Georges Mauco est le fils d'un garçon de café devenu propriétaire[3]. Il est élevé à la campagne[3]. Il est mobilisé en 1918 dans l'armée d'Orient, et est démobilisé avec le grade de maréchal des logis[3]. Après la guerre, Georges Mauco fait une licence d'histoire à la faculté de lettres de Paris[3]. Il obtient un poste de maître d'internat à l'école normale des instituteurs de la Seine[4]. Il s'intéresse à la pédagogie psychanalytique et lit à cet effet l'œuvre de René Spitz, ce qui l'amènera à entreprendre une analyse avec René Laforgue[4].
Démographe
En 1935, Mauco intègre le secrétariat général du Comité d'études du problème des étrangers, à la demande de son fondateur, Henry de Jouvenel. À la mort de Jouvenel, Adolphe Landry, l'un des trois vice-présidents du comité (avec René Martial et William Oualid) fonde alors le Comité français de la population, dont Mauco devient le secrétaire général. Lorsque Landry est élu à la présidence de l'Union scientifique internationale de la population, Mauco devient également secrétaire général de cette instance, et ce jusqu'en 1953[5].
Au début de l'année 1938, Mauco est nommé membre du cabinet de Philippe Serre, lorsque celui-ci est d'abord sous-secrétaire d'État au Travail du au , puis du au et sous-secrétaire d'État chargé des services de l'immigration et des étrangers du au [5].
Idéologue de droite et antisémite
En 1932, il soutient une thèse de doctorat intitulée Les Étrangers en France. Leur rôle dans la vie économique[3]. Dans celle-ci, « il s'attache à décrire minutieusement l'évolution des flux d'immigration en France au cours des années récentes, leur répartition territoriale, professionnelle et par nationalité », tout en évaluant les « problèmes de l'immigration » et le « degré d'assimilabilité » des immigrés selon leur origine ethnique[6].
La thèse est publiée l'année-même, et elle lui permet d'obtenir le prix de la meilleure thèse décernée par l'hebdomadaire maurrassien et antisémiteCandide[6].
Dans les années 1930, Mauco adhère au Parti populaire français (PPF). En 1940, dans un article intitulé « Révolution 1940 », il s'attaque au libéralisme, qui « pénalise lourdement la famille et la race » au profit de l'individu, et à la démocratie, qui favorise selon lui le « développement de l'esprit de calcul » et qui « cultive l'individualisme, une capillarité sociale stimulée par le désir inapaisable de plus de jouissance et de considération, aboutissait à la mort lente de la France »[5]. Contre cette démocratie libérale, il voit la révolution fasciste d'un bon œil : « le fascisme fait la révolution socialiste dans l'ordre, le communisme le fait dans la destruction et la ruine générale »[7].
Néanmoins, Mauco démissionne du PPF le , puis se rapproche de la Résistance. Au début de 1944, il rejoint le groupe FFI Foch-Lyautey et participe à la libération du quartier d'Auteuil, à Paris[8].
Secrétaire général du Haut Comité consultatif de la population et de la famille (1945-1970)
Georges Mauco échappe à l'épuration, malgré ses prises de position et les articles publiés dans L'Ethnie française, grâce à ses relations avec le général de Gaulle[3]. Celui-ci le nomme secrétaire au Haut Comité consultatif de la population et de la famille. L'instance est notamment chargée de participer à la rédaction de l'ordonnance du sur l'entrée et le séjour des étrangers.
Activités de psychanalyste
Georges Mauco ayant fait une analyse après la Première Guerre avec René Laforgue dans le cadre de la Société psychanalytique de Paris[3], lorsque Laforgue est mis en cause après 1944 pour son attitude durant la guerre et ses tentatives de collaboration avec l’Institut Göring de Berlin contrôlé par les nazis, Georges Mauco prend son parti, indiquant que, selon lui, l'épuration dont sont victimes plusieurs psychanalystes est due à de la « jalousie professionnelle » et que Laforgue serait accusé par des personnes qu'il avait aidées. Il ajoute que « Les Juifs ayant connu l'angoisse et le refoulement de leur agressivité » se montrèrent « particulièrement inquisiteurs » et il indique que les membres de la SPP demandant l'épuration de Laforgue étaient surtout formés de « juifs particulièrement hostiles aux collaborateurs ou jugés comme tels, et certains même communistes actifs »[9].
À propos des éléments idéologiques qui séparent la Société psychanalytique de Paris et la Société française de psychanalyse, Élisabeth Roudinesco évoque « les manifestations inconscientes de judéophobie et d'anti-internationalisme » de Georges Mauco et d'autres, au sein de la Société psychanalytique de Paris, tout en indiquant leur moindre prégnance par rapport aux conflits d'avant-guerre[10].
Georges Mauco participe le à la fondation du syndicat national des psychologues psychanalystes, au domicile de Didier Anzieu, dont il prend la présidence tandis que Didier Anzieu en devient le secrétaire général[12].
Patrick Weil, « Georges Mauco, expert en immigration : ethnoracisme pratique et antisémitisme fielleux », dans Pierre-André Taguieff, L'antisémitisme de plume 1940-1944, études et documents, Paris, Berg International, , p. 267-276.