Il est promu archevêque d'Alger, en mars 1954, huit mois avant le déclenchement de la guerre d'Algérie[3]. Dès sa promotion, il déclare dans un discours que la « civilisation doit être conçue en fonction des êtres les plus déshérités »[4],[3].
La même année, il « parle d'autodétermination »[6] des populations d’Algérie et condamne la torture[7] dès janvier 1955, alors que l'évêque d'Oran penche de l'autre côté et soutiendra même sept ans après l'Organisation de l'armée secrète (OAS), tandis que celui de Constantine ne « s'engage ni dans un sens ni dans l'autre », selon l'enquête de Florence Aubenas, dans Libération du 31 mai 1996[6],[8].
La partie de la population européenne qui lui est très hostile lui donne le surnom de « Mohamed Ben Duval »[3],[9]. Il répond en revendiquant pour lui-même ce quolibet comme une médaille[6].
Le général Marcel Bigeard lui reproche notamment d'être intervenu pour obtenir la grâce de terroristes condamnés à la peine capitale après un attentat qui a coûté la vie à neuf personnes dans un car de tourisme[10].
Le , deux soldats prisonniers, des appelés pieds-noirs, sont fusillés par le FLN en Tunisie. Le , Léon-Étienne Duval refuse sa cathédrale pour une messe à la mémoire des deux fusillés[11].
Deux ans plus tard en 1962, alors que la majorité des pieds-noirs quittent l'Algérie, notamment après les massacres d'Oran, il condamne « les enlèvements et les exactions de toutes sortes »[12],[13] et prend la défense des pieds-noirs[9].
Lors du concile Vatican II (1962-1965), il siège avec les évêques africains[9],[12]. Après l'indépendance algérienne, il est créé cardinal par Paul VI, avec le titre de cardinal-prêtre de Sainte-Balbine (Santa Balbina), lors du consistoire du [14]. Il reçoit et accepte la nationalité algérienne en février 1965, avec une dispense offerte par les nouveaux dirigeants issus du FLN car il ne remplit pas les critères des vingt années de résidence en Algérie prévu par les accords d'Évian pour obtenir la nationalité algérienne. Il garde néanmoins la nationalité française[15].
Dans les années 70, il est considéré comme un évêque du Tiers-Monde[16] et se prononce pour le rééchelonnement de la dette des pays les plus pauvres[3]. Il plaide également en faveur des droits des Palestiniens. Sur le point de vue de la doctrine catholique, il reste attaché à une foi rigoureuse[9]. Il étudie énormément saint Augustin[2],[3].
« Nous n'avons pas le droit d'être pessimiste: être fidèle à la confiance demande du courage »[3].
« En 1961-1962, derrière la violence, il y avait une formidable espérance, celle de l'indépendance. Aujourd'hui [en 1992], derrière la violence, il n'y a plus d'espérance du tout, plus rien d'autre qu'un grand vide »[2].
Léon-Etienne Duval et Denis Gonsalez (Avec la contribution de) (préf. André Nozière), Au nom de la vérité : Algérie : 1954-1962, Paris, Albin Michel, coll. « Espaces libres », , 198 p. (ISBN978-2-226-12587-3, OCLC421655408) (Déclarations et lettres de Mgr Duval recueillies par le père Denis Gonzalez et l'historien André Nozière)
Léon-Etienne Duval, "Paroles de paix", Paris, Édition N.O.P.N.A, .
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
↑L'article dit (verbatim): «A Oran, l'évêque était carrément pour l'OAS. Celui de Constantine ne s'engageait ni dans un sens ni dans l'autre, explique un prêtre algérois. Dans la capitale, où Duval avait été nommé, c'était un vrai chef (...) Là, même ceux qui n'étaient pas de son avis se regroupaient derrière lui.»
↑ abcd et e« Religions : « Remplacé par Mgr Henri Teissier, le cardinal Duval quitte l'archevêché d'Alger », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Raymond Muelle, 7 ans de guerre en France 1954 - 1962 quand le FLN frappait en métropole, Granchet, , 310 p. (ISBN2-7339-0719-0), p. 183
↑ a et b« Des rapatriés d'Algérie empêchent Mgr Duval de prononcer son homélie », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Mgr Duval : rien ne peut justifier les enlèvements et les exactions de toutes sortes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Paul VI nomme vingt-sept cardinaux, parmi eux se trouvent trois Français NN.SS. Villot (Lyon), Martin (Rouen), Duval (Alger) », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Le cardinal Duval et plusieurs ecclésiastiques acquièrent la nationalité algérienne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« Le cardinal Duval dénie tout caractère politique à son voyage », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« L'incertitude demeure à Téhéran sur le nombre des otages détenus à l'ambassade américaine », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )