Dans le tournoi olympique hommes, comme en 1976, les vainqueurs des poules se qualifient directement pour la finale, rendant les matchs de poule d'une importance capitale. Dans le groupe A, les Allemands de l'Est n'ont pas eu trop de mal à atteindre la première place. S'ils ont été tenus en échec par la Hongrie (14-14) lors de la deuxième journée, les Hongrois avaient déjà fait match nul face à la Pologne lors du premier match, de sorte que les Allemands ont leur destin en main. Le quatrième match de poule contre la Pologne a été serré (22-21), mais l'Allemagne de l'Est ne laisse pas passer sa chance face au Danemark (24-20) pour atteindre la finale tandis que la Hongrie jouera pour la médaille de bronze. En revanche, dans le groupe B, c'est un match à trois entre la Roumanie, l'URSS et la Yougoslavie : ces derniers remportent la première manche face aux Roumains 23 à 21 qui parviennent ensuite à renverser la vapeur 22 à 19 face à l'URSS après avoir pourtant été mené 15-9 à la mi-temps. Le dernier match entre les Soviétiques et les Yougoslaves est alors décisif : si les Soviétiques gagnent par quatre buts ou plus, ils se qualifient pour la finale. Si cette avance est atteinte dès le début de la deuxième mi-temps (13-9), les Yougoslaves reviennent à deux buts à sept minutes du terme du match (19-17) mais, grâce notamment aux 5 penaltys arrêtés par leur gardien Mykola Tomine(en), les Soviétiques s'imposent finalement 22 à 17 et se qualifient in extremis pour la finale tandis que, comme 4 ans plus tôt, la Yougoslavie doit se contenter du match pour la 5e place.
La finale oppose donc le tenant du titre soviétique à la RDA, seule invaincue lors des matchs de poule. Si l'URSS prend rapidement deux buts d'avance (5-3), les deux équipes restent au coude à coude : 10-10 à la mi-temps et 20-20 à la fin du temps réglementaire, les Soviétiques ayant égalisé à peine 22 secondes avant le coup de sifflet final. Si l'URSS marque le premier dans cette prolongation, la RDA enchaine par un 3-0 décisif pour remporter le titre olympique (23-22). Pour le dernier buteur allemand, Hans-Georg Beyer(en), ce sont des Jeux olympiques plus que réussis puisque son frère Udo a remporté une médaille de bronze au lancer du poids et sa sœur Gisela(en) a terminé quatrième au lancer du disque. Dans le match pour le bronze, les Roumains prennent rapidement une grande avance (9-4 à la 23e minute puis 16-8 à la 37e minute), mais les Hongrois parviennent peu à peu à combler leur retard pour revenir à un but (18-17 à la 56e minute). Mais la Roumanie ne compte pas laisser filer cette troisième médaille olympique consécutive et s'impose finalement 20 à 18.
Dans le tournoi olympique femmes, les 6 équipes qualifiées s'affrontent dans une poule unique. Les Est-allemandes, deuxièmes en 1976 et vainqueur de trois des quatre précédents titres mondiaux (1971, 1975 et 1978), font figure de favorites, mais elles sont contraintes de concéder un match nul (15-15) face à la Yougoslavie lors de la deuxième journée. Si les Yougoslaves s'inclinent nettement 18 à 9 face aux Soviétiques, le dernier match entre la RDA et l'URSS reste décisif pour déterminer l'ordre des médailles. Mais les Soviétiques, qui avaient solidement remporté tous leurs matchs précédents, ne laisse guère d'espoir aux Est-allemandes, menant rapidement 6 à 2. Si la RDA recolle à 7-6, l'URSS, grâce notamment au huitième but d'Olga Zoubareva, reprend sa domination (16-8 à la 41e minute) pour finalement s'imposer 18-13. L'URSS est championne olympique tandis que la Yougoslavie et l'Allemagne de l'Est, à égalité de points et ayant fait match nul, sont départagées à la différence de buts générale au profit des Yougoslaves. La RDA décroche donc la médaille de bronze avec dans ses rangs Roswitha Krause, athlète étonnante de longévité qui avait décroché une médaille d'argent en natation douze ans plus à Mexico.
A l'issue des deux derniers grands tournois de préparation (le tournoi des Carpates en Roumanie et le tournoi de Valladolid en Espagne), les techniciens acceptaient, semble-t-il, l'autorité et l'hégémonie soviétique d'un côté et le renouveau de la Roumanie de l'autre. Ces deux grandes nations étant toutefois dans la même poule, la seule certitude était de ne pas pouvoir assister à une finale URSS-Roumanie. Mais ce tournoi, dont l'issue, pour beaucoup, était connue d'avance, allait nous réserver son lot de surprises et de rebondissements extraordinaires[1] :
dans le Groupe A :
l'Espagne a commencé son festival en battant le Danemark, 4e au Mondial A de 78 ;
la Pologne, qui est pourtant apparue vieillissante pour certains joueurs et un peu inexpérimentée par ses jeunes joueurs, a laissé le Danemark à 14 buts (26-12). C'était le premier KO des Jeux olympiques.
