Médecin personnel de Rodolphe II puis de son frère Matthias Ier, il est surtout connu comme l'introducteur des études anatomiques en Europe centrale. Impliqué dans les conflits politiques et religieux de son époque, il connait une fin particulièrement tragique et cruelle.
Il est recteur de l'Université de Wittemberg en 1597, puis de l'Université de Prague en 1601[1].
Ami de l'astronomeTycho Brahe, c'est grâce à ce dernier qu'il devient le médecin de l'empereur Rodolphe II. Bien que Matthias Ier ait intrigué pour prendre la place de son frère, il conserve Ján Jesenský comme médecin[2].
Sur le plan philosophique et politique, il fait partie d'une fraction protestante de Bohème[4], plutôt progressiste pour l'époque, opposée à l'autorité de l'Église et à la monarchie de Habsbourg. En 1590, à l'âge de 25 ans, il avait déjà publié un discours contre la tyrannie en déclarant : « De même qu'il n'y a pas lieu d'accorder à un médecin le droit de tuer impunément, on ne peut accorder à un tyran celui de ruiner l'État, mais il faut s'en saisir comme d'un fou furieux et le maîtriser »[5].
Avec 27 autres nobles, il est exécuté le à Prague d'une manière particulièrement cruelle : on lui arrache la langue, son corps est découpé en pièces pour être empalées sur les herses de la ville. Sa tête et celles de ses compagnons sont exposées sur la Tour du pont Charles(cs) pendant dix ans, avant d'être inhumées dans l'église de Notre-Dame du Týn[2],[6].
Ces exécutions suscitèrent une vive émotion dans toute l'Europe, attisant le début de la guerre de Trente Ans. De nombreux pamphlets furent publiés par solidarité et compassion pour Jessenius et ses compagnons, et l'on fut d'avis qu'il valait mieux, pour un médecin, de ne pas se mêler de politique[5].
Travaux
Connu comme anatomiste, il n'est pas un pionnier dans ce domaine, mais il est considéré comme le principal promoteur de la médecine académique de la Renaissance tardive en Europe centrale[3].
Sa principale contribution est d'avoir publié en 1600, la réalisation de la première dissection humaine publique à Prague[7]. Il justifie cette recherche anatomique par trois principes : le « connais-toi toi-même » (le corps comme instrument de l'âme), la téléologie inspirée de celle de Vésale (l'anatomie humaine comme le résultat d'une volonté ou sagesse divine), et la tradition humaniste de la Renaissance (la dignité de l'Homme) [3].
De mithridatio et theriaca, Disputatio Wittenberg (Stephanus Marcellus Austrius) 1598; réimpression Gießen 1614.
Anatomiae, Pragae anno 1600 abs se solenniter administratae historia. Wite[n]bergae 1601.
De ossibus tractatus. Wite[n]bergae 1601.
De vita et morte Tychonis Brahei oratio funebris. Pragae 1601.
Institutiones Chirurgicae quibus universa manu medendi ratio ostenditur. Wite[n]bergae 1601.
traduction allemande : Anweisung zur Wund-Artznei, in welcher alle u. jede Art u. Weise durch die chirurgischen Handgriffe zu heilen gewiesen werden. Nürnberg 1674.
De anima et corpore universi. Pragae 1605.
De generationis et vitae humanae periodis. 1610
Divorum imperatorum … Ferdinandi I. et Maximiliani II. progenies augusta. Francofurtum 1613.
Matthiae Austriaci coronatio in regem Hungariae. [Hannover 1613].
De sanguine vena secta demisso judicium. Daniel Sedesanus [Sedlčanský], Prag 1618
nouvelle édition, avec commentaires : D. Johannis a Jessen Equ. Hung. de Sanguine, Vena Secta, dimisso Judicium, Notis et Castigationibus ad hodierna et vera Artis medicae principia accomodatum a Jacobo Pancratio Brunone. Nürnberg 1668.
Ad Regni Boemiae, Simulque Coniunctarum, Faederatarum Provinciarum, Marchionatus Moraviae, Ducatus Silesiae, & Marchionatus Lusatiae, Inclitos Ordines: De Restauranda Antiquissima Pragensi Academia, Rectoris Jessenii … Exhortatio. Congregatis Pragae, Mense Augusto, Anni MDCXIX. exhibita.
traduction allemande : An deß Königreichs Böheimb/ unnd derselben incorporirten Landen/ alß Marggraffthumbs Mährern/ Hertzogthumbs Schlesien/ Marggraffsthumbs Laußnitzs/ löbliche Stände, wegen erneuerung/ der Uhralten Pragrischen Universitet, vermanung/ Von deroselben Rectorn Doct. Jessenio, neben seinen Collegen, bey derer versammlung, zu Prag, im August Monat, deß 1619. Jahr/ ubergeben.)
Legationis in regiis Ungaror. comitiis proximis, nomine evangelicorum regni Boehmiae ordinum, a Jessenio … obitae, Renunciatio. Pragae 1619.
traduction allemande : Ablegung der Legation, Auff den letztgehaltenen Königlichen Reichstag, in Ungarn, im Namen der Evangelischen Stände deß Königreichs Böheim / Von Doct. Jessen verrichtet … Erstlich in Lateinischer Sprach zu Prag getruckt, Nun aber in Hochteutsch … verdolmetschet. 1619
Oratio parresiastica, qua auxilia a rege et ordinibus Ungariae petuntur, habita Neo-Solii in comitiis. Saragossa 1621.
↑ ab et cTomas Nejeschleba, « Justification of Anatomical Practice in Jessenius's Prague Anatomy », Early Science and Medicine, vol. 21, no 6, , p. 557–574 (ISSN1383-7427, PMID29727532, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bDavid Kachlik, David Vichnar, Dana Kachlikova et Vladimir Musil, « The life and work of Jan Jesensky (1566-1621), the physician of a dying time », Journal of Medical Biography, vol. 21, no 3, , p. 153–163 (ISSN1758-1087, PMID24585763, DOI10.1177/0967772013479736, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cJAROSLAV JEDLIČKA, « Johannes Jessenius de Magna Jessen », Anthropologie (1923-1941), vol. 6, no 1, , p. 3–10 (ISSN1211-3743, lire en ligne, consulté le )
↑David Kachlik, David Vichnar, Vladimir Musil et Dana Kachlikova, « A biographical sketch of Johannes Jessenius: 410th anniversary of his Prague dissection », Clinical Anatomy (New York, N.Y.), vol. 25, no 2, , p. 149–154 (ISSN1098-2353, PMID21818786, DOI10.1002/ca.21237, lire en ligne, consulté le )