Soupçonné à partir de 2013 d'être l'auteur d'un homicide survenu en 2008, il bénéficie finalement d’un non-lieu. Il disparaît le .
Biographie
Jeunesse et carrière au cinéma
Gérald Thomassin vit une enfance difficile, marquée par des problèmes familiaux. En 1990, à l'âge de 16 ans, il est découvert à l'occasion d'un casting organisé dans les foyers de la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) de Paris afin de trouver l'acteur principal du film Le Petit Criminel, réalisé par Jacques Doillon. Gérald Thomassin est retenu pour le rôle, alors qu'il ne s'était rendu à ce casting que pour accompagner un ami. Sa prestation dans ce film lui vaut ensuite le César du meilleur jeune espoir masculin[1].
Il apparaît alors dans plusieurs autres films, mais il mène sa carrière avec une certaine désinvolture. Il connaît en outre des problèmes de consommation d'alcool et de drogue[1].
En 2000, il tient un rôle important dans le film Paria. Le réalisateur, Nicolas Klotz, le décrit comme « l'un des plus grands acteurs du cinéma français, qui ne l'utilise pas assez » ; le cinéaste souligne par ailleurs le poids des problèmes personnels du jeune comédien[1].
En 2007, Gérald Thomassin tourne à nouveau avec Jacques Doillon, pour le film Le Premier Venu (2008). Le réalisateur déclare à cette occasion : « Je ne sais pas finalement si ce métier de comédien lui dit grand-chose. À un mois du tournage du Premier Venu, il ne voulait plus le faire. Gérald n'aime pas le travail de toute façon, il a du mal à se concentrer, rechigne à apprendre des textes. Mais il fonctionne en revanche à l'amitié. Si on la lui offre, s'il sent qu'on a besoin de lui, il vous la rend au centuple et est capable de donner des choses extraordinaires, d'atteindre une liberté inimaginable »[1],[2].
Installé à Montréal-la-Cluse, dans l'Ain, en juin 2007, Gérald Thomassin continue de souffrir de problèmes de toxicomanie, menant une existence marginale. En juillet 2009, il regagne Rochefort, où il tente de renouer avec son ex-fiancée[3]. C'est un échec, il deviendra un temps SDF avant d'obtenir un hébergement d'urgence en 2012[4].
Accusation d'homicide et disparition
Le , Gérald Thomassin est interpellé et mis en examen pour « vol avec arme et meurtre sur personne chargée d'une mission de service public » : il est accusé du meurtre, commis cinq ans plus tôt, de Catherine Burgod, 41 ans, enceinte de cinq mois et demi, postière à Montréal-la-Cluse. Le , la victime avait été tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait, par un individu qui avait volé le bureau sans toucher au sac de la victime[3]. Gérald Thomassin est arrêté à son domicile de Rochefort et incarcéré le . Il clame alors son innocence[3],[5],[6],[7].
Le , Gérald Thomassin est remis en liberté[8] et placé sous contrôle judiciaire[9] dans l'attente d'une décision concernant la demande du parquet de Bourg-en-Bresse d'un renvoi devant les assises[9]. Quelques semaines plus tard, la juge d'instruction valide ce renvoi, pour meurtre et vol avec arme. Gérald Thomassin fait alors appel de l'ordonnance de renvoi[10]. Il est condamné le à un mois de prison ferme avec mandat de dépôt, pour avoir brisé son bracelet électronique lors de son assignation à résidence[11]. Le , la cour d’appel ordonne un supplément d'information, mais le tribunal de Bourg-en-Bresse est dessaisi au profit de deux juges d’instruction lyonnais qui doivent mener une enquête complémentaire[10].
Le , alors qu'il n'a toujours pas été jugé, Gérald Thomassin est remis en liberté, la loi française ne permettant pas de maintenir une personne plus de trois ans en détention provisoire[12].
Le , un deuxième suspect est arrêté pour complicité à Nantua (Ain), placé en garde à vue, puis mis en examen et placé en détention provisoire[13].
Début , il est révélé que l'ADN d'un autre homme, âgé de 29 ans, a été retrouvé sur un sac ensanglanté et qu'il a reconnu le vol, mais pas le crime. Il est mis en examen en mai pour meurtre aggravé et vol avec arme, avant d'être placé en détention provisoire. Gérald Thomassin reste toutefois mis en examen pour ce meurtre[14].
Le , le juge d'instruction chargé de l'affaire organise un ultime acte de procédure avant de clore le dossier : une confrontation entre les trois mis en examen. Gérald Thomassin doit s'y rendre, mais il ne se présente pas. Contacté par RTL, Jérôme Thomassin assure que son frère se réjouissait de pouvoir prouver son innocence une bonne fois pour toutes. Il aurait pris un train le à Rochefort où il réside, accompagné à la gare par son ex-beau-frère et colocataire qui signalera sa disparition trois jours plus tard, pour se rendre à Lyon afin de participer à la confrontation judiciaire avec les deux autres suspects de l’affaire[15]. Il est verbalisé à 10 h 18 dans le train en direction de Nantes, puis on perd sa trace dans la ville (la géolocalisation de la téléphonie en atteste)[16]. Depuis, il n'a donné aucune nouvelle malgré les nombreux appels téléphoniques. Inquiet, Jérôme Thomassin demande que des recherches soient effectuées[17],[18]. En , le procureur de La Rochelle, Laurent Zuchowicz, ouvre une enquête pour enlèvement[15]. Le , le parquet de Nantes ouvre à son tour une information judiciaire pour enlèvement et séquestration, dessaisissant ainsi de l'affaire le parquet de La Rochelle[16].
La chambre de l'instruction de la cour d’appel de Lyon a confirmé, le , l’ordonnance de non-lieu rendue par les juges chargés de l'affaire du meurtre de la postière de Montréal-la-Cluse[19],[20].
En avril 2021, un an et demi après sa disparition, son frère et quelques proches déclarent penser que Gérald Thomassin est mort[21],[22].
En 2023, le chanteur Christophe Miossec lui consacre la chanson intitulée Meilleur jeune espoir masculin sur l'album Simplifier.
Filmographie
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par les bases de données Allociné et IMDb.
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↑« « Chaque chose est à sa place, mais tout est éclaboussé de sang » : les extraits du dernier livre de Florence Aubenas », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )