Elle développe une œuvre à la fois abstraite et expressionniste très puissante. Ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées d'art moderne à travers le monde.
Joan Mitchell est une des rares femmes peintres de son époque à être acclamée par la critique et le public.
Biographie
Joan Mitchell est née le à Chicago[2] dans une famille juive[3] fortunée. Elle est la plus jeune des deux filles de James Herbert Michell, dermatologue, et de Marion Strobel, poétesse[4],[5]. Elle est une athlète de compétition et se distingue particulièrement en équitation, plongée et patinage artistique[6]. Elle montre également des talents d'écriture. L'un de ses poèmes, écrit à l'âge de dix ans, est publié dans la revue Poetry[7].
Elle se tourne très vite vers les arts. En 1942, elle s'inscrit au Smith College, qu'elle quitte en 1944 pour l'Art Institute of Chicago. Elle suit alors les cours de l’artiste allemand Robert Von Neumann et de Louis Ritman, peintre russe ayant séjourné à Giverny[8]. Elle y reçoit son diplôme (Bachelor of Arts degree) en 1947 puis un autre diplôme (Master of Fine Arts) en 1950[9]. Elle s'inscrit également à l'école de Hans Hofmann à New York.
De retour aux États-Unis dans les années 1959, Joan Mitchell fréquente les lieux de l’avant-garde artistique américaine comme l’Artist’s Club, où les seules autres femmes admises sont Elaine de Kooning, Lee Krasner et Helen Frankenthaler[8]. Elle se fait vite connaître au sein de l’École de New York, ou Eighth Street Club, un groupe composé des grands peintres expressionnistes abstraits de cette époque (Jackson Pollock, Franz Kline, Willem de Kooning, etc.). Il s’agit d’un groupe autant artistique qu’intellectuel qui se retrouve dans les galeries d’art de la huitième rue – comme l’équivalent des cafés parisiens. Son nom est également associé au mouvement de l’expressionnisme abstrait américain et elle connaît ses premiers succès. En 1951, elle participe au Ninth Street Show(en) puis est invitée au Whitney Museum et à la New Gallery[12],[13],[14].
En 1952, elle se marie avec l'économiste Alan Greespan, qui lui présente son amie la penseuse libertarienneAyn Rand, mais dont elle divorce l'année suivante et qui épouse en secondes noces en 1997 son homonyme Andrea Mitchell[16]. Un temps, elle est également l'épouse d'Allan Blumenthal sous le nom d'usage de Joan Mitchell Blumenthal[17].
En 1955, Joan Mitchell s'installe en France pour rejoindre son compagnon le peintre québécois Jean-Paul Riopelle, avec lequel elle a une relation longue, riche et tumultueuse, où chacun inspire l'art de l'autre. Ils habitent d'abord Paris, dans le 15e arrondissement, avant de déménager à Vétheuil, un village du bord de la Seine près de Mantes-la-Jolie, dans une maison proche de celle de Claude Monet à Giverny. Ils conservent des ateliers séparés, mais se rejoignent et dînent ensemble tous les soirs.
La collaboration entre les deux artistes est riche, et on voit les étapes de leur relation dans l'œuvre de Joan Mitchell. Par exemple, La Vie en rose, peint en 1979, soit deux ans après leur rupture, est souvent décrit comme étant une représentation de la fin abrupte de leur relation[18].
Joan Mitchell a son premier accrochage personnel à Paris en 1960, à la galerie Neufville. À cette époque, des événements douloureux comme le décès de son père en 1963 et de sa mère en 1966, influencent sa peinture qui devient plus sombre[19];
Dans les années 1970, elle commence à réaliser des œuvres plus monumentales qui prennent la forme de diptyques ou triptyques[13].
Joan Mitchell est la première femme à avoir une exposition personnelle au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1982[7]. C'est aussi la première grande rétrospective consacrée à l’artiste américaine dans une institution française[13].
En plus de la peinture, elle travaille le pastel et la gravure. Ses premières estampes (une série de sérigraphies) illustrent The Poems (1960), recueil de poésie de son ami John Ashbery[19].
Atteinte d'un cancer de la mâchoire, elle continue à créer, mais sa peinture devient plus sombre, reflétant sa tristesse et son angoisse[13].
Les œuvres de Joan Mitchell sont souvent de grandes dimensions, sous la forme de diptyques.
Elle dit de ses tableaux qu'ils doivent « transmettre le sentiment d'un tournesol fanant » (« to convey the feeling of the dying sunflower »).
Quoique ses œuvres soient abstraites, et ce, dès 1951, elle se décrit comme une peintre « visuelle », à la recherche de la sensation. La peinture qu’elle met au point dans cette période, large, lumineuse, énergique, s’appuie sur l’exemple de la nature, dans laquelle la couleur joue un rôle essentiel. « Je peins des paysages remémorés que j’emporte avec moi, ainsi que le souvenir des sentiments qu’ils m’ont inspirés, qui sont bien sûr transformés… », dira-t-elle.
Si son processus créatif est lent, œuvre de J. Mitchell se reconnaît à sa graphie hâtive, à la ligne expressive, à la composition éparse et fourmillante, au chromatisme acide, au vide méditatif, au renversement du motif. Pierre Schneider parle aussi de « navette perpétuelle entre l’intériorité et l’extériorité ».
Quant à sa démarche picturale, elle la décrit avec franchise : « Je suis émue par les couleurs mises ensemble sur une surface plane […], pas excitée par une idée. »[8]
Une fondation en sa mémoire est créée aux États-Unis. Elle attribue des bourses à de jeunes artistes[22].
Elle est représentée à Paris par la galerie de Jean Fournier, passeur de la peinture américaine des années 1950 à 1980 en France.
En outre, elle fait partie des artistes dont des chefs-d'œuvre enrichissent la collection permanente[23] de la Fondation Louis Vuitton à Paris, comme entre autres le célèbre diptyque Two Sunflowers[24].
↑« Joan Mitchell: A Painter Under the Influences : The American, a sampler of whose work is at the Newport Harbor, was affected by the light and the terrain of northern France », Los Angeles Times, (lire en ligne)
↑(en) « James Campbell », The Guardian, (lire en ligne)
↑Fondation Louis Vuitton, « Two Sunflowers », sur fondationlouisvuitton.fr (consulté le ).
↑ a et b(en) Jane Livingston, The Paintings of Joan Mitchell : [exhibition, Whitney Museum of American Art, New York, June 20-September 29, 2002 ; Birmingham Museum of Art, Alabama, June 27-August 31, 2003 ; Modern Art Museum of Fort Worth, Texas, september 21, 2003-January 7, 2004 ; The Phillips Collection, Washington, February 14-May 16, 2004], California, University of California Press, , 237 p. (ISBN0-520-23568-1), p.21.
↑(en) Irving Sandler, « Mitchell paints a picture », ARTnews, , p. 44–47, 67–70.
↑(en) Peter Schjeldahl, « Joan Mitchell:To Obscurity and Back », New York Times, .
↑Kamila Benayada, « Joan Mitchell, Peintures », Transatlantica. Revue d’études américaines. American Studies Journal, no 2, (ISSN1765-2766, lire en ligne, consulté le )