Les frégates de cette époque portent des canons dans leur unique pont-batterie, auxquels se rajoutent les pièces d'artillerie présentes sur le pont.
Elles sont classées non seulement à partir du nombre de canons qu'elles portent (comme pour les vaisseaux), mais surtout à partir du calibre de leurs canons, exprimé par la masse en livres des boulets tirés.
À partir de la fin du XVIIIe siècle, les marines française, britannique et américaine se livrent à une course aux armements, produisant par séries de plusieurs dizaines d'unités des frégates et des vaisseaux portant toujours plus de canons :
La première frégate de 24 est lancée en 1772, mais elle est vite réarmée avec du 18 livres. La multiplication de ces grosses unités ne commence qu'à partir de 1794 en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni.
La construction de ces grandes frégates (150 à 157 pieds de long) reprend sous la République avec seulement quatre unités, car le ministère de la Marine leur reproche leur coût prohibitif (elles coûtent presque le prix d'un vaisseau de 74).
Frégates de 24 françaises
Noms de séries
Noms des frégates
Ingénieurs
Armements
Nombre construit
Dates de lancement
classe Pourvoyeuse
Pourvoyeuse Consolante
Louis Boux
38 canons (Prévu 26 de 24, réellement armé 26 de 18 et 12 de 8)
l’Artémise l’Andromède la Gloire la Poursuivante la Virginie la Cléopâtre la Danae la Néreide la Némésis la Zénobie l’Alceste la Pandore la Sibylle la Reine-Blanche
Pour défendre les côtes américaines et mener des opérations outre-mer, la toute jeune US Navy fait lancer elle aussi de très grosses frégates portant des pièces de 24 livres, capables de dominer les frégates européennes (moins bien armées, moins solides du fait de leur petite taille) et d'éviter les vaisseaux (une frégate peut faire des pointes jusqu'à 12-14 nœuds, tandis qu'un vaisseau se limite à 8-9 nœuds maximum).
Face aux nouvelles frégates françaises et surtout américaines, la Royal Navy répond d'abord en 1794 en rasant trois vaisseaux de troisième rang (c'est-à-dire en supprimant le pont-batterie supérieur), dont le HMS Indefatigable : ces unités passent ainsi de 64 à 44 pièces d'artillerie (avec des canons de 24 livres dans la batterie et des caronades sur le pont), mais sont plus légères, donc plus rapides et avec moins de tirant d'eau (qui passe de 19 à 13 pieds), et plus stables (elles gardent la largeur d'un vaisseau de ligne).
L'autre solution est la capture des frégates de 24 construites par les Français et les Américains, réarmées par les Britanniques avec des caronades de 32 : c'est le cas pour la Résistance (en 1797), l’Immortalité (1798), la Forte (1799), la Vengeance (1800), la Désirée (1800), l’Égyptienne (1801), la Libre (1805) et l'USS Président (1815).
À partir de 1797, la Royal Navy fait construire la classe Endymion, composée de six grosses frégates armées de 44 pièces d'artillerie (26 canons de 24 livres, 16 caronades de 32 et 2 canons de 9), tellement grandes qu'elles sont classées comme bâtiments de cinquième rang.
Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN2-7181-9515-0, BNF36697883)