En 1640[5], il entreprend, en compagnie de bons vivants de son espèce, « d'aller écumer toutes les délices de la France ; c'est-à-dire de se rendre en chaque lieu, dans la saison de ce qu'il produit de meilleur[6] ».
Des Barreaux est lié avec les beaux esprits de son temps : Jean-Louis Guez de Balzac, Chapelle, Descartes et Théophile de Viau, qui lui adresse son poème Plainte à un sien ami, qui ne laisse guère de doutes sur les sentiments qu'il nourrissait pour lui[7].
Un ouvrage anonyme publié à Paris en 1794, pendant la Terreur, le Colloque des Morts les plus fameux, rapporte que Des Barreaux dit au ciel en entendant un coup de tonnerre, alors qu'un vendredi il faisait une omelette au lard : « Est-ce la peine de faire tant de bruit pour si peu de chose ! » Il a composé un assez grand nombre de chansons et de poésies fugitives (courtes pièces dont le fond est peu de chose, mais est sauvé par le mérite de la forme), dans lesquelles il affichait son incrédulité et son athéisme. On a conservé le fameux sonnet où il chante la palinodie :
« Grand Dieu tes jugements sont remplis d’équité, etc. »
Il le composa alors qu'il était malade, mais le désavoua, dit-on, quand il retrouva la santé. Voltaire assure que ce sonnet n’est pas de lui, et l’attribue à l’abbé de Lavau.
« Des Barreaux, ce vieux desbauché
Affecte une réforme austère
Il ne s’est pourtant retranché
Que ce qu’il ne sçauroit plus faire »
Il a eu tout le loisir de chanter la palinodie, dit Tallemant des Réaux : « Il a bien fait le fat en mourant, comme il le faisait quand il était malade[8]. »
Notes et références
↑Registre paroissial en ligne 1599-1602, vue 17/273.
↑Antoine Adam, inTallemant des Réaux, Historiettes, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1961, t. II, p. 933, note 4.
↑Tallemant des Réaux, op. cit., t. II, p. 29 et 30.
↑Pierre Leguay, in Roman d'Amat (dir.), Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey et Ané, 1962, t. X, p. 888.
Marie-Françoise Baverel-Croissant, La vie et les œuvres complètes de Jacques Vallée des Barreaux : 1599-1673, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée, littérature clandestine, », , 464 p. (ISBN978-2-745-30317-2)
Frédéric Lachèvre, Jacques Vallée Des Barreaux : le prince des libertins du XVIIe siècle, Paris, Leclerc, , 286 p. (lire en ligne)