Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » ().
Chaïm Perelman est né à Varsovie en 1912. Ses parents émigrent en Belgique, à Anvers, en 1925. Il vient d'une famille bourgeoise, intellectuelle et aisée juive. Son père est commerçant et négociant de diamants. Il étudie à l'Athénée Royal d'Anvers avec Henri Buch et René Dekkers. Il épouse à Bruxelles, le , Félicie, dite « Fela », Liwer. Il obtient la nationalité belge en 1936. Le roi Baudouin a anobli Chaïm Perelman en 1984 à titre posthume[1],[2]: il lui a octroyé concession de noblesse héréditaire et du titre personnel de baron.
Études
Chaïm Perelman fait ses études à Bruxelles, à l'Université libre de Bruxelles où il étudie la philosophie et le droit. Il obtient en 1933 sa licence de Philosophie, et en 1934 son doctorat en Droit. Il obtient son doctorat en philosophie en 1938 à la suite de sa thèse de philosophie sur le logicien Gottlob Frege sous la direction de son professeur Marcel Barzin. Il passe un an à l'Université de Varsovie en 1936 pour approfondir ses recherches de thèse.
Guerre et résistance juive
Chaim Perelman est mobilisé lors des alertes de 1938 et 1939. Lors de l’invasion de la Belgique par les troupes allemandes le 10 mai 1940, il prend part comme soldat dans la campagne des 18 jours.
En 1941 Perelman rejoint l’Association des Juifs en Belgique (AJB), qui, créée la même année par l’occupant allemand, vise le recensement de tous les Juifs de Belgique. Perelman utilise sa place de chargé de l’éducation au sein de cette association afin de récupérer les fonds et les redistribuer au Comité de Défense des Juifs (CDJ), l'organisation résistante. À l'automne 1942 à Bruxelles, il participe avec son épouse à la mise sur pied de ce Comité de défense des Juifs (CDJ) au côté de Hertz et Yvonne Jospa. Chaïm Perelman s'occupe des adultes juifs et de la diffusion de journaux clandestins, Fela Perelman prend part quant à elle aux activités de la section jeunesse du CDJ qui sauva plus de 3 000 enfants juifs. Un bosquet de dix arbres a été planté en leur honneur en Israël, à Neveh-Ilan, dans le site forestier des Juifs de Belgique[3].
Après son implication dans la résistance juive, Chaïm Perelman continue à aider à la création d’une communauté juive intellectuelle et scientifique en Israël. À la suite de la formation de l’État d’Israël, Chaïm Perelman crée l’œuvre des Amis Belges de l’Université de Jérusalem en 1948, afin de mettre en place un lien scientifique et intellectuel entre les deux pays.
Il crée ensuite l’association Menorah en 1955, qui contribue à publier des périodiques et ouvrages intellectuels, organisant des conférences et des colloques sur l’éducation et la culture juive.
Chaïm Perelman est aussi vice-président en 1959 des Amitiés belgo-israéliennes.
Par reconnaissance pour son implication dans l’établissement d’une communauté intellectuelle et scientifique commune tout au long de sa vie, l’Université Hébraïque de Jérusalem décerne à Perelman le titre de « docteur honoris causa » en 1970.
Carrière universitaire et institutions
Il est élève-assistant en 1932 du séminaire de philosophie de Marcel Barzin. Puis, de 1938 à 1940 il est assistant chargé de cours de philosophie. Il est le premier professeur à enseigner la philosophie en néerlandais à l'ULB.
Pendant sa vie universitaire, Perelman se démarque par sa participation active dans de nombreuses institutions scientifiques et universitaires. Il est souvent la figure centrale de ces institutions : il préside la Société Belge de Philosophie (1955-1958), ainsi que la Faculté de Philosophie et de Lettres de l’ULB (1959-1962).
En 1948, il fonde la « Société belge de Logique et de Philosophie des Sciences », dont il est le président. Il est membre du conseil scientifique de l’Institut international de philosophie en 1953, secrétaire général de l’Association internationale des sociétés de philosophie la même année, président de la société belge de philosophie en 1955, puis président de la Faculté de Philosophie et de lettres de l’ULB en 1959.
Perelman participe activement à la vie institutionnelle de l’ULB, ainsi que dans des institutions internationales, et ce jusqu’à sa retraite.
