« Imaginez-vous que Les Mamelles reçues par Jacques Rouché dès le printemps [19]45, n'ont pu passer qu'en juin [19]47, car je ne trouvais pas d'interprète pour créer le rôle difficile de Thérèse-Tirésias. Max de Rieux, à qui je dois une sensationnelle mise en scène, avait déjà commencé à faire répéter les rôles d'hommes, mais où dénicher la star rêvée ? Un beau jour, il me dit : “Monte donc au théâtre, tu verras une jolie fille qui sort des Folies Bergère. Elle pourrait peut-être faire notre affaire.” Je ne me le fis pas dire deux fois, et pris l'ascenseur pour ce petit théâtre sous les toits où se font la plupart des mises en scène de l'Opéra-Comique. Très sportivement vêtue, Mlle Duval, je ne savais même pas son nom, répétait la Tosca avec Mme Matthieu-Hirsch, dont le mari était alors directeur des subventionnés. De suite, je fus frappé par sa voix lumineuse, sa beauté, son chic, et surtout ce rire sain qui dans Les Mamelles fait merveille. En un instant, j'étais décidé. C'était l'interprète rêvée. De plus, venant des Folies Bergère où Georges Hirsch avait eu le flair de la dénicher, elle était rompue à toutes les audaces scéniques[4]. »
Le charme, la prestance et les qualités de comédienne de la jeune Denise Duval exercent tout de suite une fascination sur Poulenc. De cette rencontre va naître une amitié et une complicité qui se poursuivra jusqu'à la mort du compositeur en [2]. C'est ainsi pour qu'elle puisse les chanter à son jeune fils que Poulenc compose en 1960 le cycle de mélodies La Courte Paille, sur des poèmes de Maurice Carême.
En 1965, un accident vocal mal soigné la laisse quasiment aphone et l’oblige à interrompre sa carrière. En 1970, sur la demande insistante de Dominique Delouche[5], elle accepte cependant de sortir de sa retraite pour jouer dans La Voix humaine, utilisant en playback son enregistrement de 1959.
Denise Duval vit ensuite retirée à Bex, en Suisse, jusqu’à son décès le [2]. En 2020, la Municipalité de Bex décide d'honorer cette artiste en renommant le parc de la Vauvrise « parc Denise-Duval »[6]. Le parc arborisé à son nom est inauguré en 2021.
Discographie
Les Mamelles de Tirésias de Francis Poulenc, avec Denise Duval, Jean Giraudeau, Émile Rousseau, Robert Jeantet, chœur et orchestre de l'Opéra-Comique sous la direction d'André Cluytens – EMI, 1953 (distribution de la création)
La Voix humaine, de Francis Poulenc, avec Denise Duval, orchestre de l'Opéra-Comique sous la direction de Georges Prêtre – EMI, 1959 (distribution de la création)
La Veuve joyeuse, de Franz Lehär, avec Denise Duval (Missia Palmieri), Jacques Jansen (Prince Danilo), Gise Mey (Nadia), Claude Devos (C. de Coutançon), Chœurs Raymond Saint-Paul, orchestre de l'Association des Concerts Lamoureux sous la direction de Jules Gressier – Pathé
Phryné de Camille Saint-Saëns, Denise Duval, Nadine Sautereau, André Vessières, Michel Hamel, Orchestre et ChoraleLyrique de L'O.R.T.F. dir. Jules Gressier 1960 report Classical Moments 2013
↑Stéphane Wolff, Un demi-siècle d'Opéra-Comique, op. cit., p. 250.
↑Entretien avec Claude Rostand cité in Francis Poulenc, Journal de mes mélodies, texte intégral établi et annoté par Renaud Machart, éd. Cicéro, Paris, 1993, p. 130.