Né au bord du chenal Tardif à Saint-Thomas-de-Pierreville, dans la campagne du comté de Yamaska, dans le centre-du-Québec, Georges-Alexandre Courchesne est fils d'un agriculteur, Alexandre Courchesne. Il ne connut pas sa mère, Célina Bazin et il est élevé par des tantes et sa sœur Catherine. Il quitte le domicile familial à 12 ans pour entreprendre des études classiques et théologiques au Séminaire de Nicolet. Il est ordonné prêtre à Nicolet en 1904[1].
Lecteur avide, ses qualités intellectuelles le destinent à l'enseignement. Il séjourne pendant trois ans à Rome, Paris et Fribourg entre 1909 et 1911 afin de parfaire sa formation, où il s'intéresse particulièrement à la situation sociale et politique française[1].
Ses différentes activités le poussent au surmenage et à la dépression. Il quitte Nicolet pour un séjour de trois ans aux États-Unis, où il observe les communautés franco-américaines du New Hampshire, du Massachusetts et de l'Illinois. Il participe à la vie religieuse et sociale de ces communautés et encourage le développement de regroupements de la diaspora canadienne-française. Durant ce séjour, il développe son nationalisme en opposition au melting pot, « une idéologie païenne d'une civilisation qui ne sait qu'absorber et anéantir les autres civilisations », pour reprendre l'expression des historiens Bélanger et Voisine[4].
En 1919, il devient principal de l'École normale de Nicolet et quatre ans plus tard, il devient responsable des cours de pédagogie à la nouvelle École normale supérieure de l'Université Laval à Québec[2], un poste qu'il occupe jusqu'à sa nomination comme évêque de Rimouski. C'est durant cette période qu'il couche sur papier sa conception de l'enseignement qui sera publiée en 1927 dans un imposant ouvrage intitulé Nos Humanités, fruit d'une quinzaine d'années de réflexion sur la rénovation du cours classique[2].
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Il est nommé évêque par Pie XI en 1928 et consacré à l'épiscopat par MgrRaymond-Marie Rouleau. Dès sa nomination à ce diocèse qu'il décrit comme « le plus entièrement rural et agricole du Canada », Mgr Courchesne identifie rapidement le premier problème auquel il veut s'attaquer. Constatant la « surpopulation » des anciennes paroisses du diocèse, le nouvel évêque s'applique à faire ouvrir de nouveaux territoires à la colonisation[3].
L'ouverture de nouveaux territoires à la colonisation est un exutoire obligé durant la crise économique des années 1930, compte tenu de la fermeture de la frontière américaine et du chômage massif dans les villes canadiennes. Les gouvernements, et en particulier le gouvernement du Québec, s'allie aux sociétés de colonisation des diocèses pour relancer un mouvement vers l'intérieur qui semblait moribond quelques années plus tôt. Entre 1931 et 1941, 22 000 personnes s'ajoutent à la population des fermes dans la région du Bas-Saint-Laurent[6].
Cette volonté se heurte toutefois à l'intention de l'International Paper d'inonder une partie du territoire du Témiscouata afin d'alimenter une nouvelle centrale hydroélectrique à Grand-Sault, au Nouveau-Brunswick. Le projet de construction d'un barrage sur la rivière Touladi aurait augmenté le niveau d'eau d'une quinzaine de mètres, inondant la région de Squatec, de Lac des Aigles et le sud-est du comté de Rimouski. Le nouvel évêque prend la tête du mouvement d'opposition au projet et organise une délégation de 150 personnes qui convainc le gouvernement du premier ministre Louis-Alexandre Taschereau de suspendre le projet[7].
La promotion de la colonisation, « qui prend l'allure d'une véritable croisade » durant la Grande Dépression, en raison de ses dimensions patriotique et religieuse, pour reprendre l'expression des historiens bas-laurentiens Fortin et Lechasseur. Le mouvement est encadré par différentes institutions, cercles et autres organisations dirigées ou supervisées par le clergé. À ces organisations, Mgr Courchesne ajoute une dimension éducative, en introduisant une des cours postscolaires pour les agriculteurs membres de l'Union catholique des cultivateurs du diocèse, une idée qui s'étendra ailleurs au Québec au cours de la décennie[8].
En parallèle à son combat personnel en faveur de l'extension de la colonisation, Mgr Courchesne se considère d'abord et avant tout comme un pédagogue, affirmant que son premier devoir est « d'enseigner au nom de l'Église ». Devenu évêque il conjuguera longtemps sa responsabilité épiscopale à une carrière de principal et professeur à l'École normale de Rimouski[9].
Mgr Courchesne meurt à 70 ans d'une crise cardiaque, le vers 23 h[10]. Il laisse l'Église catholique de l'Est-du-Québec au faîte de sa puissance[11]. Au cours de son épiscopat, 24 nouvelles paroisses et 17 dessertes ont été créées dans l'archidiocèse, portant le nombre total de paroisses à 99[12]. Décrite comme « le dernier bastion de l'idéologie conservatrice et ruraliste de l'Église traditionnelle québécoise », le nouveau titulaire du diocèse, Mgr Charles-Eugène Parent devra toutefois composer avec une modernisation des institutions et des idées, promue par l'Église de Montréal[11].
Œuvres
Georges Courchesne, Nos Humanités, Nicolet, Procure de l'École normale, , 720 p. (OCLC38077877)
Hommages
Une rue de l'ancienne ville de Sainte-Foy, maintenant dans la ville de Québec a été nommée en son honneur en 1956.
↑Canadian Press, « S. E. Mgr Georges Courchesne, archevêque ed Rimouski, est décédé tard hier soir », Le Devoir, Montréal, , p. 3 (lire en ligne, consulté le )
Noël Bélanger et Nive Voisine, « Portrait d'un homme libre : Mgr Georges Courchesne (1880-1950) », Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. 2, nos 3-4, , p. 20-38 (ISSN0319-0730, lire en ligne, consulté le )
Noël Bélanger, Mgr Georges Courchesne, 1880-1950, Rimouski, Archevêché de Rimouski, , 223 p. (ISBN2-9804261-2-1)
Jean-Charles Fortin, Antonio Lechasseuret al., Histoire du Bas-Saint-Laurent, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, coll. « Les régions du Québec » (no 5), , 860 p. (ISBN2-89224-194-4)
Nive Voisine, « Les rendez-vous de Rimouski de Mgr Georges Courchesne », Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, vol. 18, no 2, , p. 33-39 (ISSN0319-0730, lire en ligne, consulté le )