Mise en service en 1843 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO), elle devient au début des années 1860 une gare commune du PO et de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM), avec création d'une gare marchandises. Dans les années 1880, s'y ajoutent les trains de la ligne de la grande ceinture de Paris, ce qui nécessite l'ouverture du triage de Juvisy. Durant la première moitié du XXe siècle, les trafics voyageurs et marchandises continuent leur progression jusqu'à l'anéantissement du triage par des bombardements en 1944. Ensuite, le trafic voyageurs prend le dessus sur celui des marchandises ; le triage est fermé en 1986, et un projet de refonte de la gare voyageurs émerge au début du XXIe siècle.
Carrefour ferroviaire majeur de la banlieue sud de Paris, Juvisy est la plus grande gare francilienne en nombre de voies (hors Paris intra-muros), avec treize voies dont douze à quai.
La ligne passe par Juvisy où la bifurcation vers Étampes et Orléans, en construction, impose l'ouverture d'une gare que la compagnie n'avait pas prévue à l'origine. En 1841, Désiré Dalloz, qui dispose d'une maison à proximité, sur la commune de Draveil, cède une partie de son terrain pour la réalisation d'un chemin d'accès pour la nouvelle gare de Juvisy[3].
La gare provisoire en 1843.
Bien qu'il y ait sans doute eu déjà un baraquement pour gérer la bifurcation pendant les travaux de construction de la ligne, la compagnie, dans son assemblée générale du 6 octobre 1842, indique qu'il est prévu la construction d'une station à Juvisy « au point de bifurcation des deux lignes de Corbeil et d'Orléans »[4].
Les 102 kilomètres de la ligne d'Orléans, depuis Juvisy, sont mis en service le 5 mai 1843 par la compagnie du PO[5]. La station de Juvisy est officiellement mise service le 10 juin 1843 avec un bâtiment provisoire en bois édifié en travers des deux branches de la bifurcation[6].
En 1846 – 1847, le bâtiment provisoire est détruit pour être remplacé par une construction en maçonnerie, due à Adolphe Jullien, ingénieur des travaux de la compagnie[6].
Le nombre des dessertes de la gare continue à progresser ; en 1850, il y a quotidiennement plus de 14 arrêts de trains dans chaque sens. Pour rejoindre ou revenir de Paris, il faut 27 minutes par un train direct et 44 minutes par un omnibus[7].
En 1851, la commune compte 409 habitants, ce qui marque une baisse démographique par rapport à 1846 (444 h), l'arrivée du chemin de fer a eu un impact négatif sur les commerces du village qui n'est pas situé à proximité de la station. Certains métiers traditionnels comme « maître de poste » disparaissent et la création sur le bord de la Seine du « hameau de la station », qui compte 25 habitants et quatre maisons, ne compense pas encore[8].
En 1857, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) et à la nouvelle Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM), lesquelles, après de complexes négociations incluant l'État, signent un accord le 11 avril 1857, confirmé par le décret du 19 juin. Cet accord concerne, entre autres, l'attribution au PLM de l'embranchement de Juvisy à Corbeil[9], dont le transfert d'une compagnie à l'autre est prévu lors de la mise en service de la section de Corbeil à Nevers[10], et à terme une gestion commune de la gare par les deux compagnies. Le , elles signent une convention qui repousse le transfert de l'exploitation à l'ouverture du raccordement de Villeneuve-Saint-Georges à Juvisy, ou au plus tard au 1er juillet 1863[11].
La compagnie du PLM met en service son raccordement de Villeneuve-Saint-Georges à Juvisy le 18 mai 1863 et la compagnie du PO lui remet le même jour la ligne de Juvisy à Corbeil sur laquelle elle met en service sept trains de voyageurs desservant la gare de Juvisy où les deux lignes sont parallèles sans embranchement[12]. Juvisy devient alors une gare d'échange entre les deux réseaux, avec la construction d'une halle en bois, pour les transbordements, édifiée à la fourche entre les deux réseaux[6]. Dès l'année suivante, 1864, la connexion entre les réseaux est réalisée avec la création de la gare de marchandises qui permet les manœuvres des wagons et facilite les transbordements du réseau du PO à celui du PLM[13].
