Gérard Schneider naît à Sainte-Croix dans le canton de Vaud, en Suisse, et passe son enfance à Neuchâtel, où il fait ses études.
En , il se rend à Paris, fréquente l'École nationale des arts décoratifs où il sera encouragé à poursuivre par son professeur Paul Renouard puis, en 1918, il intègre l'École nationale des beaux-arts. Il retourne à Neuchâtel où il fait sa première exposition individuelle[1]. En 1920 il épouse Marguerite Barbezat (décédée en 1934) et s'installe définitivement à Paris avec elle dès 1922. 1928 naissance de sa (première) fille Janine Schneider. Se remarie en 1956 avec Loïs Frederick (1930-2013) une jeune artiste peintre américaine puis en 1963 naissance de Laurence sa seconde fille.
Après avoir débuté dans l'impressionnisme, puis s'être tourné vers le surréalisme, il trouve sa propre expression vers 1943 ; ce sera l'abstraction non géométrique dite « informelle ».
Pionnier de l'abstraction lyrique, abstraction gestuelle et personnelle, il est représenté à Paris à la Galerie Louis Carré dès 1950. Puis, de 1955 à 1960, ses œuvres sont exposées à la Kootz Gallery de New York où un contrat d’exclusivité lie l’artiste et le marchand américain Samuel M. Kootz.
«… Schneider est un exégète du drame puisqu’il puise en lui-même, qu’il aime pour lui-même et pour lequel la parole proprement dite n’a pas de mots. Le drame calmé, le geste qu’il exprime devient beauté. Plus encore que la force, je retiens la noblesse de ce langage et sa pudeur. Dans le chaos de la vie souterraine l’esprit a apporté la règle souple ; l’émotion, analysée, sera maîtresse d’elle ; le cri capté à sa source même, devient un chant scandé ; le geste de l’artiste élabore l’œuvre comme un acte d’amour spirituel, l’acte pur d’un démiurge… » Michel Seuphor, 1953
« Je croyais très bien connaître l’œuvre de Gérard Schneider. Il me manquait cependant d’avoir vu réuni un ensemble aussi important de ses peintures des dernières années. La confrontation permise ici des rigoureuses compositions de sa période murale-mate et des grandes improvisations colorées de sa récente production, met en pleine lumière la richesse du tempérament et la largeur d’esprit de Schneider, qui peut se permettre toutes les libertés et toutes les audaces sans jamais porter atteinte à l’unité foncière de son œuvre. L’évidence de sa valeur constante s’impose d’emblée, mais j’attache plus de prix encore à l’allant de la démarche créatrice qui conduit Schneider à la rencontre de tous les possibles, jusqu’à l’effusion lyrique pure, dans des rythmes plastiques étonnants, sonores. » Roger Van Gindertael, in Cimaise, n°3, janvier 1954, à propos de l’exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles
« Peinture puissante, maîtrisée au point qu’à chaque étape de l’accomplissement toute la conception se fait valoir, surprenante, parce que l’état définitif garde toujours la virulence de l’acte créateur. Sous l’aspect d’une improvisation véhémente, cette peinture cache la plus consciencieuse disposition des éléments, le plus sévère contrôle des rapports. Basée sur la couleur, elle part cependant de motifs linéaires, mais la ligne s’est transformée en traits de brosse larges de deux mains. Evidemment, une telle écriture dépasse les petits cadres, et c’est en remplissant les plus grands formats qu’elle nous apporte l’affirmation de sa force souveraine. » Herta Wescher in Cimaise, janvier 1955, à propos de l’exposition à la galerie Galanis à Paris
« Quant à la couleur… elle apparaît dans ces œuvres récentes de Schneider, avec une liberté toujours plus grande, comme le facteur de vie par excellence, même lorsque cette couleur est le noir dont Schneider use avec la maîtrise de celui qui sait combien sont chargées d’émotion toutes les suggestions de la nuit et des ténèbres. La réponse que ces peintures trouvent dans le cœur et dans l’intelligence, - évidemment comblés -, de celui qui les contemple, achève cette communion qui auparavant s’était établie entre l’artiste et l’œuvre d’art, entre la forme et l’espace, entre la structure et le mouvement. » Marcel Brion, de l’Académie française, dans la préface du catalogue de l’exposition à la galerie Kootz, New York, 1958
« Je connais et j’admire depuis longtemps le peintre Gérard Schneider, la richesse originelle, irruptive de cette œuvre (…) Une peinture est un langage à déchiffrer, un monde à pénétrer, ce n’est que petit à petit, en s’y habituant, avec beaucoup de patience que l’on arrive à faire dire quelque chose à cette chose mystérieuse qu’est l’œuvre d’art, on s’adresse autant à elle qu’à soi-même, dans une sorte de confrontation et dans la solitude. » Eugène Ionesco, in Mots au vol, Éditions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1974
« ... Lorsque Schneider pose le pinceau sur la toile vierge, c’est comme s’il plaquait un accord. Ensuite le thème naît et s’orchestre. Il travaille directement dans la couleur. Sa pâte est très riche. Elle ressemble parfois à des coulées de lave. Parfois elle prend la rutilance de l’émail. Violence, tumulte, dynamisme sont les caractéristiques de cette peinture qui tend au paroxysme c’est-à-dire au pathétique. Un drame sous-jacent y est perpétuellement dominé par la maîtrise de la forme. » Michel Ragon, in Schneider, Expressions contemporaines, Angers, 1998
Catalogue raisonné
Le Catalogue Raisonné de Gérard Schneider est rédigé sous la direction de Laurence Schneider, fille de l’artiste. Il est consultable en ligne depuis octobre 2022.
