La ville était appelée Triple en ancien français du Liban médiéval[3]. Elle sera ensuite appelée Tripoli de Syrie, par opposition à Tripoli en Libye[4].
Localisation du village.
Histoire
Le nom de la cité proviendrait du grec Tripolis[5],[6]. Elle aurait été nommée ainsi du fait de sa séparation en trois parties distinctes par les commerçants venant de Tyr, Sidon et Aradis. Dans l'Antiquité, c'était une cité phénicienne florissante, tournée vers le commerce maritime. À l'instar ses autres cités-États phéniciennes, elle était dirigée par un roi. C'était une monarchie. Ce roi était assisté par un Conseil des Anciens. Vers 825-800 av. J.-C., des marchands grecs venus de l'île d'Eubée fondèrent un port de commerce sur le site voisin d'El Mina, commerçant ainsi davantage avec les autochtones. En 333 av. J.-C., la cité tombe sous la domination d'Alexandre le Grand.
À partir de 1070, Tripoli est sous la domination de la famille Banû ’Ammâr, qui s'est rendue indépendante des califes fatimides d'Égypte. En 1102, lors de la première croisade, la ville est assiégée par Raymond IV de Saint Gilles et défendue par le cadiFakhr al-Mulk ibn-Ammar. Le siège dure près de 10 ans, infligeant de lourds dégâts à la ville, qui tombe aux mains des croisés en 1109. Elle est ensuite, durant le temps des croisades, la capitale du comté de Tripoli, l'un des principaux États francs du Levant. En 1289, les mamelouks, emmenés par le sultan Al-Mansûr Sayf ad-Dîn Qala'ûn al-Alfi, conquièrent la ville. Le commerce est un des atouts de la ville, les principaux flux monétaires se font entre les grandes familles de la région du levant via la Banque Raffoul. Actuellement, le port garde son ampleur mais le flux s'est concentré sur la capitale, Beyrouth.
Du temps des Mamelouks, Tripoli garde encore un cachet tout spécial constitué par les nombreux monuments religieux reconnus par les couleurs blanches et noires de leurs façades. La vieille ville renferme des églises et quelques mosquées hors du commun.
On retrouve, dans le cœur de Tripoli, les souks El Bazerkane et Al-Attarine, Bab el Ramal, de vieilles maisons ou d'anciens palais marqués par le temps et les décennies de négligence, témoins du faste de la ville, ainsi que des maisons méconnues car cachées. Tripoli possédait plusieurs portes qui ont disparu mais qui ont donné leurs noms à des quartiers résidentiels de la ville. Ce sont Bab El Tabaneh (porte de la paille), Bab El Hadid (porte de fer, hadid) et Bab El Ramal (Porte du sable, raml). D'autres quartiers forment la ville de Tripoli, dont Al-Qobeh et Abou Samra situés sur les deux collines de la ville, Zahrieh, Tal, Azmi, Tariq el Mina, aussi bien qu'Aswaq, Swaiqa, Hadadine, etc.
Le , le HMS Victoria (1887) entre en collision avec le HMS Camperdown au cours de manœuvres près du port de Tripoli. Le premier coule rapidement, emportant avec lui 358 membres d’équipage, y compris le commandant de la flotte britannique de Méditerranée.
Durant la guerre du Liban, entre 1975 et 1990, des affrontements se déroulent à Tripoli, comme dans toutes les grandes villes du pays.
Dans la nuit de l'Aïd el-Fitr du 3 au , un attentat entraîne la mort de deux soldats de l'armée libanaise, deux membres des forces de sécurité ainsi que celle du kamikaze[8].
À Tripoli, 36 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et 60 % des jeunes sont au chômage[9].
Climat
Tripoli connaît un climat méditerranéen plus frais qu'à Beyrouth ou dans d'autres villes côtières du Liban. Le climat est plus humide, avec 1 020 mm de précipitations annuelles moyennes, comparées à 850 mm à Beyrouth, et plus influencé par les vents froids de l'est venant des montagnes, qui rendent la période estivale assez agréable, avec une moyenne de 28 °C en juillet, alors que Beyrouth atteint 34 °C).
Si la ville de Tripoli abrite quelque 190 000 habitants, la taille démographique de l'agglomération peut être estimée à 250 000 à 300 000 résidents, selon les critères et limites retenus[réf. nécessaire].
En effet, la croissance urbaine a repoussé les limites de son agglomération, laquelle intègre désormais sur son flanc méridional les municipalités de Ras Maska[11][source insuffisante] et Al-Qalamoun, qui concentrent la majorité des infrastructures balnéaires de l'agglomération[12]. À l'est, sur le plateau, la jonction urbaine avec l'agglomération de Zghorta est progressivement réalisée le long des axes routiers. Les espaces agricoles liés à la culture de l'olivier, qui séparaient autrefois les centres urbains de Tripoli et de Zghorta distants de quelque 5 kilomètres, sont l'objet d'un mitage de plus en plus intense sous l'effet d'une pression immobilière exacerbée par des pratiques de rente et spéculatives[13]. Au nord, l'urbanisation est désormais continue avec les communes du district de Minié et le long de l'autoroute qui mène à la région du Akkar et à la frontière syro-libanaise. Seuls les terrains en friche de l'ancienne raffinerie de l'Iraq Petroleum Company et un vaste camp militaire rompent momentanément la continuité du tissu urbain.
Le port
L'agglomération possède un port commercial situé originellement sur la localité d'El-Mina mais dont l'extension contemporaine se répartit sur les municipalités d'El-Mina et de Tripoli. Le port constituait autrefois l'une des échelles du Levant. Sa position à proximité de l'ensellement de Homs (passage autrefois surveillé par le Krak des Chevaliers) rendait faciles les relations avec un vaste hinterland étendu du Nord au Sud d'Alep à Damas et se prolongeant vers l'est jusqu'en Irak. Plusieurs facteurs expliquent pour partie le déclin relatif du port.
