Fils d'un artisan tapissier d'origine juive russe[2], Géo London a été un des grands reporters de la presse de l'entre-deux-guerres, notamment au quotidien Le Journal. Tout au long des années 1920-1950, il a couvert les procès les plus importants. Il était membre de l'Association de la presse judiciaire. Après la Libération, il a travaillé aussi à Ce soir et Carrefour.
Géo London a rencontré Al Capone (Deux mois avec les Bandits de Chicago) et relaté des procès d'exception (Maurras, Laval, Pétain). Il était membre de la Société des gens de lettres, président de l'Association professionnelle des journalistes de l'information religieuse, et membre éminent de l'Académie de l'humour.
« Géo London, contrefait, claudicant, borgne, ses épaules inégales plus hautes que sa tête qui semble saillir de sa bosse comme de sa carapace la tête de la tortue. Le cheveu crépu, un profil crochu, des mains fines, manucurées, baguées et féminines. Un polichinelle spirituel, caustique, insolent, probablement pleutre et sournois. Salmon l'appelle familièrement mon oncle quand ma tante lui conviendrait mieux »[3].
« Géo London, obèse et bossu comme un personnage de conte oriental, s'avançait de guingois, portant sa malice sur une seule épaule, semblable à ces crabes que l'on voit à marée basse... Il avait la main molle et moite, le cheveu abondant et crépu dont la racine descendait en forme de V jusqu'au milieu du front, un nez de Polichinelle surgissant d'entre ses joues gélatineuses de Jézabel outragée par les ans. Pour comble, il louchait. »[4]
« Géo London. Un curieux type que je connais depuis une quinzaine d'années. Je l'ai rencontré d'abord au Palais où il passait timidement. Un bossu très laid, presque repoussant dans sa difformité. Il est laid abominablement. La crainte d'être repoussé par les femmes l'a rendu pédéraste, il ne s'en cache pas. (...) Vaniteux à l'excès, il aime être flatté et, pour y parvenir, il flatte. Il a fait des bassesses pour être décoré. »[5]
Dans la revue Le surréalisme au service de la révolution, no 3 , 1931, un texte le mentionne :
« Heureux Bourguignons. C’est ainsi que commence le compte rendu dans le Journal du 8 novembre 1931 par M. Geo London du procès d’un valet de chambre assassin de son beau-frère, professeur agrégé à Dijon. Et ce procès ne mériterait ni plus ni moins de considération que tous les autres s’il ne nous donnait l’exemple parfait de la bassesse habituelle aux magistrats bourgeois. Le président Blondeau, de service en cette affaire, se distingue en effet très particulièrement par ce gros bon sens français que M. Geo London préfère qualifier de bourguignon. »[6]
Michel Déon, qui l’a bien connu, conclut par ces mots le portrait qu’il dresse de lui dans ses mémoires :
« Depuis le temps qu’il fréquentait les prétoires, il [Géo London] avait perdu toute illusion sur la Justice et ses clients. Il me semble qu’il n’avait aucune idée politique malgré sa collaboration avec Carbuccia. Après la libération, il témoigna devant le comité d’épuration de la presse pour tant de ses confrères qui ne lui avaient pas tourné le dos pendant les années sombres que le chef épurateur Albert Bayet finit par se demander si Geo London n’était pas lui-même quelque peu suspect. Son scepticisme le portait à tenir pour insignifiant, comme une galéjade de Méridional, l’antisémitisme de Maurras, bien qu’il fût juif et ne le cachât pas »[7].
↑Hermann London (1851-1933), originaire de Georgenburg (aujourd'hui Mayovka, oblast de Kaliningrad), a été naturalisé français avec ses 4 enfants mineurs par décret présidentiel du 10 décembre 1889. Géo London, alors âgé de 6 ans, était l'aîné de la fratrie.
↑Carlo Rim, Le grenier d'Arlequin, Journal 1916-1940, écrit le 18 novembre 1924. Éditions Denoël, 1981, p. 84.
↑Hebdomadaire Je suis partout du 18 octobre 1941, page 6.