Chaïm Perelman fonde le Centre National de Recherche et de Logique en 1950. Le CNRL se caractérise par le fait que ce sont des philosophes et des juristes qui travaillent conjointement sur la logique du discours juridique. Dans le cadre du CNRL, Perelman tient un séminaire à la Fondation universitaire sans interruption de 1959 à 1984. Il en résulte huit ouvrages collectifs publiés sous la direction de Perelman.
Le Centre de Philosophie du droit est fondé par Perelman, Paul Foriers, Henri Buch et René Dekkers en 1967. Il est rattaché en 1982 à la faculté de droit de l’ULB puis devient en 2006, « Le Centre Perelman de la philosophie du droit » en hommage à Chaïm Perelman. Le Centre publie sous la direction de Perelman une série d’ouvrages collectifs sur l’égalité de 1972 à 1984. Le Centre de Philosophie du droit se caractérise par l’aspect à la fois collectif des recherches, par l’interdisciplinarité de ses membres, par l’adoption d’une méthode et d’une conception pragmatique du droit, et surtout par la volonté d’appliquer des normes juridiques à un contexte concret et en particulier à une réalité sociale et économique donnée.
Philosophie
Sa principale influence est le philosophe belge Eugène Dupréel, son prédécesseur à l’université libre de Bruxelles. Dupréel est à l'origine de plusieurs idées importantes dans la théorie de l’argumentation de Perelman, notamment la théorie des notions confuses, la notion de raisonnable (opposée à l'idéal de rationalité) et une certaine approche sociologique du droit et de la connaissance.
Ce retour de la rhétorique argumentative coïncide avec le renouveau de l'intérêt pour les figures ou tropes, qui suscite la naissance d'une "nouvelle rhétorique" des figures, dans le cadre du développement de la poétique et de la sémiotique (Barthes, Todorov, Groupe µ…).
Si la nouvelle rhétorique perelmanienne ne s’impose vraiment qu’à partir de la fin des années 1970, les travaux de Perelman comptent parmi les plus novateurs du champ philosophique de l’époque. De nombreux chercheurs venant de disciplines aussi diverses que la philosophie ou le droit se revendiquent encore aujourd’hui des théories de l’argumentation de Perelman : le philosophe Michel Meyer qui, contrairement à Perelman qui focalisait la rhétorique essentiellement sur le logos (discours), replace au même niveau le pathos, le logos et l'ethos dans le cadre de la rhétorique ; le linguisteChristian Plantin ou les études littéraires de Ruth Amossy. L'éthicienGeorges A. Legault a aussi été influencé par les travaux de Chaïm Perelman, portant notamment sur la nouvelle rhétorique et l'impasse des philosophies fondationnelles[4].
Ouvrages
De la justice, Actualités sociales de l'Institut de Solvay, Bruxelles, 1945.
Rhétorique et philosophie, avec Lucie Olbrechts-Tyteca, Paris, Presses Universitaires de France, 1952.
↑L'arrêté royal de concession de noblesse et du titre de baron date du 5 décembre 1983. Mais les lettres patentes n'ont pu être délivrées qu'après le décès de Chaïm Perelman, à sa veuve, le 18 novembre 1984. Celle-ci reçut l'autorisation de porter le titre devant le nom de son défunt mari.
↑Paul Janssens et Luc Duerloo, Armorial de la noblesse belge du XVè au XXè siècle, vol. III : N - Z, Bruxelles, Crédit Communal, , 915 p. (ISBN2-87193-168-2), p. 174
↑Michel Bailly « Hommage en Israël à Fela Perelman » Le Soir, lundi 18 mai 1992, p. 12
↑Létourneau. Alain. & Moreault. Francis. (2006). Trois écoles québécoises d'éthique appliquée. Paris: L'Harmattan. p. 32
Annexes
Bibliographie
Marcel Côté, « La Philosophie du raisonnable de Chaïm Perelman », Laval théologique et philosophique, vol. 41, no 2, (ISSN0023-9054 et 1703-8804, DOI10.7202/400166ar).
Robert Legros, « Notice sur Chaïm Perelman », Annuaire 1986, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, , p. 76-122 (lire en ligne, consulté le ).
Robert Legros, « Perelman, Chaïm », dans Nouvelle Biographie nationale, vol. 4, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, (lire en ligne), p. 290-294.
Jean-Philippe Schreiber, "Perelman, Chaïm (baron)", in Dictionnaire Biographique des Juifs de Belgique: Figures du Judaïsme Belge XIXe – XXe siècle, Bruxelles, De Boeck et Larcier s.a., 2002, p.271-272.