Le constat général dix ans après l'article inscrivant l'égalité entre femmes et hommes dans la constitution suisse est que ce dernier n'est pas appliqué et que l'égalité en matière de salaires n'est pas atteinte[1].
L'USS organise ensuite le mouvement au niveau fédéral[4] pour l'anniversaire des 10 ans de l'inscription de l'égalité hommes-femmes dans la Constitution fédérale à la suite de la votation populaire du , afin de demander son application concrète :
« L’homme et la femme sont égaux en droits. La loi pourvoit à l’égalité, en particulier dans les domaines de la famille, de l’instruction et du travail. Les hommes et les femmes ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale. »
— Accepté en votation populaire du 14 juin 1981[5].
Au niveau des cantons, l'organisation est souvent décentralisée et a parfois pris la forme de collectifs comme dans le canton de Genève, le « collectif du » qui s'est formé dès l'automne 1990 et qui a poursuivi son action après le [6].
Certains employeurs menacent de représailles et de licenciement, considérant que cette grève remet en cause le concept suisse de paix du travail[1].
Revendications
Le manifeste du exprime neuf revendications pour cette grève[7] :
la création de possibilités de formation, de perfectionnement, de recyclage du travail et de promotion professionnelle
l'interdiction du travail de nuit et du dimanche des femmes et des hommes
la création de crèches et de systèmes de garde d'enfant à des prix accessibles
le partage égal des tâches familiales entre les femmes et les hommes
le respect des femmes dans la société notamment la possibilité de ne pas être exposées aux abus sexuels et à la violence
Conséquences
La grève a eu d'importants retentissements en Suisse. Près d'un demi-million de femmes, soit une sur quatre, descendent dans la rue pour manifester[4],[8].
Médiatisation
La grève est relayée dans les médias suisses et internationaux, la Pravda, journal officiel du Parti communiste en URSS consacrant même un article à l'évènement[9]. L'article du journalsoviétique, qui s'étonne du retard de la Suisse en matière de droits des femmes est à son tour repris par la presse suisse qui cite les propos suivants:
« Même en Suisse, un pays si aisé, il y a une raison de faire la grève »
En Suisse romande, Valérie Hoffmeyer note, dans le Journal de Genève en 1991, qu'à Genève, les esthéticiennes et les coiffeuses sont toutefois les oubliées de la grève[11]. Le , la Gazette de Lausanne consacre un dossier au sujet de l'inégalité entre hommes et femmes[12], évoquant le manque de crèches, la grève des femmes journalistes du Palais Fédéral et le Congrès suisse des intérêts féminins de 1975 durant l'année internationale de la femme, ainsi que le Rapport de la Commission nationale suisse pour l'Unesco sur la situation de la femme dans la famille[13],[14]. L'Hebdo consacre également une double prise de position au sujet[15].
En 1996, l'article constitutionnel sur l'égalité est mis en œuvre législativement, notamment grâce à la grève du : c'est la loi fédérale sur l’égalité (LEg)[16].
La journée du 14 juin est demeurée une journée emblématique de la lutte pour les droits des femmes en Suisse, particulièrement autour des thématiques d'égalité[17],[18]. Chaque année, des actions sont organisées le [19],[20],[21] en faveur de l'égalité entre hommes et femmes, surtout en matière d'égalité salariale. Le [8], une autre manifestation d'ampleur nationale est organisée pour fêter, entre autres, les 20 ans de cette manifestation[22],[23],[24],[25].
↑Marina Decarro et Annette Zimmerman, « Actions du Collectif du 14 juin pour l’égalité à l’école », Nouvelles Questions Féministes, vol. 29, , p. 138–142 (ISSN0248-4951, lire en ligne, consulté le ).
↑Collectif 14 juin de Genève, Fuchsia, femmes en grève à Genève, Genève, collectif 14 juin, , 112 p., les neuf raisons de faire grève le 14 juin, pages 6 et 7.
↑ a et bIsabelle Eichenberger, « Vingt ans après leur grève, les femmes dans la rue », SWI swissinfo.ch, (lire en ligne, consulté le ).
↑Olivier Perrin, « «Même en Suisse, il y a une raison de faire grève», disait la «Pravda» en 1991 », Le Temps, (ISSN1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
↑Marylou Rey et Jean-Claude Péclet, « Grève du 14 juin », L'Hebdo, (lire en ligne).
↑Gaby Ochsenbein, « Le 14 juin 1991: un jour qui est entré dans l’histoire », SWI swissinfo.ch, (lire en ligne, consulté le ).
↑« 14 JUIN 2008 - Pour cette date symbolique, les associations féminines invitent à un spectacle-rencontre. », LeCourrier, (lire en ligne, consulté le ).
↑auteures et a autrices divers, « ACTUELLEMENT (dossier du 14 juin) », LeCourrier, (lire en ligne, consulté le ).
↑Dominique Hartman, « Vingt-cinq ans plus tard, elles luttent toujours », LeCourrier, (lire en ligne, consulté le ).
Clio Devantéry, « Rejouer un même pourtant si différent du 14 juin 1991 au 14 juin 2019, la grève des femmes vue par 24 Heures », Revue historique vaudoise, vol. 129, , p. 135-145 (ISSN1013-6924).