Le premier bâtiment en maçonnerie après la mise en place des passerelles.
Durant les années 1880, l'élargissement des voies du PO accroît le trafic de la gare, ce qui nécessite de nouveaux aménagements. Des travaux importants sont entrepris dans la gare marchandises pour qu'elle devienne un véritable triage, véritablement opérationnel le 1er septembre 1884. Ceci nécessite d'adapter le bâtiment voyageurs ; entre 1884 et 1888, il est agrandi pour le service et rehaussé d'un étage destiné au logement du chef de gare[6]. On ajoute également deux passerelles métalliques au-dessus des voies, l'une débute rue d'Estienne-d'Orves et l'autre rue de Draveil. Elles aboutissent toutes les deux, par des escaliers, dans la cour de la gare[16]. En 1894, un dépôt de locomotives, avec un atelier pour l'entretien courant et les petites réparations, est installé dans l'ancienne première halle à marchandises[17] et en 1895 la Compagnie du PO construit à Athis-Mons des habitations permettant le logement de 350 cheminots employés sur le site de la gare de Juvisy[13]. Le 5 août 1899, une collision meurtrière révèle les difficultés d'exploitation de ses installations.
Juvisy aborde les années 1900 avec 4 300 habitants. La compagnie du PO, pour améliorer le trafic de sa ligne, électrifie la section de Paris-Austerlitz à Juvisy en 1903, et quadruple les voies jusqu'à la gare de Brétigny en 1904. Cela va lui permettre d'augmenter la cadence de circulation des trains. Les passerelles qui surplombent les voies sont reliées, au niveau du bâtiment de la gare, afin de faciliter la traversée de l'emprise ferroviaire par les habitants[16]. L'évolution rapide du site nécessite la démolition du bâtiment voyageurs, ce qui oblige à ouvrir un bâtiment provisoire pendant les travaux. Le nouvel édifice, complété par un souterrain pour l'accès aux quais, est mis en service en 1907. Il est repérable par sa tour horloge[13].
Le , le trafic voyageurs prend fin sur la section nord de la Grande ceinture comprise entre Versailles-Chantiers et Juvisy via Argenteuil. Par contre, il subsiste sur la section sud, entre Juvisy et Versailles via Massy - Palaiseau[18].
En 1944, le triage et les installations connexes vont être complètement détruits par des bombardements alliés organisés dans le cadre de la préparation du débarquement du mois de juin. Néanmoins, c'est le premier bombardement, celui de la nuit du 17 au 18 avril qui est le plus destructeur, pour les installations ferroviaires, le patrimoine bâti des villes voisines, mais aussi les habitants, notamment de Juvisy (125 tués) et d'Athis-Mons (267 tués)[13].
De 2014 à 2019, la gare reçoit 97 millions d'euros de travaux pour sa restructuration et sa mise en accessibilité piétonne et cycliste pour créer un pôle multimodal afin de but de faciliter les correspondances de gare qui voit transiter 70 000 voyageurs par jour et offre des correspondances avec 28 lignes de bus[20],[21],[22].
De 2015 à 2021, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous[24].
Année
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Voyageurs
38 614 086
40 463 299
42 199 755
43 157 732
40 222 510
21 871 129
41 887 674
Service des voyageurs
Accueil
Gare SNCF, c'est une gare du réseau de trains de banlieueTransilien, comprenant un bâtiment voyageurs, avec guichets, ouvert tous les jours. Elle est équipée d'automates pour les achats de titres de transport Transilien et grandes lignes, et d'un système d'information en temps réel sur les horaires des trains. Elle est dotée d'aménagements pour les personnes à mobilité réduite, notamment, des ascenseurs, un guichet adapté, des bandes d'éveil de vigilance sur les quais et des boucles magnétiques. Elle dispose également d'un kiosque de presse Relay[25].
Les accès
À la gare.
Aux quais.
Quais la nuit.
Desserte
La gare est desservie par les trains des lignes C et D du RER, tous marquant l'arrêt[25]. Elle est le seul point de correspondances entre les réseaux issus de la gare d'Austerlitz et celle de Lyon.
