D'après le Livre d'Esther[1], cette femme originaire de Judée s'appelle Hadassah, ce qui signifie « myrte » en hébreu. Quand elle entre au harem royal, elle reçoit le nom d'« Esther », qui est vraisemblablement une façon de désigner le myrte pour les Mèdes. Le mot est assez proche de la racine du mot qui, en kurde ou en persan, désigne aussi bien le myrte, que la forme de sa fleur, en « étoile ». Selon un Targoum de la tradition juive, elle était en effet aussi belle que « l'étoile de la nuit », appelée astéria par les Grecs.
Certains critiques du Livre d'Esther font dériver le nom d'Esther de celui de la déesse Ishtar parce que les consonnes sont exactement les mêmes. De plus, comme la lettre chin — et non ס : samekh — est utilisée et prononcée « s » au lieu de « sh », cela peut également correspondre phonétiquement à « Ashtoreth », appellation hébraïque de la déesse Ishtar[2].
Le Midrach comprend le nom « Esther » en hébreu sous le sens de « caché ». Esther cachait son origine judéenne comme Mardochée le lui avait conseillé[3].
Esther est la fille d'Avihaïl de la tribu de Benjamin, une des deux tribus qui constituèrent le royaume de Juda avant sa destruction par les Babyloniens et les déportations de l'élite du royaume vers les provinces de l'empire perse[1].
Au début du récit, elle habite avec son oncle Mardochée (lui-même fils de Yaïr, l'oncle d'Esther), qui occupe une fonction administrative au palais du roi perse à Chouchan. Après avoir ordonné la déposition de la reine Vachti, qui a refusé de se montrer nue devant les ministres[4], le roi Assuérus cherche une nouvelle épouse parmi toutes les jeunes femmes du royaume[4]. Le choix tombe sur Esther[4]. Elle s'installe au palais mais dissimule sa véritable identité juive[1].
Quand le ministre Haman décide d'exterminer tous les Juifs du royaume, Esther est ainsi au premier rang pour demander au roi d'annuler le décret de son ministre. Après un jeûne de trois jours qu'elle s'inflige pour peser et sous peser sa décision, elle se présente au roi pour lui demander la faveur d'accepter son invitation à diner dans sa suite avec Haman. Par la suite, elle les invite à nouveau et, à l'issue du second diner, informe le roi qu'elle est juive et que Haman a décrété l'élimination des Juifs du royaume[4]. Comme un décret marqué du sceau royal ne peut être annulé, Esther obtient du roi le droit pour les Juifs de se défendre le jour où ils seront attaqués[4], en tuant des milliers d'hommes du royaume. Le roi fait pendre son premier ministre Haman ainsi que les dix fils de ce dernier pour avoir failli causer un grand tort aux Juifs résidant dans son empire[1].
Esther apparaît dans la Bible comme une femme d'une grande piété, caractérisée par sa beauté, par sa foi, sa sagesse, son courage, son patriotisme, sa prudence et sa résolution. Elle est fidèle et obéissante vis-à-vis de son cousin Mardochée et anxieuse face à son devoir de représenter le peuple juif et d'obtenir du roi leur salut. Dans la tradition juive, elle est vue comme un instrument de la volonté de Dieu pour empêcher la destruction du peuple juif, les protéger et leur assurer la paix pendant leur exil à Babylone[5].
Traditions juives liées au personnage
La victoire des Juifs sur leurs ennemis et Haman est fêtée dans de grandes réjouissances lors de la fête de Pourim[4], au cours de laquelle tous les Juifs ont l'obligation d'écouter la lecture du livre d'Esther - et où enfants et adultes se déguisent comme lors d'un joyeux carnaval.
Ainsi, le « jeûne d'Esther » consiste à jeûner sans pain ni eau pendant une journée au printemps, précisément le 13 Adar, veille de la fête de Pourim, selon le calendrier hébraïque, pour commémorer le sauvetage du peuple juif par la reine Esther et le jeûne de trois jours qu'elle réclama alors au peuple juif pour l'aider dans son entreprise[6].
Ester, ou Celle qui rendit la liberté aux juifs de Perse, oratorio chanté en italien de Karl Ditters von Dittersdorf sur un livret de Salvator Ignaz Pintus, pour solistes, chœur et orchestre de chambre, 1773.
↑Judy Chicago, The Dinner Party : From Creation to Preservation, Londres, Merrel 2007. (ISBN1-85894-370-1).
↑Catalogue de livres imprimés et manuscrits, en grande partie rares, singuliers et précieux, composant le cabinet de M. [Méons]..., , 100 p. (lire en ligne), p. 39.
↑Il y a joint une traduction latine et des scholies grecques