Lætitia Toureaux (née Nourrissat le à Oyace, et morte assassinée dans le métro de Paris le ) est une ouvrière, trouvée assassinée, dans une rame de métro en 1937, liée à l'extrême-droite et aux milieux fascistes italiens.
Biographie
Lætitia-Marie-Joséphine, dite Yolande, est la fille d'un cultivateur italien, émigrée en France avec sa mère et ses trois frères et sœur. Elle se marie en 1930 avec Jules Toureaux, potier en étain repoussé, qui mourra de la tuberculose en 1935. Elle est naturalisée française par ce mariage.
En 1937, elle est ouvrière dans une firme industrielle de Saint-Ouen spécialisée dans la fabrication de cirage[1]. « Ouvrière modèle et serviable » pour ses camarades d'usine, elle est en fait chargée par le patronat de les espionner.
« Elle est inscrite à la Ligue du bien public, mais son parrainage imposant, un inspecteur de la PJ et un directeur d'agence de détectives (dont elle est l'une des employées), soulève un certain soupçon sur son identité d'ouvrière. »
Elle sort dans les bals et les guinguettes, et tient le vestiaire de l'As de Cœur (un bal musette situé rue des Vertus[2]). Ses deux amants du moment sont « militaires sur des sites sensibles, l'un sur la ligne Maginot, l'autre au port de Toulon »[3].
Lætitia Toureaux est retrouvée assassinée à Paris à la station de métroPorte Dorée. Un des passagers du métro, qui se présente comme un médecin militaire mais qui est en fait dentiste, la découvre écroulée sur son siège de première classe, un couteau à cran d'arrêt de type Laguiole planté dans le cou.
Le dimanche , Laetitia Toureaux avait pris place dans un wagon de première classe au terminus de de la ligne 8. La rame avait quitté la station Porte de Charenton à 18h27 et était arrivé à la station suivante, Porte Dorée, une minute et vingt secondes plus tard. Les témoins n'ont vu personne entrer ou sortir du compartiment où le corps a été retrouvé. Ni le meurtrier ni la méthode de leur évasion ne furent découverts.
Ce crime « parfait » est largement commenté à l'époque : le rôle trouble de Lætitia Toureaux dans la France de l'entre-deux-guerres suscite de multiples spéculations[4]. L'enquête menée par le commissaire Badin révèle rapidement que cette jeune veuve avait une vie tumultueuse, travaillant sous un faux nom dans une agence de détectives privés, ayant des amants, visitant fréquemment et discrètement l'ambassade d'Italie, et ayant des contacts avec les milieux fascistes italiens à Paris. Elle était également en contact avec un membre de l'extrême droite française, de la Cagoule[5].
La guerre survient deux ans plus tard et l'affaire est classée, faute de progrès.
Rebondissements ultérieurs
En 1948, un homme interné dans un hôpital psychiatrique s'accuse du meurtre, dans une lettre à la police[5].
En , un anonyme se disant médecin, né en 1915 à Perpignan, adresse une lettre à la Police judiciaire dans laquelle il s'accuse de ce crime, a priori passionnel, le jeune homme amoureux ayant été éconduit par la trop distante Lætitia. Il raconte que la police a commis l'erreur de ne pas suffisamment interroger tous les voyageurs restés à quai, et de le laisser partir[2],[6].
Le crime étant prescrit, le directeur de la PJ, Max Fernet, décide de ne pas rouvrir l'enquête[Quand ?][7]. Le nom de l'assassin ne sera jamais connu.
Références
↑Léon Treich, « Histoire d'un crime parfait [Lætitia Toureaux, 16 mai 1937] », Historia, no 130, , p. 235240.
↑Bruno Fuligni, Mémoires de la police : les dossiers secrets de la préfecture de police, 1610-1968 : grandes affaires criminelles et faits divers, Paris, Éd. France loisirs, , 188 p. (ISBN978-2-298-01184-5).
↑ a et bDominique Kalifa, « Le mystère jamais résolu du "Crime du métro" », Libération, (lire en ligne).
↑« L'assassinat mystérieux de Laeticia Toiureaux serait d'ordre passionnel », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Les Grands Complots de l'Histoire de France, Larousse, , p. 33.
Voir aussi
Bibliographie
Cette affaire, qui a suscité à l'époque maintes réactions, a inspiré plusieurs ouvrages, dont :