Via la ligne D, depuis la gare de Juvisy, le temps de trajet est d'environ 25 minutes pour relier la gare de Lyon, de 34 minutes pour relier la gare de Paris-Nord et de 18 minutes pour relier la gare de Corbeil-Essonnes.
La gare de marchandises de Juvisy est gérée par la plateforme du Bourget-Triage. Elle est ouverte uniquement à des trains massifs en gare[26].
Place Banette et Planchon
Le nom de la place de la gare de Juvisy est un hommage à deux cheminots, originaires de Vénissieux (Rhône), qui habitaient à Juvisy dans le quartier de la gare. Le , Marcel Banette, le mécanicien, et Louis Planchon, le chauffeur, sont aux commandes d'une locomotive à vapeur d'un train se dirigeant vers Lyon lorsqu'un tube surchauffeur cède en laissant s'échapper un nuage de vapeur bouillante. Les deux hommes réussissent à éviter le déraillement de leur train en gare de L'Arbresle (Rhône) et à l'arrêter avant de mourir de leurs brûlures[27],[28].
Notes et références
↑Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau français : lignes 001 à 600, vol. 1, La Vie du rail, , 239 p. (ISBN978-2-918758-34-1), « [570/1] Paris-Austerlitz - Orléans », p. 195.
↑François et Maguy Palau, « 2.9 Paris-Corbeil », dans Le Rail en France : les 80 premières lignes 1828 - 1851, Palau, Paris, 2003 (ISBN2-950-9421-0-5), pp. 70-71.
↑« Chemin de fer de Paris à Orléans : assemblée générale des actionnaires du 6 octobre 1842 », dans Journal des chemins de fer, no 28, samedi 15 octobre 1842, p. 220.
↑François et Maguy Palau, « 3.3 Juvisy-Orléans », dans Le Rail en France : les 80 premières lignes 1828 - 1851, Palau, Paris, 2003 (ISBN2-950-9421-0-5), pp. 97-98.
↑Jean Bastié, La Croissance de la banlieue parisienne, Presses Universitaires de France, 1964, p. 122 ; extrait (consulté le 11 avril 2014).
↑Louis Brunel, Juvisy au XVIIIe siècle: le détournement du pavé royal de Lyon, ses conséquences économiques et humaines, Société historique et archéologique de Corbeil, d'Étampes et du Hurepoix, 1975, p. 152 ; extrait (consulté le 11 avril 2014).
↑Jean Chaintreau, Jean Cuynet, Georges Mathieu, Les chemins de fer: Paris-Lyon-Méditerranée, éditions La Vie du Rail, 1993, p. 38 ; extrait (consulté le 11 avril 2014).
↑Adolph Demeur, Les Chemins de fer français en 1860. Statuts des compagnies, notices historiques, situations financières, 1860, p. 39 ; extrait (consulté le 12 avril 2014).
↑« Compagnie du chemin de fer d'Orléans : Rapport », dans Journal des chemins de fer, no 14, avril 1863, p. 223 ; extrait (consulté le 12 avril 2014).
↑François et Maguy Palau, « 6.10 Villeneuve Saint Georges-Juvisy : 18 mai 1863 », dans Le Rail en France : le Second Empire tome 2 1858-1863, Palau, Paris, 2001 (ISBN2-950-94212-1), p. 191.
Chavanne de Dalmasy, M. Laze, « Destructions et reconstructions sur les chemins de fer français : la gare de Juvisy », dans Revue générale des chemins de fer, avril 1947
Louis Brunel, « La gare de Juvisy », dans SESAM, Revue savante et artistique de la banlieue parisienne, 4e année, no 7, 1950, pp. 295-310
Association Les juvisiens de Juvisy, « La Gare », dans Juvisy-sur-Orge : images du XXe siècle, imprimerie Maury-Eurolivres SA, Manchecourt, 1993, pp. 52-59 (intégral)
Région Île-de-France - inventaire général du patrimoine culturel, Gare de Juvisy, dossier, référence : IA91000713, 2009, 116 pages (intégral)