Une lône est un bras d’un fleuve qui reste en retrait du lit principal. Elle est alimentée en eau par infiltration depuis la nappe alluviale ou directement par le fleuve en période de crue. Son tracé et sa morphologie peuvent alors fortement évoluer sous la puissance des remous et la quantité de sédiments déplacés.
Le terme lône dérive du franco-provençallona, issu du germaniquelûhno[1]. Il était uniquement utilisé pour le Rhône à l’origine mais s’est ensuite étendu à d’autres cours d’eau tels l’Isère. Il est synonyme du terme boire, utilisé pour la Loire et l'Allier.
On parle de broteau (écrit avec deux t à Lyon pour le quartier des Brotteaux[2], du francoprovençalbroteu, prononcé [bro'tjo] à Lyon) pour désigner les îlots inondables et en constante évolution formés par les lônes. Les vorgines (du francoprovençal vorzina, issu du gauloisvorgia, osier, saule[réf. nécessaire] désignent les lieux où pousse la vorge (saule), végétation caractéristique des lônes et broteaux.
Les cours d'eau possédant des lônes
Le Rhône. On dénombre plus de 250 lônes d’importance variable, souvent désignées par un nom de famille : la lône M*, la lône O*, etc.
Les lônes, avec leurs eaux stagnantes, présentent des écosystèmes riches et font souvent l’objet d’initiatives de préservation. Nombreuses sont celles qui sont ainsi protégées par un arrêté de préservation du biotope ou, au minimum, un classement européen Natura 2000.
Autrefois comblées ou asséchées, les lônes ont plus récemment été victimes des aménagements hydrauliques réalisés par le ministère des Travaux publics à la fin du XIXe siècle (ouvrages de chenalisation Girardon) puis par la Compagnie nationale du Rhône au XXe siècle, à la demande de l’État (décrets publiés entre 1938 et 1976). Sur de nombreux tronçons du Rhône, la construction de barrages et de canaux de navigation a dévié la majeure partie des eaux et diminué leur pente d’écoulement (compensée par des écluses). Le transfert de sédiments de l’amont vers l’aval du fleuve est désormais entravé par ces ouvrages. En conséquence, l’implantation des lônes est aujourd’hui fixée et évolue peu ; la baisse des niveaux dans les tronçons court-circuités du fleuve les isole du lit principal. Cependant certaines actions de restauration ont été mises en place sur certains tronçons[3].
Projets de réhabilitation
Depuis 1995, une partie des bénéfices issus de la production hydroélectrique finance la réhabilitation des lônes présentant le plus fort potentiel de diversité piscicole et faunistique. Ces projets sont également cofinancés par l’agence de l’eau, qui perçoit entre autres pour cela une taxe sur l’eau potable et l’assainissement.
Les travaux engagés portent sur la reconnexion des lônes au cours principal du fleuve et sur des remodelages visant à complexifier et diversifier leur morphologie. Sont ainsi créés des secteurs rapides à profondeur faible (radiers), des zones plus profondes à vitesse moindre (mouilles), des bancs de graviers affleurants, etc. Cette diversité offre à chaque espèce piscicole des milieux qui correspondent à ses besoins, pour chacune de ses activités et à ses différents stades de croissance.
Les interventions comprennent également des actions de végétalisation en eau (roselières) et sur berges (saulaies, forêts alluviales), avec élimination des espèces invasives telles la Renouée du Japon, la Jussie, l’Ambroisie ou le Robinier faux-acacia.
↑Jean Pelletier, Connaître son arrondissement, le 6e, éditions lyonnaises d'art et d'histoire, 1999, p. 9
↑Jérémie Riquier, Hervé Piégay, Nicolas Lamouroux et Lise Vaudor, « Pertinence et pérennité de la restauration de chenaux latéraux : modèles issus de 15 ans de suivi sur le Rhône », La Houille Blanche, vol. 105, no 2, , p. 101–108 (ISSN0018-6368 et 1958-5551, DOI10.1051/lhb/2019020, lire en ligne, consulté le )