À partir du milieu du XIXe siècle, la forte croissance urbaine de Beyrouth et sa constitution progressive en centralité économique et politique relègue le port de Tripoli au second plan. Le choix, par l'administrateur français, de deux zones mandataires distinctes et, dans son sillage, la création de deux États indépendants (Liban et Syrie) poussent l'administration du nouvel État syrien à développer ses propres infrastructures portuaires (Lattaquié, Tartous, Baniyas) tandis que la frontière sectionne l'hinterland naturel du port de Tripoli et rend plus difficile son exploitation commerciale. La fermeture de la liaison ferrée vers Homs, puis celle du pipeline ainsi que les destructions des infrastructures portuaires et industrielles engendrées par la guerre civile et les crises régionales limitent drastiquement les activités portuaires[14].
Depuis la fin du conflit civil et à la faveur des deux guerres du Golfe, le port recouvre une partie de son intérêt national et régional. Depuis une vingtaine d'années, les infrastructures sont progressivement réhabilitées et améliorées à la suite de plusieurs plans de développement (extension des quais, curage des bassins, création d'une zone franche, etc.). D'autres projets sont en cours de réalisation (nouvelle digue, extension des capacités de stockage, etc.) ou encore sous étude (nouvelle interconnexion au réseau ferré).
Après d'importants travaux commencé en 2016, la capacité d'accueil de la zone portuaire est multipliée par trois, de nouveaux équipements sont mis en place, dont deux grues géantes, et une zone économique spéciale (ZES) est créée. La modernisation du Port servira à accueillir les importants flux commerciaux en transit pour la reconstruction de la Syrie, quand un accord de paix sera établi[15],[16].
Fin février 2021, l'annonce a été faite du rachat du terminal pour navires porte-conteneurs exploité jusqu'ici par la société émirati Gulftainer par le groupe de transports maritimes et logistique franco-turc CMA CGM[17].
Le port de Tripoli représente 20 % du flux de marchandises au Liban, contre 80 % pour le port de Beyrouth[18].
L’île des palmiers, appelée aussi « île des lapins », est un lieu de détente situe à 5 km du bord de la plage de Tripoli, à dix minutes en bateau. Son nom vient du très grand nombre de lapins introduits sur l’île par les français afin de satisfaire leur passion de la chasse pendant le mandat français.
Le rivage de l’île se compose de deux parties, sablonneuse au nord et rocheuse ailleurs. Ce groupe de petites îles au large de Tripoli n'est plus habité, mais des vestiges de puits, d’anciennes salines et une église construite au temps des croisés sont les preuves d'une colonisation humaine passée.
La réserve a été proclamée « zone méditerranéenne spécialement protégée » dans le cadre de la convention de Barcelone et « Zone importante pour les oiseaux ». Le peuplement d’oiseaux constitue l'une des principales richesses. Les plages des îles sont également un lieu de ponte pour les tortues de mer. Certaines espèces végétales en voie de disparition se sont acclimatées sur l’île. L'été uniquement, certaines parties de la réserve sont ouvertes au public.
Contrairement aux autres khans construits autour d’une cour carrée, el-Khayyatin, construit au XIVe siècle, est un long passage de 60 mètres de long bordé de grands arcs de chaque côté.
Khan el-Saboun, le khan du savon
Le khan, construit au XVIIe siècle autour d’une cour carrée ornée d’une fontaine, séduit par ses ateliers de fabrication de savon et ses boutiques.
Autres lieux
L'église Saint-Jean, la Grande Mosquée (1294), les mosquées Taynal (1336), Al-Mualaq (milieu du XVIe siècle) et Burtasiyat Madrassa (XIVe siècle).
Les hammams izz ed-Dine (1298) en restauration, An-Nourri (1333)[19], el-Abed (XVIIe siècle) et al-Jadid ou « nouveau bain » (1740).
↑Nom qui lui vient du parfum autrefois dégagé par les vergers d'agrumes en fleurs, plantations qui recouvraient l'ensemble de la plaine littorale et qui assurèrent, durant plusieurs siècles, une partie de la prospérité économique de la cité.
↑B. Dewailly, « Les transformations du leadership tripolitain : le cas de Nagib Mikati », dans F. Mermier et S. Mervin (dir.), Leaders et partisans au Liban, Karthala-IFPO-IISMM, Paris, p. 166, 2012, en ligne sur HAL-SHS.
↑Pour le linguiste libanais Anis Freyha, cette interprétation communément admise ne serait pas raisonnable. Le mot « Tripoli » ne peut être d'origine grecque puisque la fondation de la ville précèderait l'influence hellénique sur l'est du bassin méditerranéen. Freyha propose une lecture différente en rapprochant le Tripoli de « Tour-Bil », qui veut dire « la montagne du dieu Bil ». Cette hypothèse peut être reliée à l'existence d'une colline dénommée Turbul qui jouxte la cité. Voir A. Freiha, Dictionnaire des noms de ville et de villages au Liban (en arabe), 1985, Librairie du Liban, Beyrouth.
↑Un autre argument qui plaide en faveur de la non-hellénité du nom de Tripoli est l'existence d'une autre localité au nom de Jarablous (Syrie du Nord, province d'Alep), qui rime avec Tarablous. Une analyse philologique pourrait révéler les rapports linguistiques entre ces deux noms et consolider davantage l'hypothèse que le nom de Tripoli ne vient pas du grec[Interprétation personnelle ?].