L'Art de la mode, devenu L'Art et la mode, est un magazine français de mode, fondé en 1880 et disparu en 1972.
Histoire du support
L'Art de la mode (1880-1882)
En août 1880 est annoncé à Paris la parution d'une revue luxueuse de 24 pages intitulée L'Art et la mode, revue mensuelle de l'élégance : le projet est initié par Ernest Hoschedé avec la complicité de l'illustrateur Henri de Montaut (qui signera H. de Hem) et de l'écrivaine Marie Biard dite « Étincelle », qui fut la première rédactrice en chef[1]. L'administrateur-gérant est Jules Luquet, l'ancien associé d'Alfred Cadart. Le prix à l'année est de cent francs[2].
De septembre à novembre 1882, la parution est suspendue : elle va reprendre sous un titre légèrement modifié. Durant cet intervalle, est annoncée pour le 10 et 11 novembre 1882 la vente aux enchères de 400 dessins originaux publiés dans la dite revue[6].
L'Art et la mode (1882-1889)
Pour des raisons que l'on ignore, peut-être liées à un dépôt de bilan, le magazine change de nom et d'adresse. Devenu L'Artetla mode, journal de la vie mondaine, il passe sous la direction de Henri de Montaut. Le siège se trouve au 8 de la rue Halévy. Il s'intitule parfois le « journal de la mode en toutes choses », ou encore la « revue mensuelle de l'élégance ». Montaut dirige ce support jusqu'à sa mort en 1889. Il fait appel à Ferdinand Bac pour concevoir la page de titre[7] dans une composition intitulée « L'art empêchant la mode de suivre la folie ». S'y distinguent des dessinateurs comme Maurice Marais avec des silhouettes amusantes[8].
Durant l'été [?] 1887, Stéphane Mallarmé y publie des poèmes en prose dont La Déclaration foraine[9].
L'Art et la mode (1890-1922)
Après Montaut, c'est Charles Chantel qui en prend la direction[7] ; vers 1907, le siège déménage au 35 de la rue Boissy-d'Anglas[10],[11]. En 1903, le Gil Blas annonce offrir à ses lectrices le remboursement de leur abonnement à L'Art et la mode, à savoir 60 francs par an et donne la liste des collaborateurs à ce magazine[12] : on note entre autres les noms de Louise Abbema, Madeleine Lemaire, Alfons Mucha[13], Henri Fantin-Latour pour les peintres, et de Georges Ohnet, Marcel Prévost ou encore Pierre Maël pour les contributions écrites. Couvertures, vignettes et mise en page des différents modèles de couturiers était assurées dans les années 1910-1920 par A. Soulié ; d'autres, plus rarement, par Mathilde Chigot, la fille du peintre Eugène Chigot.
La parution est suspendue de septembre 1914 à février 1915. Par la suite, Charles Chantel cède, en 1922, la direction à son beau-fils, le graphiste Geo Dorival, qui abandonne l'affiche pour se consacrer entièrement à cette activité[14].
Curieusement, un titre mensuel quasi-homonyme et libellé en français, L'Art de la mode, commence à paraître dans les années 1890 à New York sous les presses de la Morse-Broughton Company qui fusionne avec Le Charme en octobre 1897 ; d'éventuels liens d'affaires entre le titre parisien et celui-ci restent hypothétiques[15].
L'Art et la mode, fin
Toujours mensuel, devenu, au tournant des années 1930, un magazine de prestige contenant de nombreuses reproductions photographiques en couleurs, il se veut le « regroupement des documents officiels de la haute couture et de la haute mode à Paris ». Fin 1940, sous l'Occupation, la presse de mode doit se plier aux exigences de Berlin ; la plupart des photographies sont commissionnées en Allemagne, tandis que les abonnements américains, fort nombreux, continuent d'être honorés[16]. En dépit de la présence du crayon de Roger Rouffiange[17], les croquis et dessins de Bernard Blossac, Jean Bosc ou Jean Demachy, se font plus rares. Concurrent de L'Officiel de la mode (fondé en 1921), le mensuel, qui coûte 500 francs par numéro en 1950, affiche une régularité de parution jusqu'en 1972, date à laquelle il disparaît. La dernière direction fut assurée par Denise Rigaut (1901-1968), entrée au journal en 1933 pour s'occuper de la publicité ; elle y rencontre le photographe Georges Saad, fondateur d'une agence et l'épouse en 1940[7],[18]. Au début des années 1950, la signature du jeune photographe Richard Avedon se remarque. Denise et Georges Saad gèrent le magazine jusqu'en 1968.
En 2013, les éditions Jalou rachètent les archives du magazine, les numérisent et les mettent en ligne[19].
↑ a et b« Août 1880 » par Albert Wolff, in: Émile Mermet et Henri Avenel (dir.), Annuaire de la presse française, Paris, 1881, pp. 48-51 — sur Gallica.
↑« La Vie à Paris », par Jules Clarétie, in: Le Temps, Paris, 22 septembre 1880, p. 3 — lire sur Gallica.
↑Beaux-arts, in: L'Estafette, Paris, 28 décembre 1881, p. 4 — sur Gallica.
↑La Vie parisienne, Paris, 17 décembre 1881, pp. 735-736 — sur Gallica.
↑Ernest Gandouin [expert], Catalogue d'environ 400 dessins originaux ayant servi aux illustrations du journal l'"Art de la mode", Paris, A. Quantin, 1882 — sur Gallica.
↑ ab et c« Art de la mode (L') » par Françoise Tétart-Vittu, in: Dictionnaire de la Mode, Paris, Encyclopaedia Universalis, 2015 — extrait en ligne.
↑John Grand-Carteret, Le Livre et l'image. Revue documentaire illustrée, tome II, Librairie Auguste Fontaine, août.-déc. 1893, p. 343 — sur Gallica.
↑La question de la date de publication est posée par Alain Chevrier, « Le sonnet anglais chez Mallarmé », in: Romantisme [revue], année 1995, n° 87, pp. 29-53 — sur Persée.
↑A. La Fare, Tout-Paris : Annuaire de la Société parisienne : Noms et adresses, classés par noms, par professions et par rues suivis d'un dictionnaire des pseudonymes, volume 24, 1891 (p. 126)
↑Gil Blas, Paris, 22 janvier 1903, p. 1 — sur Gallica.