Différentes langues ont été parlées et écrites dans les territoires de l'Empire romain d'Orient (ou « Empire byzantin »[1]) tout au long de ses mille ans d'histoire. Certaines ont évolué, d'autres ont disparu, beaucoup ont laissé des documents écrits, toutes sont mentionnées dans les sources.
Mais ses populations et ses différentes confessions s'exprimaient en bien d'autres langues encore, qui pour la plupart ont eu une littérature et ont contribué à véhiculer les contes, légendes, connaissances et débats d'idées de leur temps[4],[5],[6],[7],[8].
Langues populaires
Grec populaire
À Constantinople, sur les côtes de la péninsule des Balkans et de l'Anatolie, en Calabre, à l'est de la Sicile et dans toutes les îles de la Méditerranée orientale, le grec populaire (Μεσαιωνική δημοτική), issu de la koinè attique, a toujours dominé, mais avec des variantes : italique (Κατωιταλιώτικα) en Calabre et Sicile, hélladique dans les Balkans, autour de l'Égée et de la Propontide, micrasiatique en Anatolie centrale et méridionale, notique en Cyrénaïque et en Égypte. À ces variantes, il faut ajouter deux dialectes à traits doriens également issus de la koinè : le pontique autour du Pont Euxin et le tsakonien dans le Péloponnèse. Les linguistes hellénistes discutent pour savoir si les variétés actuelles du grec moderne proviennent des variétés médiévales (ce qui suppose une continuité de peuplement grec sur place, hypothèse dominante dans l'historiographie grecque) ou uniquement du Μεσαιωνική δημοτική (« grec populaire ») hélladique (ce qui suppose un repeuplement plus moderne à partir de la Grèce, hypothèse dominante dans l'historiographie turque)[9]. Les démographes soulignent que l'une n'exclut pas l'autre, car sous la pression des évènements militaires, économiques et environnementaux, les déplacements de populations n'ont pas cessé au long de l'histoire, sans que les nouveaux venus fassent nécessairement disparaître les peuplements antérieurs (et leurs parlers). Après l'installation progressive des turcs en Anatolie au XIe siècle, un dialecte gréco-turc, le Καππαδοκική Ελληνική / Kappadokikế Ellênikế (cappadocien) se développa dans le Sultanat de Roum, dont le nom signifie « sultanat du pays des Romains », et que l'on appelle aussi « Sultanat d'Icônion » et, en Turquie : « Sultanat selçuk de Konya »[10],[11].
Langues anatoliennes, iraniennes, thraces et illyriennes
En Anatolie orientale, de la Cilicie à la Mer Noire (qui ne s'appelait pas encore ainsi : ce nom est turc, et cette mer s'appelait alors « Pont Euxin ») dominaient l'arménien (autre langue indo-européenne) et le laze, proche du géorgien actuel. L'arménien littéraire et liturgique était par ailleurs présent dans lla plupart des villes de l'Empire, où vivaient des communautés arméniennes[20].
À partir du Xe siècle, des mercenaires Varègues, de langue germaniquescandinave, ont également servi dans les forces byzantines ; c'est vraisemblablement l'un d'eux qui a gravé les runes que l'on peut voir sur le lion byzantin actuellement placé à la porte de l'arsenal de Venise. Enfin, certaines forces de l'ordre au recrutement multiethnique, comme les Vardariotes (Βαρδαριῶται), ont pu parler des langues iraniennes, finno-ougriennes ou turques[25],[26].
↑Petre Ș. Năsturel, « Problèmes d'histoire et de linguistique » in (ro) Studii şi cercetări de istorie veche, vol. VII, Bucarest 1956.
↑Franz Dölger, (de) Die Völker im Mittelalter (« Les peuples au Moyen âge »), 1940
↑Johann Thunmann, (de) Untersuchungen über die Geschichte der östlichen europäischen Völker (« Investigations sur l'histoire des peuples européens de l'est »), 1. Theil, Leipzig, 1874.
↑A. Budinszky, (de) Die Sprache über Italien und Provinzen des Römischen Reiches (« Les langues en Italie et dans les provinces de l'Empire romain »), Berlin, 1881.
↑A. Keramopoullos (A. Κεραµóπουλλου), Langues et peuples dans l'Empire byzantin, Athènes, 1939.
↑Ferdinand Lot, « La langue de commandement dans les armées romaines et le cri de guerre français au Moyen Âge », Mémoires dédiés à la mémoire de Félix Grat, t. I, Paris 1946.
↑Denis Zakythinos, Byzance : état national ou multi-national ? éd. EKT, Αthènes 1981.
↑(en) Francis T. Gignac, The Koine is the direct ancestor of medieval and Modern Greek, Oxford University Press, .
↑Iosif M. Oranskij, « Les langues iraniennes » in : Documents et ouvrages de référence no 1, publ. de l'Institut d'études iraniennes de l'Université de la Sorbonne Nouvelle, Klincksieck, Paris 1977 (ISBN2-252-01991-3).
↑Alexandru Rosetti, (ro) Istoria limbii române [« Histoire du roumain »], 2 vol., Bucarest, 1965-1969.
↑Clifton R. Fox, (en) What, if anything, is a Byzantine ?, Lone Star College, Tomball 1996 : [1] vu le 21 oct. 2009
↑Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, éd. J.-C. Lattès, Paris, 1992 (ISBN2290119164) - [2].
↑Evangelia Balta, (tr) Karamanlı Yazınsal Mirasının Ocaklarında Madencilik, Yapı Kredi Yayınları 2019, (ISBN978-975-08-4510-9)
↑Iaroslav Lebedynsky, Les Nomades - Des peuples nomades de la steppe des origines aux invasions mongoles, Errance, Paris 2003, (ISBN9782877726214).
↑P. M. Barford, (en) The Early Slavs: Culture and Society in Early Medieval Eastern Europe, Cornell University Press 2001, (ISBN978-0-801-43977-3)
↑Claude Mutafian et Eric Van Lauwe, Atlas historique de l'Arménie: Proche-Orient et Sud-Caucase du VIIIe siècle av. J.-C. au XXIe siècle, Autrement, coll. « Atlas Memoires », no 203, mars 2001, (ISBN2746701006), pp. 38-43 et 80-81.
↑Gabriel Camps, « Comment la Berbérie est devenue le Maghreb arabe » in : Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée no 35, 1983, p. 7-24 (p. 15). DOI : 10.3406/remmm.1983.1979, en ligne: [3]
↑Jewish Languages Research Website art. « Judeo-Greek » : [4]
↑(en) Marc Baer, « Dönme (Ma'aminim, Minim, Shabbetaim) », Encyclopedia of Jews in the Islamic World, (lire en ligne, consulté le ).