Fréminville appartenait, par son père et par sa mère, à deux familles d'ingénieurs : il est le fils aîné d'Elisabeth Théodore de la Poix de Freminville, ingénieur dans les Ponts et Chaussées au Havre de Grâce, et de Marie Adélaïde de Chezy (fille d'Antoine Chézy)[1].
De retour en janvier 1803, il est promu enseigne. La même année, il est blessé dans un combat entre la canonnière qu'il monte et une frégate britannique. En 1806, sur la Sirène commandée par le capitaine Le Duc[2], il fait partie de la division des frégates envoyées dans les mers voisines du pôle boréal pour détruire les baleiniers anglais. Pendant la campagne, il remplit la triple fonction de major des signaux, adjudant de la division et hydrographe. Après avoir relevé l'île d'Enckuysen[3],[notes 1], l'expédition pousse jusqu'à 10 lieues de la pointe sud du Spitzberg, sans pouvoir y aborder. Après avoir fait quelques prises, elle revient vers l'Islande, où Fréminville détermina avec soin plusieurs points du littoral, puis croise en Irlande. La Sirène et une autre des frégates reviennent en France en septembre 1807.
Fréminville est promu lieutenant de vaisseau en 1811. Il s'installe à Brest à partir de 1815, ville qu'il habite jusqu'à la fin de ses jours[4]. De 1818 à 1827, il navigue successivement sur le Rhône, la Néréide, la Bonite et l’Adour, dans la Baltique, à la côte occidentale d'Afrique et aux deux Amériques, recueillant partout des observations, soit d'archéologie, soit d'histoire naturelle, et demandant en vain le commandement d'une expédition de découvertes autour du monde. En 1829, on le chargea seulement d'expérimenter le lochBouguer qu'il condamne. En 1827, il est promu capitaine de frégate.
Admis à la retraite l'année suivante, il se consacre exclusivement à ses travaux d'histoire naturelle et d'archéologie jusqu'à sa mort, survenue à Brest le 12 janvier 1848[5],[6].
Amateur d'archéologie
Disciple de Cambry, il est membre depuis 1810 de l'Académie celtique, laquelle académie devient Société royale des Antiquaires de France sous sa présidence en 1816[4]. Installé à Brest et membre de l'association du « Temple », se voulant la « continuatrice » de l'ordre des Templiers, il fonde les études archéologiques en Basse-Bretagne, publiant notamment un Cours d'études des Antiquités nationales[5] et Les Antiquités du Finistère. Il relate ses multiples excursions archéologiques dans les départements du Finistère, des Côtes d'Armor et du Morbihan dans les Antiquités de la Bretagne entre 1827 et 1844. Comme ses contemporains, il considère les monuments mégalithiques comme des monuments celtiques et voit dans les dolmens des temples grossiers pour les druides[4].
Les ruines du château de Carman en 1836 (en Kernilis).
Amateur de travestissement
Après la mort de son unique amour, Caroline, rencontrée aux Saintes, il prend l'habitude de s'habiller en femme, au début avec les toilettes de sa belle disparue, puis en véritable femme du monde. Il publie un Essai sur l'influence du costume féminin qu'il signe sous le pseudonyme de « Caroline de L. ».
Dans ses Mémoires, il raconte ses amours avec une Créole des Saintes, évoque la révolte des esclaves de Saint-Domingue et leur génocide par Leclerc, parle de la traite des Noirs, de la fièvre jaune, etc.
En raison de son goût pour le travestissement en costume féminin, ce qui fait sensation à Brest, il est aussi connu sous les noms de « Mademoiselle Pauline » et « La chevalière ».