Expositions
Expositions personnelles (sélection)
1920 - Galeries Léopold Robert, Neuchâtel
1946, 1947, 1948 et 1953 - Galerie Denise René, Paris
2023 - Du 30 Mars au 2 Avril - Gérard Schneider « la symphonie des couleurs » Art Paris , Alexis Lartigue Fine Art[3].
2023 - Du 4 Avril au 22 Avril - Gérard Schneider « la symphonie des couleurs » , Alexis Lartigue Fine Art, 32 avenue Matignon, Paris
Expositions collectives (sélection)
1948 - 24e Biennale de Venise
1948-1949 - Wanderausstellung Französischer Abstrakter Malerei, exposition itinérante en Allemagne : Stuttgart, Munich, Düsseldorf, Hanovre, Hambourg, Francfort et Fribourg
1951 - 1re Biennale de São Paulo
1951 - Biennale de Turin
1951 - Hartung, Lanskoy, Schneider, galerie Louis Carré, Paris.
1951-1952 - Advancing French Art, exposition itinérante aux États-Unis (Louisville, Bloomington, San Francisco, Chicago et Washington)
1953 - 2e Biennale de São Paulo
1953 - Biennale de Turin
1954 - 27e Biennale de Venise
1955 - Documenta I, Cassel
1959 - Documenta II '59, Cassel
1964 - 32e Biennale de Venise
1968 - Paintings in France 1900-1967, exposition itinérante aux États-Unis : New York, Boston, Chicago, San Francisco et au Canada
2006 - L'Envolée lyrique, Paris 1945-1956, Musée du Luxembourg, Paris. C'est une toile de Gérard Schneider qui a été choisie pour l'affiche et la couverture du catalogue[4]
2011 - Les Sujets de l’abstraction, Peinture non figurative de la Seconde École de Paris (1946-1962), Fondation Gandur pour l’Art, Musée Rath, Genève
2011-2012 - Les Sujets de l’abstraction, Peinture non figurative de la Seconde École de Paris (1946-1962), Musée Fabre, Montpellier, France
Lors de la dispersion de la collection d'Alain Delon, une peinture de Schneider (Opus 85 D) datant de 1960 (146 × 114 cm) est adjugée 150 000 € à Drouot-Montaigne[6].
Le mardi , l'œuvre Opus 402, huile sur toile de 1949 (130x195 cm) a été adjugée 192 000 euros (frais compris) à l'Hôtel de Ventes de la Vallée-de-Montmorency[7].
Bibliographie (sélection)
Marcel Pobé, Schneider, Paris, Georges Fall éditeur, coll. « Le Musée de Poche »,
Michel Ragon, Schneider, Amriswill, Bodensee Verlag, 1961
Marcel Brion, Roger van Gindertael, Schneider, Venise, Alfieri, 1967
Gérard Schneider, cat. expo. Turin, Galleria civica d’Arte moderna (16 avr.–24 mai 1970), Turin, Galleria civica d’Arte moderna, 1970
Gérard Schneider,Eugène Ionesco (préf.), Mots au vol, Paris, Éditions Saint-Germain-des-Prés, 1974
Pierre von Allmen (dir.), Jean-Marie Dunoyer, Schneider, cat. expo., Neuchâtel, Musée d’Art et d’Histoire (26 févr.–17 avr. 1983), Neuchâtel, Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel, 1983
Jean Orizet, Schneider Peintures, Paris, La différence / l’autre musée, 1984
Daniel Chabrissoux, Loïs Frederick, Gérard Schneider : œuvres de 1916 à 1986, cat. expo., Angers, (1991), Angers, Expressions contemporaines, 1991
Michel Ragon, Schneider, Angers, Expresssions contemporaines, 1998
Benoît Giraud, Gérard Schneider, œuvres de 1935 à 1965, thèse de doctorat d'Histoire de l'art, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 1998, 4 volumes, 785p. (Institut National d'Histoire de l'Art, Université Panthéon-Sorbonne)
Patrick-Gilles Persin, L’Envolée lyrique Paris 1945-1956, cat. expo., Paris, Musée du Luxembourg (26 avr.–6 août 2006), Milan, Skira, 2006
Éric de Chassey (dir.), Éveline Notter (dir.), Justine Moeckli et al., Les sujets de l’abstraction. Peinture non-figurative de la seconde École de Paris, 1946-1962. 101 Chefs-d’œuvre de la Fondation Gandur pour l’Art, cat. expo., Genève, Musée Rath (6 mai–14 août 2011) / Montpellier, Musée Favre (3 déc. 2011–25 mars 2012), Milan, 5 continents, 2011
Christian Briend, Nathalie Ernoult, Le Geste et la Matière – Une abstraction « autre » – Paris, 1945-1965, cat. expo., Le François, Martinique, Fondation Clément (22 jan.–16 avr. 2017), Paris / Le François, Centre Pompidou, Paris / Fondation Clément, Le François, Martinique / Somogy éditions d’Art, 2017