Il est baptisé en l'église Saint-Michel de Dijon le , fils de Bénigne Balbastre, organiste à la cathédrale de Dijon, son premier professeur, et de Marie Millot. Son parrain est maître Claude Fyot, correcteur à la chambre des comptes, et sa marraine demoiselle Pierrette Tortochaut, épouse de Pierre Phosson conseiller et notaire royal.
A la mort de son père lorsqu'il n'a que 13 ans, il poursuit sa formation auprès de Claude Rameau, frère de Jean-Philippe Rameau, qui lui succède. En 1743, il reprend la tribune de la cathédrale à la suite de son maître. Il bénéficie de l'aide bienveillante de ce dernier lorsqu'il s'installe à Paris en [2] et peut ainsi se faire connaître de la haute société : le , il débuta au Concert Spirituel par un concerto d'orgue fort admiré[3]. Il est nommé organiste à l'église Saint-Roch[2] à Paris en 1756. il accède progressivement aux postes les plus prestigieux : organiste à Notre-Dame de Paris[2] en 1760, claveciniste à la Cour de France où il enseigne à Marie-Antoinette[2], et devient l'organiste du comte de Provence et de la Chapelle royale.
Le , en l'église Saint-Roch à Paris, il épouse Marie-Geneviève Hotteterre, fille de Jacques-Martin Hotteterre et descendante de cette célèbre famille de musiciens normands. Le compositeur et biographe anglais Charles Burney visita Balbastre en 1770, dans ses appartements rue d'Argenteuil et mentionna dans une lettre le magnifique clavecin Ruckers en possession du musicien :
« [J'ai pu] voir et entendre un remarquable clavecin Rucker qui est en tout point un bijou … Il est peint et vernis comme une tabatière. Sur l'extérieur se trouve la naissance de Vénus ; l'intérieur du couvercle, l'histoire de l'opéra le plus fameux de Rameau, « Castor et Pollux » ; la Terre, l'Enfer et l'Élysée y sont représentés ; en Élysée, assis sur une berge, ce célèbre compositeur lui-même tient une lyre à la main … Le son de cet instrument est plus délicat que puissant ; l'un des registres est en buffle[4], mais très doux et agréable ; le toucher est très léger en raison des becs qui en France sont toujours faibles »
— Charles Burney
Veuf, il épouse en secondes noces en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, le 17 novembre 1767, Marie-Antoinette Boileau, nièce du grand écrivain, qui lui donnera deux enfants : Anne-Louise, née en 1773, et Antoine-Claude en 1774.
Malgré ses états de service, il parvient, en se ralliant – au moins en apparence – aux idées nouvelles, à traverser la Révolution et à conserver son poste à Notre-Dame (transformée en temple de la Raison), où il exécute ses adaptations des hymnes révolutionnaires à l'orgue. Il est vrai que son jeu a toujours été prisé du public : sa fantaisie est telle, même à l'église, qu'en , l’archevêque de Paris lui fait interdiction de jouer pendant la messe de minuit « à cause la multitude qui venait entendre l’organiste et qui ne conservait pas le respect dû à la sainteté du lieu[6]. ». En 1766, le même prélat interdit ses Te Deum de la veille de saint Roch, « parce qu'ils attiraient trop de monde à l'église[3] ».
Il meurt à Paris, 181 rue d'Argenteuil (sur la paroisse Saint-Roch) le 20 floréal an VII (), oublié de tous.
14 concertos pour orgue (disparus, mais dont au moins un a été retrouvé dans le manuscrit de Versailles)
Concerto en ré majeur
Livre Contenant des Pieces de different Genre d'Orgue Et de Clavecin PAR Le S.r Balbastre Organiste de la Cathedralle de Dijon (1749), dit manuscrit « de Versailles » ou de Dijon - 76 pièces.
variations sur le thème de la Marseillaise : Marche des Marseillois et l’Air Ça ira Arrangés pour le Forte Piano / Par le Citoyen Balbastre / Aux braves défenseurs de la République française l’an 1792 1er de la République (Paris 1793)
Recueil de Noëls, formant quatre suittes, avec des Variations pour le clavecin & le forte piano (1770)
Première Suitte de Noëls : À la venue de Noël ; Joseph est bien marié ; Où s’en vont ces gais bergers ; Ah ma voisine es tu fâchée ; Tous les bourgeois de Châtre ; Quand Jésus naquit à Noël.
Deuxième Suitte de Noëls : Votre bonté grand Dieu ; Il est un petit l'ange ; Joseph revenant un jour ; Au jô des pucelle ; Grand Dei, riblon ribeine ; À Cei-ci le moître De tô l’univar.
Troisième Suitte de Noëls : Qué tu grô jan, qui folie ; Divine Princesse ; Ô jour to divin Flambeau ; Qu’el d’esordre dans la nature ; Ve Noei Blaizôte ; Fanne coraige, le diale â moi.
