Né à Détroit, capitale historique de la techno, Jeff Mills fait partie de la même génération que les trois artistes reconnus comme les pionniers de la techno de Détroit : Juan Atkins (né en 1962), Derrick May (né en 1963) et Kevin Saunderson (né en 1964). Contrairement à ceux-ci, Jeff Mills ne commence pas sa carrière en tant que compositeur mais en tant que DJ. Il connaît ainsi une première notoriété dans sa ville natale, en animant sa propre émission musicale sur les stations de radios locales WDRQ et WJLB, préservant son anonymat sous le pseudonyme de « The Wizard » (le sorcier)[2][source insuffisante].
Sa carrière de producteur ne commence effectivement qu'en 1988 lorsqu’il se lance dans la production, aux côtés de Anthony Srock, avec lequel il forme le duo Final Cut. Leur musique est dans un premier temps orientée vers la house (Deep Into the Cut, 1989) mais sous l'influence de Chris Connelly (du groupe Finitribe Fame) va évoluer vers une musique plus industrielle. En 1989, Jeff Mills rencontre Mad Mike et de cette rencontre naît le label Underground Resistance, officiellement créé en 1990. Jeff Mills quitte Final Cut et se consacre désormais à la techno.
En 1992, Jeff Mills se détache d'Underground Resistance, qui est déjà devenu un véritable collectif d'artistes très politisé. Il quitte Détroit pour New York et y fonde son label Axis (aujourd'hui installé à Chicago). Il collabore alors régulièrement avec le label allemand Tresor et c'est dans l'Europe des raves que sa carrière internationale prend son envol. Jeff Mills devient une star internationale de la techno, tant pour ses prestations à trois platines mêlant aux musiques électroniques du funk et de la soul que pour son travail de producteur. Des morceaux tels que de Sonic Destroyer, The Bells (réédité en 2019[3]) et la plupart des compositions publiées sur son label Purpose Maker sont ainsi considérés comme des classiques du genre techno.
Pourtant, le personnage est plus complexe qu’il n'y paraît et fait preuve d'une ambition artistique qui dépasse le simple cadre de la musique de danse. Si Jeff Mills n'a jamais cessé de produire des maxis destinés aux clubs, cette volonté de toucher un large public s'est toujours accompagnée d'une recherche musicale plus introspective. Ainsi, aux morceaux dansants de son label Purpose Maker répondent les morceaux plus minimalistes et oniriques qui parsèment le catalogue du label Axis.
Années 2000
Ancien étudiant en architecture, passionné de cinéma (2001, l'Odyssée de l'espace (2001: A Space Odyssey) reste pour lui un modèle d’œuvre d’art total)[4], Jeff Mills rend sensible par sa musique son goût pour les structures sonores élaborées ainsi que son attrait pour une musique sinon discursive, du moins fortement imagée. À l'occasion de la composition en 2000 d’une nouvelle bande-son pour le film Metropolis de Fritz Lang[5],[6], Jeff Mills dira vouloir rompre avec son image de simple DJ techno, fût-il une star, pour renouer avec son inspiration première nourrie d’utopie, de pensée futuriste et d'une passion réelle pour les mondes et « les scénarios extraordinaires » de la science-fiction. Un an plus tard, il conçoit Mono, sculpture-installation dédiée au film de Stanley Kubrick, présentée lors du festival Sónar de Barcelone.
En 2004, Jeff Mills va mettre en suspens sa carrière de simple DJ avec le DVDExhibitionist, qui présente plusieurs sets de DJ filmés sous différents angles (de face, du dessus et de côté). Cette première approche de la production vidéo se poursuit la même année par l'acquisition d’un tout nouvel outil, le DVJ-X1 publié par Pioneer, platine CD et DVD dédiée aux DJ. Avec cette machine le DJ est ainsi capable de manier à la fois le son mais aussi l'image. Un nouveau domaine de recherche s'ouvre ainsi, concrétisé en 2005 par une commande de MK2 pour la composition d'une nouvelle bande-son pour le chef-d’œuvre du muet Les Trois âges (Three Ages), de Buster Keaton. Ce projet est suivi d'une tournée mondiale, occasion pour Jeff Mills de faire preuve de son tout nouveau talent de VJ.
Si de nouveaux projets associant musique et image sont en préparation, Jeff Mills reste ouvert à d’autres expériences comme en témoigne son concert du aux côtés de l'Opéra Orchestre national Montpellier, sous la direction d'Alain Altinoglu, projet impulsé par René Koering. À l’occasion du 20e anniversaire du classement du Pont du Gard au Patrimoine mondial de l'UNESCO, Jeff Mills (aux machines) a ainsi interprété aux côtés d'un orchestre classique une sélection de ses compositions, orchestrées pour l'occasion par Thomas Roussel.
Jeff Mills participe à l'exposition Le Futurisme à Paris, présentée au Centre Pompidou du au , avec une installation audiovisuelle intitulée Critical Arrangements[7]. Le visiteur se trouve plongé dans une ruche mécanique faite de trois vidéos associées à une création sonore spécialement conçue pour cette exposition, inspirée de la musique bruitiste, rappelant les rouages des machines des industries de Detroit[7].
En 2020, Jeff Mills relance son alias Millsart avec lequel il était resté silencieux depuis 2003. Un total de cinq disques sortent cette même année[12]. En 2024, Jeff Mills sort son projet The Trip : Enter the Black Hole, interprété au Grand Palais en 2008. Le projet parle d'humains partis à la découverte de l'espace, dans la lignée de la passion de l'artiste pour la science-fiction.
En , il sort son nouvel album The Eyewitness, qui traite de chocs et traumatismes[13]. Il annonce se produire en à la Fête de l'Humanité[14].
Discographie
Album studio
2024 : The Eyewitness
Sur Underground Resistance
The Punisher
The Seawolf / Infiltrator
Sur Tresor
Waveform Transmission Vol. 1
The Extremist
Waveform Transmission Vol. 3
Metropolis 2
Late Night
Blue Potential, Live With Montpellier Philharmonic Orchestra (co-écrit avec le compositeur Thomas Roussel[15])