Le journal fut fondé au no 10 de la rue du Faubourg-Montmartre (jusqu'en puis au no 5 du boulevard des Italiens) par Auguste Nefftzer, journaliste français qui le dirigea pendant 10 ans, avant de céder la place à Adrien Hébrard. S'inspirant à l'origine de la philosophie libérale à forte tendance protestante de son fondateur, le journal connut des débuts difficiles et dut être soutenu financièrement par des industriels alsaciens, amis de Nefftzer. Mais, considéré comme un journal sérieux et bien fait, Le Temps vit son tirage croître, passant d'à peine 3 000 exemplaires en 1861 à 11 000 exemplaires en 1869, et à 22 000 exemplaires en 1880, devenant le journal le plus important de la Troisième République et s'imposant comme le journal de référence destiné aux élites[2][source insuffisante].
De 1867 à 1890, le duc d'Aumale est un des actionnaires principaux du journal[3].
À partir de 1870, le journal pratique l'anonymat de la rédaction politique, ce qui lui permettra longtemps de marquer son indépendance et de faire autorité face à ses grands concurrents, Le Figaro et le Journal des débats. L'édition de Paris est suspendue du 7 au , par la Commune, mais la publication de l'édition de Saint-Germain-en-Laye, mise en place en prévision, continue. C'est l'un des deux quotidiens français à l'époque les plus tournés vers l'actualité internationale, avec le quotidien monarchiste modéré Le Soleil[4]. L'information est jugée de qualité, sérieuse et objective, principalement à ses débuts, avant d'être classée plutôt au centre gauche lorsque Nefftzer le cède à Hébrard en 1873 puis républicainconservateur. Il atteint 30 000 exemplaires en 1914[2].
Journal conservateur, il combat le projet d'impôt sur le revenu défendu notamment par le député Jean Jaurès, qui serait venu se substituer à une fiscalité dominée par quatre contributions directes (contribution financière et personnelle mobilière). Un système jugé inégalitaire par Jaurès puisqu'il n'est pas indexé sur le niveau de revenu de chaque citoyen[5].
Après guerre, le journal est visé par l'ordonnance du 30 septembre 1944 sur les titres ayant paru sous l'occupation de la France par l'Allemagne, ses locaux situés no 5 de la rue des Italiens sont réquisitionnés et son matériel est saisi. Le Monde, qui commence à paraître en 1944, sera le bénéficiaire de cette confiscation : la typographie et le format resteront longtemps hérités du Temps. Hubert Beuve-Méry fera de son nouveau quotidien un journal de référence, jouissant d'une grande notoriété à l'étranger.
Raoul Bailly (1903-1973), journaliste y ayant travaillé avant la Seconde Guerre mondiale ;
Louis Blanc (1811-1882), exilé à Londres, il y publie notamment un article intitulé « Réforme électorale en perspective » qui décrit le système proposé par John Stuart Mill ;
Cyprien Augros, Le journal “Le Temps” et la crise du libéralisme (1929-1938), mémoire de master à Sorbonne Université, dirigé par Olivier Dard, 2023. [lire en ligne]
Patrick Eveno, Histoire du journal Le Monde 1944-2004, Paris, Albin Michel, 2004.
Jean-Noël Jeanneney, François de Wendel en République : l’argent et le pouvoir, 1914-1940, Paris, Seuil, 1976.
Philippe Jian, D’un désordre l’autre, “Le Temps” et “Le Figaro” des années trente au régime de Vichy, thèse de doctorat à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, dirigée par Pascal Ory, 2012.
Patrice Olech, Prolégomènes pour l’histoire du “plus grand journal de la République” : “Le Temps”, entre deux guerres mondiales, mémoire de maîtrise à l’Institut français de presse, dirigé par Pierre Albert et Gilles Feyel, 1987.
Alain-Gérard Slama, « Un quotidien républicain sous Vichy : Le Temps (juin 1940-novembre 1942) », In : Revue française de science politique, 22e année, no 4, 1972, p. 719-749. [lire en ligne]
Liens externes
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