Jean Fraczos, dit Jean de Brogny ou Jean Allarmet de Brogny (1342-) est un homme d'Église, juriste, vice-chancelier de l'Église catholique, légat du pape, président du concile de Constance de la fin du XIVe siècle et du début du siècle suivant. Il est évêque de Viviers (1382-1394), cardinal (1385), évêque d'Ostia-Velletri (1394-1410), archevêque d'Arles (1410-1423).
Jean Fraczos est connu dans l'histoire, sous divers noms : Jean de Brogny, Jean de Brognier (Johannes de Bronicaco)[1], cardinal de Brogny, cardinal de Viviers, cardinal d'Ostie et parfois cardinal d'Arles[2].
Biographie
Origines
Jean Fraczos naît en 1342, au hameau de Brogny, sur le territoire de l'actuelle commune d'Annecy-le-Vieux[1],[3]. Il est le fils de Jean Fraczon, surnomméAlarmet ou Mermet, Brongnier, Brogniac, Embrogniac ou Brogniaco, un agriculteur aisé[3], bourgeois d'Annecy[1].
Il a un neveu, Jean de Tremblay, qui est protonotaire apostolique et qui sera aussi présent au concile de Constance[1].
Formations et obtention de bénéfices
Remarqué pour ses dispositions précoces par deux moines, il est envoyé se former à Genève, au couvent des Dominicains de Plainpalais[1]. Il poursuit ses études à l'université d'Avignon[1].
Il termine ensuite son éducation à l'université d'Avignon où il obtient son doctorat en droit civil, en 1379[1]. En 1378, les auteurs de la notice du Dictionnaire historique de la Suisse font remarquer qu'« il n'est en 1378 que chambrier, familier et chapelain du pape Clément VII et curé de Naters (?-1379) »[3]. Cette position lui permet de nombreux honneurs et bénéfices.
À partir de cette 1283, il obtient ainsi de nombreux « bénéfices, prévôtés, archidiaconats, plus d'une quarantaine de prieurés, dont Val-d'Illiez (avant 1388) et Saint-Pierre-de-Clages (procès en 1392), surtout ruraux, souvent échangés contre des pensions »[1],[3].
En 1381, il est fait dataire, fonction qu'il occupe jusqu'en 1387[3]. En 1382, il monte sur le trône épiscopales de Viviers, puis reçoit l'année suivante la charge de camérier[1],[3]. Le , il est fait cardinal-prêtre de Saint-Atanase[1],[3]. Roche souligne qu'« On sait peu de chose de son épiscopat à Viviers »[4]. Il ne réside pas à Viviers[5]. Charles-Olivier de Poitiers est appelé à administrer le diocèse en son nom[6].
Enfin à partir de 1389, il obtient la régence de la Pénitencerie, puis il en devient vice-chancelier de 1391, charge confirmée en 1394, et qu'il garde jusqu'à sa mort[1],[3].
En 1394, le successeur de Robert, Pierre de Luna plus connu comme antipape Benoît XIII, confirme toutes ses nominations et le promeut à l'évêché d’Ostia-Velletri. À cette époque, Jean Allarmet de Brogny est partisan des papes d'Avignon. Toutefois, dès 1398, il quitte cette cité pontificale pour protester contre l'esprit non-apostolique de cette cour.
Un an plus tard, en 1410, dans le cadre de cette dernière fonction, il préside les funérailles d'Alexandre décédé le , et quelques jours plus tard, le , le conclave qui nomme l'antipape Jean XXIII.
Cette année-là (1410), l'archevêché d'Arles devenant vacante, Jean qui tient le cardinal de Brogny dans la plus haute estime, refuse le candidat proposé par le Chapitre d'Arles[8], et nomme de Brogny à sa place. Cette nomination, dans son esprit, vise la récupération des droits de l'Église d'Arles usurpés par les comtes de Provence au début du Grand Schisme (1378-1418).
Après avoir restauré son diocèse, le cardinal de Brogny quitte Arles pour s'occuper d'une mission plus délicate, concernant la situation particulière de l'Église, qui à la suite du concile de Pise a trois papes au lieu d'un.
Entre 1414 et 1418, il préside le concile de Constance, réuni à cet effet, qui accepte la démission du pape Grégoire XII, le , révoque les deux autres papes et, le , voit l'élection du nouveau pape Martin V, pour qui il a fait campagne. C'est lui qui consacre Martin V comme évêque de Rome, le .
Par son testament du , il fonde un collège à Avignon pour 24 écoliers, dont plus de la moitié originaire de sa province d'origine, la Savoie[1]. Il fait don de sa bibliothèque, plus de 900 manuscrits, au collège[1].
Son corps est déposé dans un premier temps dans la chapelle Saint-Martin du Vatican, puis il est transféré à Genève[1]. Son corps est inhumé le , dans la chapelle des Macchabées de la cathédrale Saint-Pierre, qu'il a fait édifier[1].
Depuis 1450, la cathédrale métropolitaine de Cambrai est dépositaire de l'icône de Notre-Dame-de-Grâce.
On pense que le cardinal de Brogny, vice-chancelier de l'Église catholique, légat du pape, est entré grâce à ses différentes charges en relation avec certains patriarches grecs et les chrétientés d'Orient. C'est vraisemblablement par ce canal qu'il a reçu cette icône.
Plus tard en 1426, un chanoine titulaire de la cathédrale de Cambrai, Fursy de Bruille, secrétaire du cardinal de Brogny, reçoit l'icône en legs. Le chanoine la rapporte de Rome en 1440 et, à sa mort en 1450, il en fait don à la cathédrale de Cambrai.
Dans l'opéra "La Juive" de Fromental Halévy, sur un livret d'Eugène Scribe, créé à Paris en 1835, le cardinal "Gian Francesco, cardinal de Brogni" est un des trois premiers rôles masculins, l'action se situant en 1414 à Constance au début du Concile.
Références
↑ abcdefghijklmn et oSophie Vallery-Radot, Les Français au concile de Constance (1414-1418). Entre résolution du schisme et construction d’une identité nationale, vol. 2, Bruxelles, Brepols, coll. « Ecclesia militans, vol. 5 », , vol. 1 : 629 pages + vol. 2 : 354 pages (ISBN978-2-503-56464-7), vol.2, pp. 142-145 ([PDF] Volume 2 : Notices biographiques).
↑Il semble que le titre de cardinal de Saluces qui lui est parfois attribué relève d'une erreur, car ce titre « ne figure pas dans les anciens dictionnaires biographiques ainsi que dans l'étude conduite par le professeur Salvador Miranda ici. En fait, il semble y avoir une confusion avec le cardinal contemporain Amédée de Saluces (1361-1419), confusion qui vient de l'article de la Catholic Encyclopedia mis en lien, lequel est repris mot pour mot dans le Wikipedia anglais. En plus cette confusion a fait des métastases dans le Wikipedia anglais : à l'article consacré à Laurent de Premierfait, il est indiqué que cet humaniste a été le secrétaire de Jean Allarmet de Brogny. Faux : il l'a été d'Amédée de Saluces ».