Sa passion très tôt affirmée pour le dessin détourne Fernand Herbo d'une carrière dans les chemins de fer à laquelle le destinait son père, lui-même cheminot. Dans sa jeunesse à Montmartre, il réalise des affiches, des décors de théâtre et de cinéma, et côtoie notamment les peintres Maurice de Vlaminck et Othon Friesz[5].
En 1938, Herbo quitte Paris et s’installe définitivement à Honfleur. Son œuvre, puissante et empreinte de couleurs sombres, dédiée à la mer, aux bateaux et aux ports, lui vaut d'être nommé peintre de la Marine nationale française en 1944. C’est à partir de cette date que sera apposée à sa signature l’ancre traditionnelle des Peintres de la Marine.
Au début des années 1950, Fernand Herbo fait connaissance de la galeriste et poétesse française Katia Granoff qui l’expose dans sa nouvelle galerie de Honfleur. Katia Granoff, grande découvreuse de talents (elle exposa et révéla entre autres Marc Chagall et Othon Friesz, et favorisa la redécouverte de la série Les Nymphéas de Claude Monet) fait ainsi découvrir l’École de l’Estuaire de la Seine, dont Fernand Herbo est l’un des représentants.
Fernand Herbo ouvre à Honfleur avec son épouse Micheline en 1952 le Bar des artistes (situé 14 place Berthelot[7], il est devenu aujourd’hui le Bistrot des artistes), dont le plafond est entièrement décoré par Herbo et au-dessus duquel se trouve son atelier. Le Bar des artistes devient alors un lieu de rencontre des peintres de Honfleur[5].
Il est estimé que l'on doit à Fernand Herbo plus de mille œuvres, principalement des peintures à l’huile et des aquarelles[5]. Cadre privilégié de sa peinture, la ville de Honfleur lui a rendu hommage en nommant l’un de ses quais de son nom. Montmartre[8], des sites de Vendée (Saint-Gilles-sur-Vie) et du Lot[9] figurent également parmi ses thèmes.
Au soir de sa vie, avec son épouse Micheline, Fernand Herbo s'installe à Vasouy dans une grange ayant appartenu à Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud et qu'il transforme en demeure[5]. Décédé le [10], Fernand Herbo repose au cimetière de Vasouy, à Honfleur[11].
Œuvres
(liste non exhaustive)
S.d. : Inondations à Saint-Pierre-sur-Dives, aquarelle, Sbg, dim. h: 50 cm x l: 65 cm, (vente Joelle Guerpillon-Bergeron, commissaire-priseur à Quimper, , (lot no 118).
Exposition maritime, galerie Art en Seine, Le Havre, [17].
Le beffroi de Dreux - Les cinq cents ans du monument, maison Proximum des Bâtes, Dreux, octobre-[18].
Réception critique
« Il peint comme peignaient Jongkind, Boudin, Sisley, Monet, Lebourg, tous fils de l'Ouest aux brumes irisées, aux pluies odorantes. Mais, fidèle à la tradition impressionniste, il est personnel... Sans souci des modes fugitives et des snobismes éphémères, il fait ses toiles et ses aquarelles comme un pommier du pays fait ses pommes. L'instinct seul le guide, et aussi la joie, cette joie du créateur qui console de la vie. Fougue et poésie, probité et sincérité, voilà le secret de son talent qui émeut et qui enchante... » - Pierre Varenne[13]
« C'est devant la mer que Herbo développe toute sa force pour en exprimer la couleur glauque, le tumulte ou l'harmonie, l'écume ou la paix. Herbo ,'est pas seulement un peintre de marine mais un vrai marin, une sorte de barde qui chante le "geste" de la mer : son mariage avec la terre normande. Dans les toiles de Herbo, le vrai sujet est constitué par brassage des éléments : eau, ciel et nuages, vent, terre, tantôt langoureusement mêlés, tantôt tragiquement dressés les uns contre les autres, en tempête, en gris et en violet, en vert et en jaune. Herbo compose une poésie plastique qui exprime autant la puissance intérieure des choses qui s'affrontent que la surface qu'il immobilise pour le plaisir du regard. » - André Thierry[12]
« Depuis plus de soixante ans, Herbo poursuit à sa manière, celle d'un éternel jeune homme enthousiaste et curieux, son tour de France de la peinture. N'hésitant pas à passer d'un sujet grave ou dramatique à une évocation sereine ou enjouée, d'une gamme de coloris sombres à des tons plus vifs, des grands formats aux "tout-petits", de l'eau claire à l'huile grasse, Herbo suit son chemin, ignorant délibérément les modes. Libre également de tout assujettissement à des théories ou à des théoriciens, il ne cherche jamais à être théoricien lui-même. Mais, s'il est vrai qu'il n'a pas l'esprit scolastique, ayant toujours su se démarquer de tous (devanciers et contemporains) pour créer son propre mode d'expression, on se prend à croire, en considérant son œuvre, qu'il a entendu et assimilé les leçons des meilleurs maîtres, leçons reçues intuitivement par ces voies mystérieuses qui relient, hors du temps et de l'espace, les artistes véritables. » - Jean-Louis Vergeade[19]
« On connaît mal les œuvres de jeunesse, leur sobriété, leur décision, leur construction bien affirmée : bon nombre des toiles - et surtout des aquarelles - qui passent en vente publique sont celles, très habiles et peut-être trop habiles, de la maturité ; elles sont presque toujours inspirées par Honfleur et la côte d'Opale, parfois par Paris et ses environs. » - Gérald Schurr[8]
« Herbo est de ces "petits maîtres du XXe siècle", qui pour avoir pratiqué un art simple, direct et sans prétentions scolastiques, n'en ont pas moins fait preuve de beaucoup de talent et de sincérité. En 1950, au Salon des indépendants, il présentait encore un port qui fut très remarqué et qui rappelait, pour la sincérité de l'impression, le Friesz des paysages de la maturité. » - Dictionnaire Bénézit[9]
Pierre Varenne (portrait de Fernand Herbo dessiné par André Hambourg), « Fernand Herbo », Les peintres témoins de leur temps, vol.10, Achille Weber/Hachette, 1961.
André Thierry, « Herbo, un œil amoureux », La Galerie des arts, n°91, mai 1970.
Jean-Louis Vergeade et Elisabeth Morisseau, Les chroniques peintes de Fernand Herbo, Éditions Morisseau et Journeau, 1987.
Grégoire Brainin dit Moineau, Poèmes et rêves du ciel et de Normandie, ouvrage illustré de reproductions de tableaux de Fernand Herbo et Charles Pollaci, auto-édition, 1992.
Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin Delcroix, De Bonnard à Baselitz - Estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.