Ainée d'une famille de six filles, diplômée de littérature (master degree), titulaire d'un doctorat en psychologie Psychologie Management, 1913, dont la publication n'a pu avoir lieu que sous le nom de son époux, Lillian Moller Gilbreth est une ingénieure et inventeure.
Elle participe du mouvement de rationalisation industrielle (scientific management) et contribue à l'émergence et au développement de l'ergonomie comme nouvelle discipline[2]. Elle produit des analyses scientifiques des gestes professionnels en contexte industriel (en collaboration avec son époux Frank Bunker Gilbreth, un ingénieur conseil autodidacte) et applique au travail ménager ces techniques manageriales. L'analyse se fonde sur l'étude du temps et des mouvements : il s'agit, par exemple, à l'aide du chronocyclographe, de filmer une activité ménagère pour en décomposer les gestes et optimiser le mouvement afin de rationaliser et d'optimiser le travail domestique. Lillian Moller Gilbreth est ainsi l'une des contributrices principales d'une branche de l'économie appelée home economics, domestic science ou home science en anglais et qu'on peut traduire en français par "économie ménagère". Cette science en plein essor entre les deux guerres a pour autre représentante célèbre aux États-Unis Christine Frederick et est représentée en France par Paulette Bernège[3].
Lilian Moller Gilbreth a pour caractéristique principale de s'être formée comme ingénieure et d'avoir pu exercer ce métier dans un contexte historique où les femmes qui entreprenaient des études scientifiques et techniques supérieures étaient rares[4] et où elles abandonnaient généralement leurs activités au moment du mariage ou à la naissance des enfants. Elle a travaillé dans l'industrie, servi comme consultante, et est l'auteure d'une série de brevets industriels dans le secteur des appareils ménagers. Lilian Moller Gilbreth a connu une vie professionnelle très longue et diverse en tant qu'ingénieure, inventeure, auteure, consultante, psychologue, conseillère auprès des autorités fédérales américaines. On lui attribue notamment l'invention des poubelles à pédale, de l'aménagement intérieur des réfrigérateurs ou du mixeur électrique[5]. Elle est la première femme à avoir été élue membre de la National Academy of Engineering (États-Unis) en 1966[6] et la deuxième à rejoindre l'American Society of Mechanical Engineers[7] . Elle est devenue une figure familière pour le grand public avec le célèbre roman Treize à la douzaine écrit par deux de ses enfants, Frank Bunker Gilbreth Jr. et Ernestine Gilbreth Carey. Le roman destiné à un jeune lectorat met en scène sur un mode ironique et autobiographique la vie d'une famille (Lilian Moller Gilbreth et Frank Bunker Gilbreth ont eu 12 enfants, six filles et six garçons) qui vit au rythme de l'application des principes de l'organisation scientifique. Ce roman a fait l'objet de plusieurs adaptations cinématographiques dont la première par Walter Lang (Teize à la douzaine).
Première femme professeure dans une école d'ingénieur (Purdue University, 1935), elle est maître de conférences au MIT à partir de 1964, elle a publié de nombreux ouvrages et été l'objet de multiples honneurs et célébrations. Elle sert comme conseillère et experte auprès de plusieurs gouvernements américains après la Seconde Guerre mondiale. Elle a aussi et notamment contribué au développement de recherches sur la réhabilitation des personnes handicapées.
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Prix et distinctions
Gilbreth a reçu de nombreux prix et distinctions pour ses contributions.
En 1931, elle reçoit la première médaille Gilbreth, créée en l'honneur de son défunt mari[9] ;
En 1944, l'American Society of Mechanical Engineers a décerné à Gilbreth et à son mari (à titre posthume) la médaille Henry Laurence Gantt pour leur contribution à l'ingénierie industrielle[9] ;
↑Price, Brian. 1990. "Frank and Lillian Gilbreth and the Motion Study Controversy, 1907-1930." In A Mental Revolution: Scientific Management Since Taylor. The Ohio State University Press. (ISBN0814205674)
↑ abcd et e(en) « Donald F. Carmony. Indiana, 1816–1850: The Pioneer Era (The History of Indiana, number 2.) Indianapolis, Ind.: Indiana Historical Society. Indiana Historical Bureau, Indianapolis. 1998. », The American Historical Review, (ISSN1937-5239, DOI10.1086/ahr/105.3.924-a, lire en ligne, consulté le )
↑The Scottish National Portrait Gallery, [nd], (lire en ligne)
↑(en) Janet Greenlees, « Jane Lancaster. Making Time: Lillian Moller Gilbreth—A Life Beyond “Cheaper by the Dozen." », Enterprise and Society, vol. 6, no 2, , p. 328–330 (ISSN1467-2227 et 1467-2235, DOI10.1093/es/khi043, lire en ligne, consulté le )
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(en) Jane Lancaster, Making Time : Lillian Moller Gilbreth, A Life Beyond "Cheaper by the Dozen", Northeastern University Press, , 415 p. (ISBN978-1-55553-612-1, lire en ligne).