Christian Marie Ferdinand de La Croix de Castries est né à Paris, au sein d'une famille noble. Sa famille est ducale et lui porte le titre de comte. Il compte parmi ses ancêtres plusieurs générations de militaires de haut rang.
En 1921, il s'engage dans l'armée de terre au titre de la cavalerie. Il effectue sa scolarité d' élève-officier de cavalerie et sort de l'École de cavalerie de Saumur en 1926, il remporte plusieurs prix hippiques en France et à l'étranger avant la guerre de 1940 et établit un record de saut en hauteur.
Seconde Guerre mondiale
Bataille de France (mai-juin 1940)
Il participe à la bataille de France en mai-juin 1940 sur le front de la Sarre. Lieutenant, il est blessé et fait prisonnier[3]. Il réussit à s'évader, après trois tentatives, en mars 1941[2]. Il est cité à l’ordre de l’armée le 16 août 1940 : « Magnifique officier de cavalerie, tenant avec son peloton et une section de chasseurs, un avant-poste dont la défense s'avérait extrêmement difficile, a été dès le 12 mai 1940, au premier jour, encerclé par l'ennemi. Ayant reçu l'ordre de résister, a montré dans ces circonstances tragiques, la fermeté de caractère et l'esprit de décision d'un vrai chef. A subi durant toute la journée, trois attaques ennemies, les repoussant de tous ses feux et à la grenade. A électrisé par son courage l'ardeur de ses hommes ramenant dans son réduit, sept cadavres allemands et un prisonnier blessé, n'ayant eu lui-même que deux blessés légers. Après avoir fait le bilan de ces moyens de résistance, a décidé pour le lendemain quatre heures d'exécuter une ultime sortie en emmenant ses blessés. L’exécution eut lieu, lui-même ne partant que le dernier comme il en avait décidé. Le chef de section et dix chasseurs purent rentrer dans nos lignes. Encerclé à nouveau, au milieu d’une intense fusillade, le lieutenant de Castries s'est battu à la tête d'une poignée d'hommes jusqu'au moment où un silence tragique a plané sur leur sort ».
En , il participe aux opérations du San-Michele, du Pantano, de la Mainarde, en , aux combats de de Costa San-Pietro, Mona-Casale et San-Croce, en , à la bataille du Garigliano[2], en à la marche sur Rome puis en juin-juillet à l'avancée vers Sienne[2] et Florence. Le , il est blessé au bras droit à Poggibonsi.
Au cours de la campagne, il est cité deux fois, une première fois à l’ordre de la 2e division d'infanterie marocaine le puis, à l’ordre de l’armée le : « Officier de cavalerie de haute valeur et d'une bravoure exceptionnelle. S'est distingué à maintes reprises pendant les opérations d'hiver en Italie et lors de l'offensive sur le Garigliano ; chargé le 20 juin du commandement d'un détachement blindé, a magnifiquement accompli sa mission faisant de nombreux prisonniers. A eu l'honneur de rentrer le premier dans Sienne à la tête de son détachement aux premières heures, le 3 juillet. A été blessé le 19 juillet en sautant sur une mine à Poggibonsi au cours d'une mission de reconnaissance ».
À la tête de son unité de blindés qu'il mène jusqu'en Allemagne, il participe à la libération de Thann (Haut-Rhin) et, après avoir franchi le Rhin, participe à la prise de Karlsruhe puis de Freudenstadt. Il poursuit jusqu'en Autriche et, après avoir traversé le tunnel de l'Arlberg avec ses chars, il participe à la prise de la ville de Sankt-Anton, dans le Tyrol[2].
Il est à nouveau cité quatre fois : à l’ordre de la 2e DIM le ; à l’ordre de l’armée, avec promotion au rang d’officier de la Légion d'honneur, le : « Officier d'avant-garde de grande classe. Le 3 avril, chef d'un groupement de trois escadrons chargé de reconnaitre Karlsruhe et arrêté à six kilomètres au Nord par des difficultés de terrain, a abordé en pleine nuit les lisières Nord de la ville. Accueilli par un feu violent, est resté au contact jusqu'au matin malgré sa faiblesse numérique. Le 4 avril, ayant regroupé son détachement, s'est porté dès l'aube et sans attendre l'arrivée des unités voisines à l'attaque de la ville dans laquelle il a pénétré de vive force jouant dans son enlèvement le rôle principal » ; à l’ordre de la division le ; à l’ordre de l’armée le : « Magnifique commandant d'avant-garde. Après s'être distingué à la prise de Karlsruhe le , n'a cessé, jusqu'à la fin des hostilités, à la tête du sous-groupement de tête du régiment, de talonner l'adversaire en retraite, attaquant avec une remarquable vigueur toutes les résistances rencontrées, payant de sa personne au maximum et s'exposant constamment avec le plus complet mépris du danger. Le 17 avril après avoir culbuté une importante formation ennemie qui défendait avec acharnement les approches de Freudenstadt, s'est emparé de la ville qui constituait un des objectifs essentiels de l’armée ».
