Il est le second fils d'Edmond Perrin[2], militaire de carrière, et de Germaine de la Boullaye[3]. Il est le beau-frère du général Gaston Venot et l'oncle du professeur Alain Venot. En 1916, il apprend qu'il est atteint de rétinite pigmentaire et qu'il va devenir aveugle. Son frère aîné et une de ses sœurs sont atteints de la même maladie[4]. Sa mère encourage ses enfants à apprendre le braille. Elle entre en contact avec l'Association Valentin Haüy et avec Pierre Villey, dont l'exemple encourage Michel à poursuivre ses études.
Il a déjà le désir de devenir prêtre[5]. À l'occasion de la retraite pour sa communion solennelle il confie cette résolution à l'aumônier du collège. Celui-ci lui répond de ne plus y songer, car « la cécité est un obstacle infranchissable à l'ordination sacerdotale »[6]. Quelque temps après, sa mère écrit à ce sujet au futur cardinal Jean Verdier, qui donne une réponse moins décourageante[7]. Toujours grâce à sa mère, Michel entre en contact avec le père Bernadot et décide de devenir dominicain. Il entre au noviciat de Saint-Maximin en [8]. Il fait sa profession solennelle le [8], continue ses études, et se prépare à recevoir l'ordination. Comme le droit canonique de l'époque n'accepte pas l'ordination d'un aveugle, il doit obtenir une dispense du pape Pie XI. Il est finalement ordonné prêtre le Samedi saint 1929[9].
Fondateur de Caritas Christi
Assigné au couvent de Marseille[10], il est notamment chargé de l'assistance aux étudiantes. Très actif en tant que confesseur, il consacre également beaucoup de temps à la prédication et devient supérieur de son couvent. Convaincu de l'importance du rôle des laïcs dans l'Église, le [8] il fonde avec Juliette Molland l'Union missionnaire des petites sœurs de sainte Catherine de Sienne, qui deviendra plus tard l'Union Caritas Christi[11]. Caritas Christi est érigée en institut séculier de droit diocésain le , et en institut séculier de droit pontifical le . Le père Perrin fondera encore l'Association des prêtres de Caritas Christi (1961) et les Fraternités Caritas Christi ()[8].
En 1940, Hélène Honnorat[16] informe le père Perrin que Simone Weil est à Marseille et qu'elle souhaite faire l'expérience du travail agricole. Le premier colloque entre Simone Weil et le père Perrin a lieu le [17]. Il la met en contact avec Gustave Thibon, qui l'embauchera comme ouvrière agricole. Il lui fait également rencontrer le père Lebret, fondateur de la revue Économie et humanisme, et Jacques Loew[18]. Elle prend part à la diffusion clandestine des Cahiers du Témoignage chrétien[19]. Ils ont l'intention d'écrire ensemble un livre sur « les mystiques de toutes les religions », mais le projet n'aboutit pas[20]. En quittant Marseille, elle lui laisse ses textes d'argument religieux[21]. De Casablanca, où elle séjourne quelque temps dans un camp de réfugiés avant de partir pour les États-Unis, elle lui envoie encore un commentaire de textes pythagoriciens[22]. Le père Perrin publiera ces textes dans Attente de Dieu et dans Intuitions pré-chrétiennes[23].
↑Hélène Honnorat fait partie de la paroisse universitaire, dont le père Perrin est l'aumônier. Elle est la sœur du mathématicien Pierre Honnorat (1903-1971), camarade d'André Weil à l'École normale supérieure Devaux 2002, p. 255-256.
Simone Weil (préf. Joseph-Marie Perrin), Attente de Dieu, Paris, La Colombe,
Simone Weil (préf. Joseph-Marie Perrin), Attente de Dieu, Paris, Livre de poche,
Joseph-Marie Perrin, « L'expérience mystique de Simone Weil et son témoignage », La vie spirituelle, no 351, , p. 528-533 (ISSN0042-5613)
Joseph-Marie Perrin et Gustave Thibon, Simone Weil telle que nous l'avons connue, Paris, La Colombe,
(en) Joseph-Marie Perrin et Gustave Thibon (trad. du français par Emma Craufurd, préf. J P Little), Simone Weil as we knew her [« Simone Weil telle que nous l'avons connue »], Londres, Routledge, , 160 p. (ISBN0-415-30642-6, lire en ligne)
Réponses aux questions de Simone Weil (préf. Joseph-Marie Perrin), Paris, Éditions Montaigne, coll. « Les grandes âmes »,
Joseph-Marie Perrin, « Simone Weil et l'emprise du Christ », La vie spirituelle, no 620, , p. 376-384 (ISSN0042-5613)
Joseph-Marie Perrin, « Mon dialogue avec Simone Weil », Cahiers Simone Weil, vol. 1, no 1, , p. 2-12 (ISSN0181-1126)
Domenico Canciani, « Marseille, la saison des amitiés: le père Perrin et Simone Weil, amis dans la vérité de Dieu », Cahiers Simone Weil, vol. 31, no 1, , p. 11-26 (ISSN0181-1126)
André-A. Devaux, « Joseph-Marie Perrin (30 juillet 1905-13 avril 2002), fils de saint Dominique et guide spirituel de Simone Weil », Cahiers Simone Weil, vol. 25, no 3, , p. 255-266 (ISSN0181-1126)
Domenico Canciani (trad. de l'italien), L'intelligence et l'amour : réflexion religieuse et expérience mystique chez Simone Weil [« Tra sventura e bellezza »], Paris, Beauchesne, , 222 p. (ISBN2-7010-1404-2, lire en ligne)