l'Espagne bien partie s'est essoufflée. Elle a été tenue en échec par Cuba (24-24) ;
le Danemark s'est ressaisi après sa lourde défaite face à la Pologne mais s'est malgré tout incliné 15-16 face à la Hongrie ;
la Pologne s'est inclinée 22-24 devant une équipe d'Espagne plus combattante et orgueilleuse que jamais. La Pologne termine 4e derrière son adversaire du jour et descend dans le Mondial B avec le Danemark et la Suisse (Groupe B) ;
En revanche, pas de grand suspense à la tête de la poule puisque la RDA a fini en tête devant une excellente Hongrie.
dans le Groupe B :
l'Algérie a bien résisté face à la Yougoslavie 22-18 mais a ensuite connu les pires difficultés dues à son manque de préparation et au rajeunissement de son équipe ;
le Koweit, nouveau venu et entraîné par le Hongrois de Honved Adorjan, n'a fait que participer ! C'est bien pour l'Olympisme mais peu intéressant au plan de la compétition...
la Yougoslavie a battu la Roumanie 23-21, c'est le premier grand résultat, la Yougoslavie s'est immiscée entre la Roumanie et l'URSS ;
menée 9-15 à la mi-temps par l'URSS triomphante et jouant un handball de rêve, la Roumanie a totalement renversé la situation, refaisant progressivement son retard pour s'imposer 22-19 dans une ambiance dramatique ;
le match URSS - Yougoslavie est devenu décisif et les Yougoslaves, après avoir eu pendant 55 minutes leur place en finale olympique mais avoir raté 5 pénalties dans les 30 dernières minutes, sont battus de 5 buts (22-17) et termine même derrière la Roumanie, synonyme de match pour la 5e place ;
les Roumains ont eu eux aussi beaucoup d'émotions après avoir manqué au goal-average particulier leur place en finale du fait de la victoire soviétique face aux Yougoslaves. Ils doivent toutefois l'emporter contre la Suisse pour jouer la médaille de bronze. A égalité à 10 minutes de la fin, ils ne gagnent pourtant que 18-16 et évitent une humiliante défaite qui les aurait vu être relégués dans le Mondial B.
les finales voient aussi apporter leur lot d'imprévus :
l'Espagne repousse la future et jeune équipe yougoslave pour terminer à la cinquième place.
la Roumanie, quadruple championne du monde, n'est toujours pas championne olympique et doit se contenter d'une médaille de bronze glanée face à la Hongrie.
surtout la RDA, bien inspirée, bat l'URSS après prolongations en utilisant tous ses moyens face aux gigantesques et talentueux Soviétiques dont on se demande encore pourquoi et comment ils ont perdu.
L'URSS (+2), la Roumanie (+1) et la Yougoslavie (-3) sont départagés selon la différence de buts particulière entre les trois nations et comme 4 ans plus tôt, la Yougoslavie doit se contenter du match pour la 5e place.
Dans cette poule unique, l'URSS remporte tous ses matchs et conserve ainsi son titre olympique. La Yougoslavie et l'Allemagne de l'Est, à égalité de points et ayant fait match nul, sont départagées à la différence de buts générale au profit des Yougoslaves. Pour la même raison, la Hongrie se classe 4e devant la Tchécoslovaquie.
Le Danois Jack Falk Rodil et le Yougoslave Milan Valčić participent à leurs troisièmes Jeux olympiques tandis que neuf autres arbitres ont précédemment officié à Montréal en 1976.
Notes et références
Notes
↑Il s'agit de la 3e apparition à 7 joueurs et en salle mais la 4e apparition du handball masculin aux Jeux olympiques, la première (en 1936) s'étant jouée à 11 joueurs et en plein air.
↑L'Égypte, 2e de la CAN, fait partie des pays boycottant les JO.
↑La Corée du Sud et Taïwan, respectivement 2e et 3e du tournoi de qualification d'Asie, font partie des pays boycottant les JO. Le Japon et la Chine, respectivement 1er et 2e du Championnat d'Asie 1979, faisant également le boycott, le représentant du continent asiatique s'est porté sur le Koweït, 3e du Championnat d'Asie 1979.
↑(en + fr) « Classement des buteurs », dans Official Reports of the 1980 Olympic Games, vol. 3 : Participants et résultats, CIO (lire en ligne), p. 357.
(en) « Handball & Jeux olympiques 1936-2000 » [PDF], sur Site officiel de la Fédération Internationale de Handball (IHF) (consulté le ), p. 18 à 21
(en) Jeux de la XXIIe Olympiade Moscou 1980, vol. 3 : Participants et résultats, LA84 Foundation, 640 p. (lire en ligne), p. 340 à 363 (consulté le 4 mai 2024)