Quatrième Suitte de Noëls : Or nous dites Marie ; Je rends graces à mon Dieu ; Qui a ce peu machuret ; Comment tu oze petite Rose ; Laissés paître vos bêtes.
Quatre autres noëls
À minuit fut fait un réveil
Il n'est rien de plus tendre
Mes bonnes gens attendes moi
Si c'est pour ôter la vie
Curieusement, les noëls, qui sont clairement dans la tradition de l'orgue français, sont édités par lui pour « le clavecin et le piano-forte ». C'est sur ce dernier instrument qu'il les joue avec grand succès dans les milieux de l'aristocratie.
Compositions pour le clavecin
Deux livres de pièces de clavecin :
Pièces de clavecin avec deux Fugues pour l'Orgue (Manuscrit 1748) - 8 pièces :
I. Sonate 2 en fa majeur
II. Sonate 5 en sol mineur
III. Sonate 6 en fa majeur
IV. Menuet I en la majeur et Menuet II en la mineur
V. Badine en la majeur
VI. Gavotte-Rondeau en sol mineur
VII. Sonate en sol majeur
VIII. Sonate en fa majeur : Le Coucou
Pièces de clavecin, Premier Livre (Paris 1759) - 17 pièces :
La De Caze. Fièrement et marqué, animé
La D’Héricourt. Noblement, sans lenteur
La Ségur. Gavotte. Gracieusement
La Monmartel ou la Brunoys. Allegro
La Boullongne. Fièrement et marqué
La Castelmore. Air champêtre. Louré - Gracieux
La Courteille. Air
La Bellaud. Vivement
La Lamarck. Ouverture. Vivement, marqué
La Berville. Gavotte. Gracieusement
La Lugeac. Giga. Allegro
La Suzanne. Noblement et animé - Gracieusement
La Genty. Badine. Gaiement
La Malesherbe, Ariette gracieuse, Air Gay
La Berryer ou la Lamoignon. Rondeau. Gracieusement
La Laporte [Allegro, animé]
La Morisseau. Noblement
"Recueil d'airs choisis de plusieurs opéras accommodés pour le clavecin …" (vers 1761), Bibliothèque Nationale, manuscrit VM7 2108 - 11 pièces :
Mondonville : Carnaval du Parnasse, Air-Air gracieux-Musette
Quarante pièces d'orgue du Manuscrit de Versailles (1749), (dont le Concerto en ré majeur en 4 mouvements, des trios, des duos, la Petite chasse, des récits, des Préludes, des Fugues, le Tapage ...), en deux volumes aux Éditions Europart-Diffusion (2007), restitution par l'organiste Marie-Agnès Grall-Menet.
Claude Balbastre à Saint-Roch : Les 4 Suites de Noëls - Magnificat du 1er Ton - Concerto en ré majeur - Prélude & Fugue en ré mineur - Trio à quatre mains - La Marche des Marseillois et l'air "Ça ira" - Michel Chapuis & Marina Tchebourkina, Grandes Orgues historiques de l'Église Saint Roch, Paris (2002 - Natives - 2CD)
Pièces de clavecin (1759) + Duphly et A-L. Couperin - Gustav Leonhardt (1980 - DHM 74321-32328)
Premier Livre de Pièces de Clavecin (1759) - Jean-Patrice Brosse, clavecin Kroll 1774 (octobre 1999, Pierre Verany PV 799102)
Pièces de clavecin en manuscrit, « Romances, pastorales, chasse et canonnade » - Jean-Patrice Brosse, clavecin Kroll 1774 (juin 2006, Pierre Vérany PV 707021)
Pièces de clavecin (1759) - Sophie Yates, clavecin Andrew Garlick 1996, d'après Goujon 1748 (29-30 novembre 2005, Chandos CHAN 0777)
Pièces de clavecin (1759) - Korneel Bernolet, clavecin Augusto Bonza 2011, d'après Hemsch 1736 (2013 - Aliud)
Musique de salon, Claude-Bénigne Balbastre [Pièces de clavecin de 1759, Marche des Marseillois et l'air Ça-Ira, Prélude] - Mitzi Meyerson, fortepiano, Broadwood & clavecin, d'après Taskin (mars 2003 et octobre 2004, 2CD Glossa GCD 921803)
Airs d’opéra accommodés pour le clavecin de Rameau, Mondonville et Rebel par Balbastre (+ P. Royer) - Catherine Zimmer, clavecin Martine Argellies d'après Goujon (2011, L'Encelade ECL1001)
↑Jean Duron et Centre de musique baroque de Versailles, Regards sur la musique au temps de Louis XV, vol. 3 de Regards sur la musique en France aux 17e et 18e siècles, Paris, Mardaga, coll. « Regards sur la musique », , 167 p. (ISBN978-2-87009-978-0, lire en ligne)
(fr) AnneRobert.net : Extrait d'un article d'Anne Robert (publié en 1994 dans la revue L’Orgue no 229) relatif à un manuscrit ayant appartenu à Claude Balbastre.