1947. Madeleine a été tondue à la Libération pour avoir fréquenté un officier allemand dont elle s'est retrouvée enceinte. À présent mère célibataire, elle travaille comme serveuse dans un hôtel-restaurant de la côte bretonne où son passé n'est pas connu. Elle rencontre François, un jeune étudiant, secret, riche et cultivé. Ils vont être attirés l'un vers l'autre, alors que chacun renferme un secret.
Fiche technique
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Début , lors d'un entretien avec La Montagne, Katell Quillévéré dit parfaire le scénario de son prochain film, déjà intitulé Le Temps d'aimer, « une saga familiale sur deux générations après la Seconde guerre mondiale »[2]. Cette histoire a « un point de départ biographique », celle de sa grand-mère qui a eu une relation avec un soldat allemand, lorsqu'elle avait 17 ans pendant l’Occupation, avant de tomber enceinte, devenir mère célibataire et rencontrer un autre homme, son grand-père, 4 ans plus tard, sur une plage en Bretagne : « […] tout le reste du film est totalement fictionné, loin de mon histoire familiale. Nous avons inventé et écrit cette histoire avec Gilles Taurand[3]. »
« Ce qui est intéressant avec les années 1950, c’est qu’il s’agit d’une époque d’après-guerre durant laquelle les gens avaient tous des blessures secrètes. Ils étaient hantés par la mort et par les regrets. C’est une époque qui est très riche en matière de fiction. Mais c’est aussi une époque qui était très corsetée, très puritaine. C’est une sorte d’écrin révélateur pour les problématiques qui sont celles du film : le mensonge, la honte, l’amour et la sexualité. Le film a été pensé comme un dialogue entre le passé et le présent. »
En , alors que le tournage est annoncé au printemps 2022, à Châteauroux, en région Centre-Val de Loire, la réalisatrice y est déjà « en quête de témoignages sur la vie nocturne de Châteauroux à cette époque [les années 1950], dans le souci de la retranscrire le plus fidèlement possible. Quelles étaient les boissons, quelles musiques étaient écoutées, quelles tenues étaient portées ? Et aussi, quels étaient les rapports entre les Afro-Américains de la base et la population locale[6] ? »
Le tournage commence le , en Bretagne[7]. Les équipes passent d'abord à Douarnenez, dans le Finistère, pour la façade d'une maison de la rue Hervé-Julien[8], puis à Locronan pour la place de l'Église et le cimetière[9] jusqu'au [10].
Le lendemain, elles s'installent tout au long de la semaine, jusqu'au , à Dinard, en Ille-et-Vilaine, et filment en extérieurs la villa Les Roches Brunes — la maison de François dans le film — et l’hôtel Printania — le restaurant où travaille Madeleine comme serveuse —, ainsi que l’immeuble Brise-Lame et la plage de Saint-Énogat[11].
Le , les équipes se retrouvent à Magny-en-Vexin, en Val-d'Oise, pour tourner dans les rues Villeroy, du Cygne et de l’Hôtel-de-Ville, ainsi que le passage de la Ferronnerie, durant cinq jours[12].
Le tournage a également lieu à Paris, à la fin du mois de [13], gare d'Austerlitz, où une partie de la gare est reconstituée à l'identique des années 1950, avec une locomotive à vapeur et d’anciennes voitures[14], ainsi que rue de Madrid, dans le 8e arrondissement, où se trouve l'appartement de la famille.
Fabien Lemercier, de Cineuropa, souligne que « le film décline avec beaucoup de sensibilité maîtrisée une variante modernisée, quasi naturaliste, des classiques du mélodrame. Accordant à chacun des protagonistes (excellemment interprétés) la même attention, Katell Quillévéré tisse très habilement en trois temps (précédés d’un prologue d’archives et suivi par un épilogue dans la lignée consolatrice des meilleurs films du genre) une œuvre comme on en voit maintenant peu, un récit où le bonheur fait du funambulisme au-dessus des gouffres, porté par un désir comme celui exprimé par Stefan Zweig dans Amok : “Seulement si tu t'enflammes, tu connaîtras le monde autour de toi ! Car au lieu seul où agit le secret, commence aussi la vie”[21]. »
Quant à Sandra Onana, de Libération, elle écrit avoir assisté au film « en pure perte », avec « Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste en couple dysfonctionnel »[22].
Dans L'Histoire, Antoine de Baecque note que « l'imagination, le travail du scénario, la forme du film achèvent et perfectionnent le processus cinématographique » avant de conclure : « Cela s'appelle un mélodrame historique, et Katell Quillévéré l'assume avec profondeur, parvenant à montrer un amour qui circule malgré tous les interdits construits par la honte. »[23].