Guillaume de Beaujeu (parfois cité comme Guillaume de Beaulieu)[1], est mort en 1291 lors du Siège de Saint-Jean-d'Acre, était le 21e maître de l'Ordre du Temple et le dernier en Terre sainte. Son secrétaire, le Templier de Tyr, affirme que sous son mandat le Temple fut « honoré et redouté »[2]. Le sultan Malik al-Arshaf, son ennemi, l'appelle « véritable et sage » dans une lettre de 1290[3]. Il a été l'ami de plusieurs souverains occidentaux et orientaux.
Origine
Guillaume de Beaujeu est membre de la famille de Beaujeu en Beaujolais. Son père, Guichard de Beaujeu-Montpensier, est cousin du roi de France Louis VIII[4]. Guillaume est, de ce fait, un cousin issu de germain de Louis IX et de Charles Ier d'Anjou[5]. Il est parfois présenté comme étant originaire de Bourgogne[6] et seigneur de Sevans[7] mais il s'agit d'un autre Guillaume de Beaujeu qui n'a rien à voir avec le grand-maître du Temple. En effet, posséder une seigneurie en son nom propre était impossible pour un templier.
La réception de Guillaume de Beaujeu s'est faite avant 1253[10], peut-être même avant 1250 car il n'accompagne pas ses frères et son oncle à la septième croisade. Il est envoyé en Terre sainte entre cette date et 1260, date à laquelle il fait partie d'une expédition contre des Turcomans dans la région de Tibériade. Il est fait prisonnier au cours d'une embuscade et est racheté par rançon avec d'autres frères du Temple[11].
Durant les années 1260, il assista à la guerre de Saint-Sabas entre communes italiennes, guerre qui divisa profondément la noblesse des Etats latins d'Orient et les ordres militaires. Baybars, sultan mamelûk d'Egypte, en profita pour conquérir de nombreuses places fortes chrétiennes et pour détruire la principauté d'Antioche[12].
En 1271, Guillaume de Beaujeu est commandeur de la province de Tripoli[13] puis maître de la province du royaume de Sicile durant deux ans[14]. Il est probablement envoyé là-bas pour prendre contact avec Charles d'Anjou, son cousin, dont les ambitions méditerranéennes pouvaient servir à sauver l'Orient latin menacé par les Mamelûks[15].
Il participe d'abord au deuxième concile de Lyon où il défend son ordre et prépare le terrain pour Charles d'Anjou en s'opposant au projet de croisade de Jacques Ier d'Aragon[21]. Il part ensuite en Angleterre afin de récupérer les sommes importantes empruntées par Édouard Ier d'Angleterre (acte signé à Londres le )[6].
Pendant une dizaine d'années, il entretient des relations cordiales avec les Mamelouks évitant une nouvelle vague de conquête. Les Angevins offrent aux États latins une respiration temporaire, jusqu'à ce que les Vêpres siciliennes viennent mettre fin aux prétentions de Charles Ier d'Anjou sur le reste de la Méditerranée. Guillaume de Beaujeu, désormais seul maître en ville, permet le retour des Lusignans de Chypre sur le trône de Jérusalem et appelle de ses vœux une nouvelle croisade qui ne verra pas le jour. Cependant, ça serait à cause d'un incident entre des italiens et des musulmans d'Acre que se serait rallumé la guerre avec l'Egypte. En 1291, le sultan d'Égypte, Al-Achraf Khalîl, débute le siège de Saint-Jean-d'Acre. Guillaume de Beaujeu, qui aurait tout fait pour éviter cette situation, appelle les princes francs à l'aide. Il aurait activement participé à la défense de la ville en conduisant plusieurs sorties. Lorsque les Mamelouks parviennent à rompre les remparts d'Acre et y pénètrent le , il se serait lui-même rendu à la brèche, accompagné de chevaliers du Temple et du maître de l'Hôpital, Jean de Villiers. Pendant le combat, il reçoit une flèche sous l'aisselle. Étant ramené vers les lignes arrière, il aurait été apostrophé par des chevaliers pisans qui l'auraient supplié de ne pas fuir, et à qui il aurait répondu : « je ne m'enfuis pas, je suis mort », avant de se rendre à la commanderie où il succombera peu après de ses blessures. Il est enterré dans la chapelle du Temple, au moment durant lequel les assiégeant prenaient la ville. Tandis que Thibaud Gaudin, son futur successeur, organise l'évacuation des trésors du Temple[23], Pierre de Sevry, maréchal de l'ordre, supervise la dernière défense de la ville.
Les hommes de son temps
Au cours de sa vie et comme maître de l'ordre du Temple, Guillaume de Beaujeu a côtoyé des hommes remarquables :
Nicolas Lorgne, grand maître des Hospitaliers, à l'origine de la médiation entre le prince d'Antioche et les Templiers[6].
Jean de Villiers, également grand maître des Hospitaliers qui était à ses côtés lors de la bataille de Saint-Jean d'Acre.
Notes
↑« et frere Goufier fu fait commandeor grant; tenant lieu de maistre ». Ce titre correspond au grand commandeur par intérim de la règle du Temple[17]. Guillaume de Ponçon l'était avant l'élection et ce frère le fut en attendant que Guillaume de Beaujeu rejoigne l'Orient.
↑Guillaume de Ponçon était maître de la province d'Aragon (1262-1266) avant de rejoindre la Terre sainte. Il a tenu lieu de maître de l'ordre à la suite du décès de Thomas Béraud et jusqu'à l'élection de Guillaume de Beaujeu, cf. L'Estoire d'Eracles.
↑Gaston Raynaud, Les Gestes des Chyprois, recueil de chroniques françaises écrites en Orient aux XIIe et XIIIe siècles, Genève, Société de l'Orient latin, , p. 164
↑Jean Richard, Histoire des croisades, Paris, Fayard, , pp. 403-433
↑Amédée-Louis-Alexandre Trudon des Ormes, « Liste des maisons et de quelques dignitaires de l'ordre du Temple en Syrie, en Chypre et en France d'après les pièces du procès », dans Charles-Jean-Melchior de Vogüé, Revue de l'Orient latin, vol. V., Paris, Ernest Leroux, (réimpr. 1964) (ISSN2017-716X, lire en ligne), p. 434
↑Demurger 2002, p. 66-69 ; (la) Reinhold Röhricht, Regista Regni Hierosolymitani (1097-1291) : Edidit, (lire en ligne), p. 360 (N°1387) ; « L'Estoire de Eracles empereur et la conqueste de la terre d'Outremer », dans Recueil des historiens des croisades. Historiens occidentaux., t. II, , p. 463, lire en ligne sur Gallica
Mai 1273: « frere Guillaume de Biaujeu, qui estoit Outre mer commandeor du Temple en Puille ».
↑Louis de Vasselot, Guillaume de Beaujeu, dernier grand-maître du Temple en Terre sainte, , pp. 46-49
↑Gaston Raynaud, Les Gestes des Chyprois, recueil de chroniques françaises écrites en Orient aux XIIe et XIIIe siècles, pp. 241-251
Voir aussi
Bibliographie
(de) Marie Luise Bulst-Thiele, Sacrae domus militiae templi hierosolymitani magistri, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, coll. « Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Philologisch-historische Klasse », , 416 p. (ISBN3-525-82353-3, présentation en ligne)