Guerre d'Indochine
Colonel pendant la guerre d'Indochine[4], il prend en décembre 1953 le commandement du camp retranché de Diên Biên Phu et résiste pendant 57 jours, entre mars et mai 1954, avec les 14 000 soldats du corps expéditionnaire français en Indochine sous ses ordres, à l'assaut de cinq divisions du Việt Minh (soit environ 48 000 combattants)[5] sous les ordres du général Võ Nguyên Giáp. Il est nommé général de brigade [6] au cours de la bataille et il est fait prisonnier à la chute du camp retranché le , dans l'après-midi.
Il est aperçu captif des forces armées du Viêt Minh dans le documentaire Vietnam[7] (1955), qui fut réalisé par le reporter de guerre soviétique Roman Karmen. Relâché après quatre mois de captivité, il rentre en France et réalise alors un rapport secret destiné à l'état-major de l'armée de terre, retraçant ce qui s'était passé à Diên Biên Phu.
Dernières années
En tant que général de division, il commande en 1956 la 5e division blindée stationnée en Allemagne fédérale.
En décembre 1959, il demande son placement en 2e section du cadre des officiers généraux (réserve). Il gère alors une société de récupération.
Accusations de crimes de guerre en Allemagne en 1945
Lors de la prise de Freudenstadt, en Allemagne par les Alliés, les 16 et , selon le témoignage d’une doctoresse appelée au chevet des victimes[8], au moins six cents femmes auraient été violées par les troupes françaises, dont une partie par des soldats marocains, auxquels se joignirent des prisonniers de guerre polonais libérés dans le secteur.
Les Allemands menèrent plus tard des enquêtes pour connaître les responsables qui avaient laissé les troupes se déchaîner de cette façon. La presse allemande accusa Christian de La Croix de Castries, d’avoir « autorisé ses spahis marocains à piller la ville et à violer les femmes. »[9],[10].
Il commandait alors un groupe d'escadrons du 3e régiment de spahis marocains, régiment blindé composé très majoritairement, contrairement aux régiments de tirailleurs, de soldats européens, comme tous les régiments de spahis pendant les campagnes d'Italie et de la Libération[11].
↑Henri Hiegel, La drôle de guerre en Moselle : 10 mai au 4 juillet 1940, t. 2, Sarreguemines, Pierron, coll. « Documents lorrains » (no 14), , 371 p. (lire en ligne), p. 25.
↑« Dans Freudenstadt détruite, 600 viols auraient été commis selon le témoignage d’une doctoresse appelée au chevet des victimes. », Claire Miot, La première armée française, Perrin, 2021, p. 289
↑« The units that entered Freudenstadt were made up of French soldiers from the 5th Armoured Division, Foreign Legionaries and Moroccan and Algerian troops from the 2nd Moroccan and the 3rd Algerian Infantry Divisions. It is reported that local Polish workers joined in...The American general Devers wrote to complain to de Lattre. Freudenstadt had not added to the reputation of the French army. Later the Germans wanted to know who had allowed the troops to run riot in this way. The commander in Freudenstadt appeared to have been a swarthy southern type called Major Deleuze; but a Captain de l’Estrange was also mentioned, as well as a Major Chapigneulles and his adjutant, Poncet from Lorraine, who was a famous beater. Tortures were carried out by one Guyot and an alleged former Jesuit called Pinson. The British press blamed the atrocities on a Major de Castries, a scion of one of France’s oldest families. », Giles MacDonogh, After the Reich: The Brutal History of the Allied Occupation, Basic Books, 2009, p. 78
↑Anthony Clayton cite des effectifs théoriques de 15% de soldats « indigènes » pour les régiments de spahis et de chasseurs d'Afrique pendant les campagnes d'Italie et de Libération, Anthony Clayton, Histoire de l'armée française en Afrique, 1830-1962, Albin Michel, 1994, p. 341-342
↑Pierre Journoud, Hugues Tertrais, Paroles de Dien Bien Phu: les survivants témoignent, Tallandier, 2004, p. 303