Ouvrages
Chevalier de Fréminville, Le Combat des Trente, poëme du XIVe siècle, transcrit…, Brest, Lefournier et Deperiers, , 39 p. (BNF33312045, lire en ligne)
Chevalier de Fréminville, Antiquités de la Bretagne, Brest, Lefournier et Deperiers, 1827-1837 (BNF30463352)
7 parties en 4 vol. Monuments du Morbihan ; Finistère. - 2 vol. ; Côtes du Nord
Chevalier de Fréminville, Essai sur l'influence physique et morale du costume féminin, par Caroline de L***, née de L. P***, Brest, Imp. de Stahl, , 19 p. (BNF33373874)
Chevalier de Fréminville, Antiquités de la Bretagne : Côtes-du-Nord, Brest, J.-B. Lefournier, , 416 p. (BNF39777254, lire en ligne)
Chevalier de Fréminville, Notice sur des pièces d'artillerie du XVIe siècle récemment retrouvées dans le port de Brest, provenant du château de cette ville, Brest, J.-B. Lefournier, , 18 p. (BNF30463359)
Chevalier de Fréminville, Voyage dans le Finistère, Brest, J.-B. Lefournier, , 480 p. (BNF30188764)
Jacques Cambry et Chevalier de Fréminville, Voyage dans le Finistère : Nouv. éd. / accompagnée de notes historiques, archéologiques, physiques et de la flore et de la faune du département, Brest, Come aîné et Bonetbeau fils, , 480 p. (BNF30188764)
Chevalier de Fréminville, Mémoires sur le monument druidique de l'île de Gavrennez et sur les carneilloux ou anciens cimetières des Celtes armoricains, Paris, E. Duverger, , 24 p. (BNF30463357)
Chevalier de Fréminville, Notice sur quelques monuments de l'ordre des Templiers dans le département des Côtes-du-Nord, Paris, E. Duverger, , 17 p. (BNF30463360, lire en ligne)
Chevalier de Fréminville, Histoire de Bertrand Du Guesclin, Connétable de France et de Castille, considérée principalement sous le rapport stratégique, poliorcétique et militaire en général, Brest, A. Proux, , 522 p. (BNF30463356, lire en ligne)
Chevalier de Fréminville, Rapport d'une tournée archéologique faite dans l'arrondissement de Lannion, SL, , 31 p. (BNF30463361)
Extrait des Mémoires de la Société royale des antiquaires de France. T. XVI
Chevalier de Fréminville, Considérations générales sur les mœurs et les habitudes des serpents, Brest, A. Proux, , 24 p. (BNF30463354)
Chevalier de Fréminville, Le Guide du voyageur dans le département du Finistère, ou Description des monuments anciens et modernes et autres objets curieux qu'il renferme, Brest, A. Proux, , 292 p. (BNF30463355)
Chevalier de Fréminville et Eugène Herpin, Mémoires du chevalier de Fréminville (1787-1848), capitaine des frégates du roi, Paris, H. Champion, , 266 p. (BNF32128807)
Chevalier de Fréminville et Jean Merrien, Un certain chevalier de Fréminville, 1787-1848, marin, naturaliste, antiquaire de la Bretagne, ultra légitimiste et romantique, Paris, Éditions maritimes et d'outre-mer, , 287 p. (BNF41648191)
Louis-Marie Bajot et Chevalier de Fréminville, Annales maritimes et coloniales : recueil de lois et ordonnances royales, règlemens et décisions ministériels, mémoires, observations et notices particulières, et généralement de tout ce qui peut intéresser la marine et les colonies, sous les rapports militaires, administratifs, judiciaires, nautiques, consulaires et commerciaux, Paris, Imprimerie royale, , 978 p. (BNF32694602, lire en ligne)
Relation Sommaire d'un Voyage fait en 1806 au Pôle boréal, sur la frégate La Syrène, avec une Notice physique et géogragraphique sur île d'Islunde ; Année 1819, IIe partie, Notice n° 57, page 537
Louis-Marie Bajot et Chevalier de Fréminville, Annales maritimes et coloniales : recueil de lois et ordonnances royales, règlemens et décisions ministériels, mémoires, observations et notices particulières, et généralement de tout ce qui peut intéresser la marine et les colonies, sous les rapports militaires, administratifs, judiciaires, nautiques, consulaires et commerciaux, Paris, Imprimerie royale, , 1054 p. (BNF32694602, lire en ligne)
Mémoire sur l'état actuel de l'Hydrographie des Mers boréales ; Année 1820, IIe partie, Notice n° 1, page 5
