Clément a été lié très jeune à Cyrille et Méthode : selon Théophylacte, il s'attacha « dès son plus jeune âge » à Méthode, qui devint son modèle (probablement dès 856, quand Méthode entra dans un monastère sur le mont Olympe de Bithynie) ; il accompagna les deux frères en 863 dans leur mission en Grande-Moravie, et en 868 à Rome, où il fut ordonné prêtre. Après la mort de Cyrille à Rome, Clément accompagne Méthode lors de son voyage de Rome à la Pannonie et la Grande-Moravie. Après la mort de Méthode en 885, ses disciples sont persécutés par le prince morave Sphentoluk ainsi que par l'évêque germanique Wiching car ils refusaient le Filioque[6]. Il est emprisonné, laissé à des soldats barbares puis expulsé de Moravie après de nombreuses tribulations, il se rend alors en Bulgarie en 885 ou 886, avec Naum et Angelar, tous anciens disciples de Cyrille et Méthode. Ils sont envoyés à Pliska, la capitale bulgare d'alors, où Boris Ier leur demande d'éduquer le futur clergé bulgare en vieux-slave. Sava, un autre disciple y contribue également.
Après l'adoption du christianisme en 865, les cérémonies religieuses en Bulgarie étaient tenues en grec par des religieux envoyés par l'Empire byzantin. Craignant l'influence byzantine grandissante et l'affaiblissement de son État, Boris Ier voyait l'adoption du vieux-slave en tant que langue liturgique comme un moyen de conserver son indépendance politique. Sous son impulsion, deux écoles de vieux-slave sont ouvertes, la première à Preslav et la deuxième à Ohrid.
Alors que Naum reste à Pliska, Clément est envoyé dans sa région natale, à Ohrid. Pendant sept ans, de 886 à 893, il y forme quelque 3 500 disciples en vieux-slave et avec l'alphabet glagolitique. Puis il va poursuivre le travail de traduction en cyrillique. En 893, il est ordonné archevêque. À sa mort, il est enterré au monastère Saint-Pantaleimon d'Ohrid.
Œuvres et postérité
Saint Clément d'Ohrid est l'un des auteurs en vieux-slave les plus prolifiques et les plus importants. On lui attribue l'hagiographie de Cyrille et Méthode, la traduction de chants religieux et l'écriture de deux services liturgiques.
↑(bg) Georgi Bakalov et Milen Kumanov, History of Bulgaria electronic edition, Sofia, Trud, Sirma, (ISBN954-483-067-7), « KUTMICHEVITSA (Kutmichinitsa) ».
↑Paul Gautier, « Clément d'Ohrid, évêque de Dragvista », Revue des études byzantines, , p. 200 (lire en ligne)
Bibliographie
Paul Gautier, « Clément d'Ohrid, évêque de Dragvista », Revue des études byzantines, vol. 22, , p. 199-214 (lire en ligne)
Ilia G. Iliev, « The Long Life of Saint Clement of Ohrid: A Critical Edition », Byzantinobulgarica, vol. 9, , p. 62-120 (lire en ligne)
Peter Ivanič, « The Issue of the Origin of Saint Clement of Ohrid and Saint Naum of Ohrid in Slovak and Czech Historiography », European Journal of Science and Theology, vol. 14, no 1, , p. 135-144 (lire en ligne)
Скендер Мучай, Суеля Джуери, Ирклид Ристани et Алексей М. Пентковский, « Средневековые церкви в долине Шушицы (Южная Албания) и славянская епископия свт. Климента Охридского » [« Medieval Churches in Shushica Valley (South Albania) and the Slavonic Bishopric of St. Clement of Ohrid »], Slověne: International Journal of Slavic Studies, vol. 3, no 1, , p. 5-42 (lire en ligne)