Le , il est à la tête du Kampfgruppe « von Brodowski » et combat sur le front des Vosges où il est capturé par les troupes françaises, à Corre, le . Emprisonné dans la citadelle de Besançon, il est tué le dans des circonstances troubles.
Circonstances de la mort du général von Brodowski
La mort de von Brodowski n'est rendue publique dans les médias qu'à partir du 9 novembre. La presse affirme alors que le général serait mort le 6 novembre lors d'une tentative d'évasion, sans plus de précision.
Après la guerre, le général de Lattre affirma dans son Histoire de la 1re armée française[8], publiée en 1949, que le général von Brodowski avait été tué « par une sentinelle sénégalaise » alors qu'il tentait de s'évader de la citadelle de Besançon.
Plusieurs années après la publication de l’ouvrage de De Lattre, une nouvelle version de cette affaire est donnée par le général Gilles Lévy, ancien résistant, dans son livre Drames et secrets de la Résistance : des ombres enfin dissipées, publié en 1983. Dans cet ouvrage, et à partir du témoignage d’un ancien résistant du nom de Jean Meyer, Gilles Lévy relate les conditions dans lesquelles serait mort von Brodowski, conditions que Gilles Lévy qualifie toutefois lui-même de « circonstances pour le moins curieuses », semblant ainsi montrer un certain scepticisme. Voici comment Gilles Lévy raconte les faits : « Le 28 octobre 1944, après qu’il eut effectué sa promenade quotidienne dans la cour de la citadelle et été reconduit dans sa cellule, les FFI qui l’accompagnaient commirent étrangement une grave négligence. Ils oublièrent de fermer comme d’habitude deux grosses portes, celle de sa cellule et une autre qui donnait sur les escaliers. Malheureusement pour lui, le général remarqua cet oubli. Aussi vers 18 heures 35, tout doucement, il ouvre la première porte puis la seconde et, sans faire le moindre bruit, se hâte vers l’escalier de l’infirmerie qui donne accès à la cour intérieure d’une part et, de l’autre, au chemin de ronde. Mais il avait compté sans le soldat Jean Meyer de la 1re compagnie du régiment de Franche-Comté, placé depuis 18 heures en sentinelle devant sa porte. Meyer s’était absenté quelques instants. Il se préparait à regagner son poste lorsqu’il aperçut dans le couloir une ombre qui se glissait sans bruit vers l’extérieur. Il fait dit-il, les sommations d’usage et, l’interpellé dans lequel il reconnaît le général von Brodowski, qui arrivait à l’escalier de l’infirmerie, n’ayant pas obéi (peut-être ne comprenait-il pas le français ?), fait feu à deux reprises. Brodowski s’écroule d’une balle dans la poitrine et d’une autre dans la tête. »[9]
Cette thèse est reprise en 2017 par une jeune historienne, Anne-Laure Charles, qui a retrouvé la trace de Jean Meyer, âgé de 17 ans en 1944, lequel maintient être celui qui a abattu von Brodowski. Toutefois, son récit diffère sensiblement de celui qu’il tenait dans les années 1980 : en effet, Jean Meyer prétend désormais que le général von Brodowski avait tenté de « l'agresser au moment où le jeune FFI était en train d'uriner »[10]. D'où les deux coups de feu tirés par Jean Meyer pour se défendre contre le général.
Entre-temps, la version de Jean Meyer a été totalement remise en cause lors d'une conférence prononcée en 1991 par M. Grandhay devant la Société d'Agriculture, Lettres, Sciences et Arts de Vesoul. M. Grandhay a en effet révélé, lors de cette conférence de 1991, être en possession d'un récit écrit dans les années 1970 par un prêtre de Haute-Saône qui était son ami. Ce dernier avait demandé à l'époque à M. Grandhay de ne faire connaître son récit qu'après son décès et en respectant son anonymat. Ce prêtre était encore séminariste en 1944 et avait rejoint les FFI. Le soir du 28 octobre 1944, le séminariste était chef de poste chargé de la garde des prisonniers allemands de la citadelle de Besançon. Lui et d'autres sentinelles décidèrent de tuer le général von Brodowski, considéré comme le responsable du massacre d'Oradour-sur-Glane (10 juin 1944), en simulant une tentative d'évasion de ce dernier. Le séminariste a donc demandé à un FFI, dénommé X…, de se cacher près de la chambre du général dont la porte avait été délibérément laissée ouverte par les FFI et sans surveillance apparente, dans le but d'inciter le captif à s'échapper. Au moment où le général sortit de sa chambre, le FFI l'abattit de deux balles. Le séminariste et ses camarades expliquèrent par la suite à leurs supérieurs que le général avait soi-disant essayé de désarmer la sentinelle et de s'échapper. Le récit circonstancié de l'assassinat du général von Brodowski, écrit par le prêtre, a été publié en larges extraits par Henri Amouroux, en annexe de La Grande Histoire des Français après l'Occupation, septembre 1944 - octobre 1945[11].
Conséquences de la mort du général von Brodowski
La mort de Brodowski fut annoncée le 8 novembre 1944 par la chaîne française Radio Londres et dans la presse française le lendemain. Adolf Hitler a ensuite ordonné en représailles le meurtre d'un général français, Gustave Mesny. Ce dernier fut tué par les SS le 19 janvier 1945 au cours d'un transfert de prison.
↑Les Landesschützendivisionen sont des unités d'infanterie territoriales composées de personnel plus âgé utilisé pour des fonctions de garde et de la garnison. Ce sont l'équivalent des régiments d'infanterie terroriaux française.
↑Les Hauptverbindungsstäbe (HVS) sont des états-majors principaux de liaison placés auprès des préfets de région.
↑Les Verbindungsstäbe (VS) sont des états-majors de liaison auprès des préfets.
↑Le Kommandant Heeresgebiet Südfrankreich (KHS) est le commandement militaire de la zone d'armée en France du Sud.
↑Jean de Lattre de Tassigny, Histoire de la 1re armée française, Rhin et Danube, Paris, édition Plon, , 654 p.
↑Gilles Lévy, « Le général von Brodowski a-t-il vraiment tenté de s'évader de la citadelle de Besançon ? », Drames et secrets de la Résistance,
↑« L'ado qui tua le général allemand », L'Est Républicain, , p. 4, édition de Besançon (lire en ligne).
↑Henri Amouroux, La Grande Histoire des Français après l'Occupation, septembre 1944 - octobre 1945, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, édition de 1999, p. 1199-1202 (annexes).
Voir aussi
Bibliographie
Louis Le Moigne et Marcel Barbanceys, Sédentaires, réfractaires et maquisards : l'Armée secrète en Haute-Corrèze (1942-1944), Association amicale des maquis A. S. de Haute-Corrèze, 1979.
Maurice Decousse, Mon épopée dans la résistance, p. 146-149.