Charles d’Albert d’Ailly, duc de Chaulnes, né en , mort le , est un officier français, lieutenant général des armées du Roi en 1655, chevalier des ordres du Roi en 1661, gouverneur de Bretagne et pair de France.
Après son père, puis son frère aîné, il devient en 1653 le troisième duc de Chaulnes,. Il est aussi vidame d'Amiens, baron de Picquigny, seigneur de Raineval et de nombreuses autres terres.
Il est lieutenant de la compagnie des chevau-légers de la garde du roi en 1664, ambassadeur à Rome pour l'élection du pape Clément IX en 1667, gouverneur de Bretagne en 1670. Il retourne à Rome la même année pour l'élection du pape Clément X. Il est envoyé comme ministre plénipotentiaire du roi à Cologne en 1675.
Nommé en 1670 commandant en chef pour le Roi en Bretagne, il ne peut endiguer la révolte du papier timbré et des bonnets rouges, en 1675. Il demande l'intervention des armées du roi et la punition des factieux. La répression brutale et indistincte qu'il exerce lui inspire ce mot : "Les arbres commencent à se pencher sur les grands chemins du poids qu'on leur donne". La violence meurtrière des troupes se comportant comme en territoire ennemi lui aliène ses derniers alliés nobles bretons et lui vaut les surnoms, donnés publiquement par le petit peuple, de "duc damné" et de « gros cochon », hoch lart[2].
Doté d'un grand appétit, il arborait une bedaine opulente et un visage rubicond. Saint Simon fait de lui ce portrait : « Sous la corpulence, l'épaisseur, la pesanteur, la physionomie d'un bœuf, l'esprit le plus délié, le plus délicat, le plus adroit à prendre et à pousser ses avantages avec tout l'agrément et la finesse possible… »[3].
Le parlement de Bretagne enregistre le 18 janvier 1685 l'ordonnance royale subrogant à l'amiral de France les prérogatives et responsabilités du commandant en chef du roi en Bretagne touchant la Marine des côtes de la province de Bretagne.
Il commande en Bretagne, lorsqu'il est nommé, pour la troisième fois, ambassadeur à Rome en 1689, à l'occasion de l'élection du pape Alexandre VIII.
Après 25 années passées à tenir le gouvernement de Bretagne, au prix d'importantes dépenses payées sur ses revenus personnels, il est contraint de s'en démettre en 1695, en faveur du comte de Toulouse, l'un des fils issus de l'union entre Louis XIV et Madame de Montespan, alors âgé de 17 ans. En guise de dédommagement, il obtient le gouvernement de Guyenne, qu'il conserve jusqu'à sa mort.
En avril 1655, le duc de Chaulnes épouse Elisabeth Le Féron, veuve de Jacques de Stuer de Caussade, marquis de Saint Maigrin.
Morte à Paris le 6 janvier 1699, elle était la fille et unique héritière de Dreux Le Féron, chevalier, seigneur de Savigny, Lormoi, conseiller au Parlement de Paris, et de Barbe Servien de Montigny[9].
Le duc et la duchesse de Chaulnes furent proches amis avec la marquise de Sévigné, qui relate dans sa correspondance ses séjours à Picquigny, dont un pavillon du château porte son nom, et à Chaulnes.
Il apparaît sur le bas relief en bronze de Coysevox représentant la Bretagne offrant à Louis XIV sa statue équestre par le sculpteur pour la place du Parlement de Bretagne, bas relief qui se trouvait au niveau du piédestal de la statue, et actuellement exposé au musée des beaux arts de Rennes.
Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, tome 8 - Paris, 1843.
Christophe Levantal, Ducs et Pairs et Duchés-Pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), 1996, Paris, Maisonneuve & Larose, p. 511-519. (ISBN2-7068-1219-2).
↑Philippe Seydoux, Gentilhommières en Picardie - Amiénois et Santerre, Paris, Editions de La Morande, (ISBN2-902091-32-X), p. 184
↑Philippe Seydoux, Châteaux et gentilhommières des Pays de l'Oise, tome 2, Paris, Editions de La Morande, , p. 218
↑Jacques Champeix et Lionel Mouraux, Bercy, Paris, éditions LM, (ISBN2 904463 02 X), p. 37
↑François Irénée Darsy, Picquigny et ses seigneurs, vidames d'Amiens, Abbeville, P. Briez, , 192 p. (lire en ligne), p. 73 - 77
↑Christophe Levantal, ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), Paris, Maisonneuve & Larose, , 1218 p. (ISBN2-7068-1219-2), p. 513-514
↑A. Ponthieux, « Le Château de Guiscard et ses anciens seigneurs à la fin du XVIIe siècle », Comptes Rendus et Mémoires lus aux Séances du comité Archéologique et Historique de noyon, vol. XXVI, , p. 115-138 (lire en ligne)
↑Audrey Adamczak, Robert Nanteuil ca 1623-1678, Paris, Arthena, , 365 p. (ISBN978-2-903239-47-3), p. 188-189 & 253
↑ Valérie Carpentier-Vanhaverbeke, La physionomie d'un bœuf et l'esprit le plus délicat - Le duc de Chaulnes par Antoine Coysevox, in Grande Galerie - Le Journal du Louvre, juin/juillet/août 2017, no 40, p. 18.
↑Alexandre Maral & Valérie Carpentier-Vanhaverbeke, Antoine Coysevox le sculpteur du Grand Siècle, Paris, Arthena, , 579 p. (ISBN978-2-903239-66-4), p. 366-371