourd'hui la base de toute étude "Camonienne", pour le meilleur et pour le pire, car apparemment il ne se priva pas parfois d'arranger certains vers, et d'ajouter au corpus de Camões des poèmes qui n'étaient pas de lui mais qui en étaient si dignes qu'en conscience, il les lui accorda. Il faut savoir qu'à l'époque beaucoup de poèmes de Camões n'avaient jamais été publiés et circulaient dans des manuscrits appelés « Cancioneiros », parfois de façon anonyme, parfois sous les noms de différents auteurs, etc. Faria fut un infatigable bibliophile et c'est grâce à lui que beaucoup de la poésie portugaise maniériste a été sauvée de l'oubli, car nombre de ces manuscrits n'existent plus.
Après la restauration de la monarchie portugaise, il resta en Espagne, ce que beaucoup de Portugais (par la suite) ne lui pardonnèrent pas. Il servit pourtant d'espion au nouveau roi D. João IV, et communiquait avec lui semble-t-il sous l'alibi de recherches de partitions anciennes qu'il lui envoyait.
À sa mort, son fils vint s'installer au Portugal, et c'est à lui que nous devons la publication de ses œuvres posthumes, publication qu'il ne put malheureusement mener à son terme.