Louis-Marie Bajot et Chevalier de Fréminville, Annales maritimes et coloniales : recueil de lois et ordonnances royales, règlemens et décisions ministériels, mémoires, observations et notices particulières, et généralement de tout ce qui peut intéresser la marine et les colonies, sous les rapports militaires, administratifs, judiciaires, nautiques, consulaires et commerciaux, Paris, Imprimerie royale, , 1116 p. (BNF32694602, lire en ligne)
Observations sur l'Expédition exécutée au nord-ouest, par le Capitaine Parry, commandant les navires l'Hekla et le Gripper ; Année 1821, IIe partie, Notice n° 29, page 140
Louis-Marie Bajot et Chevalier de Fréminville, Annales maritimes et coloniales : recueil de lois et ordonnances royales, règlemens et décisions ministériels, mémoires, observations et notices particulières, et généralement de tout ce qui peut intéresser la marine et les colonies, sous les rapports militaires, administratifs, judiciaires, nautiques, consulaires et commerciaux, Paris, Imprimerie royale, , 836 p. (BNF32694602, lire en ligne)
Examen sommaire des Expéditions de découvertes et des progrès de la Géographie pendant le XVIIIe siècle, ; Année 1827, IIe partie, Tome 1, Notice n° 3, page 34
Louis-Marie Bajot et Chevalier de Fréminville, Annales maritimes et coloniales : recueil de lois et ordonnances royales, règlemens et décisions ministériels, mémoires, observations et notices particulières, et généralement de tout ce qui peut intéresser la marine et les colonies, sous les rapports militaires, administratifs, judiciaires, nautiques, consulaires et commerciaux, Paris, Imprimerie royale, , 788 p. (BNF32694602, lire en ligne)
Continuation du Mémoire sur les expéditions de découvertes, et les progrès de la Géographie, pendant le XVIIIe siècle ; Année 1827, IIe partie, Tome 2, Notice n° 1, page 17
Eugène Herpin, Mémoires du chevalier de Fréminville (1787-1848), capitaine des frégates du roi, 233 pages, Champion, 1913, réédition La Découvrance 2006, (ISBN9782842654498)
Mémoires inspirée des Mémoires originelles du Chevalier de Fréminville
Jean Merrien, Un certain chevalier de Fréminville 1787 1848, Éditions maritimes et d'outre-mer, 1970
Le chevalier est le frère de l'arrière-grand-père paternel de l'auteur
Annie Chassing-Burette, « La vérité travestie du chevalier de Fréminville », dans Bulletin de la société archéologique du Finistère, n° CXLII, Quimper, Société archéologique du Finistère, 2014, p. 199-224[7].
Prosper Levot et Alfred Doneaud, Les Gloires maritimes de la France, notices biographiques sur les plus célèbres marins, découvreurs, astronomes, ingénieurs, hydrographes, médecins, administrateurs, etc., Paris, Arthus Bertrand, , 559 p.
↑Selon Bruzen de La Martinière, l'île d'Enckuysen aurait été découverte par les Hollandais. Bellin la situe par 65° N, 12° W sur ses cartes de 1751 et 1767. Elle est supprimée sur la carte publiée en 1854 par le dépôt général des cartes et plans de la marine.
Références
↑Archives départementales du Val-de-Marne, 1MI 150, registre d'Ivry-sur-Seine 1781-1790, vue 119/190 : son parrain est Christophe de la Poixd e Freminville, écuyer, trésorier général de l'hôtel royal des Invalides son grand oncle paternel, sa marraine Marie Barbe Pollin épouse d'Antoine Chezy ingénieur en chef, inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, grand-mère maternelle.
↑Pierre-Jacques Charliat, Le temps des grands voiliers, tome III de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 350
↑ ab et cYohann Sparfel et Yvan Pailler, Les mégalithes de l'arrondissement de Brest, Rennes, Institut culturel de Bretagne et Centre régional d'archéologie d'Alet, coll. « Patrimoine archéologique de Bretagne », , 290 p. (ISBN978-2-86822-111-7)
↑ a et bE. Herpin, Mémoires du chevalier de Fréminville (1787-1848). – Recension dans Annales de Bretagne, 1913, p. 347-349 [lire en ligne].