Le château de Cessens-Vieux, ou tour de César, est un ancien château fort du XIIe siècle, centre de la seigneurie de Cessens, dont les ruines se dressent sur la commune de Cessens dans le département de la Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Situation
Le château de Cessens-Vieux est situé dans le département français de la Savoie sur la commune de Cessens, sur un mamelon de la montagne de Cessens, en direction du col du Sapenay, à 830 mètres d'altitude, distant de 220 mètres de Cessens-Neuf. Il commandait le passage du col.
Histoire
Le château est cité dans une charte, dans laquelle Gauthier d'Aix donne à l'abbaye d'Aulps, une terre située sur le mont sur lequel s'élève le château ; « in monte castri Sexent ». Matthieu de La Corbière l'indique ainsi parmi castra « genevois » mentionnés entre les XIe – XIIe siècle[2]. Le château est ainsi cité en 1121[2] dans une charte, dans laquelle, Gauthier d'Aix donne à l'abbaye d'Aulps, une terre située sur le mont sur lequel s'élève le château ; « in monte castri Sexent ». Il est encore cité le 1er février 1125 dans un acte signé de Rodolphe de Faucigny, seigneur de Faucigny ; il est alors la possession de cette famille.
En 1300[3], le château est cité dans une reconnaissance que passent Pierre et Mermet de Grésy. En 1316[3], Guillaume III de Genève l'inféode à Rodolphe de Grésy. Les deux châteaux, Cessens-Vieux et Cessens-Neuf, sont à cette date aux mains des sires de Grésy ; le premier relevant des comtes de Genève, le second faisant l'objet de contestations avec la Maison de Savoie. En 1309[3], Alise de Grésy, mère de Pierre de Grésy, y vît.
En 1401, le comté de Genève est acheté par le comte Amédée VIII de Savoie. Cessens et son mandement ne font pas partie des biens acquis par le comte de Savoie. Ils reviennent aux héritiers de la maison de Genève. Mathilde de Savoie hérite en 1409 des droits de sa tante, Blanche de Genève, faisant d'elle la dernière héritière de cette maison. Le comte de Savoie opère pour récupérer les derniers droits de cette famille et propose leur rachat[6],[7],[8]. Le tuteur de Mathilde, alors mineure et orpheline, son oncle Louis de Savoie-Achaïe, accepte le rachat[7]. Le contrat entre l'héritière et le duc est signé le [6],[8],[7].
Le 28 février 1563[3], Jacques de Savoie-Nemours vend les châteaux de Cessens et de Grésy, contre une somme de 4 000 écus d'or, à Louis Oddinet, baron de Montfort. Les châteaux sont rachetés par Jacques de Savoie-Nemours, en 1572[3], pour la même somme. Ils sont de nouveaux vendus, en 1575, cette fois, pour 6 000 écus, à Guillaume de Portes, originaire de Grenoble, seigneur de Châtel, président du Parlement du Dauphiné et conseiller du roi de France, qui le répare. Après lui, il passe à son fils Antoine de Portes.
En 1614, lors d'une visite, le château est alors en piètre état. En 1630[3], on relève, Madame de Gellaz, dame de Cessens, née de Rusinens. En 1672[3], au décès de Jeanne de Gellaz, baronne de Bagnols, sa sœur, Madame de La Motte, hérite du château. Cette dernière échange sa terre de Cessens, le 28 novembre 1677[3], avec le château et les terres de Saint-Hilaire, possession de Claude Carron, avocat au Sénat de Savoie puis conseiller d'État et contrôleur général des finances. Ce dernier sera élevé au titre de baron, en 1679, puis en 1682[3], au titre de comte de Grésy. Le château passe à ses descendants, Enard Carron, François Vincent Carron, et Claude Marie Carron, officier sarde. Ce dernier émigre en 1792 au moment de l'entrée des troupes révolutionnaires du général Montesquiou en Savoie ; le château est alors déclaré bien national et il est vendu à la famille Polingui. Plus tard, il échoit à la famille de Mouxy.
Description
Une enceinte, dont il ne reste pratiquement plus de traces, dont l’accès se faisait à l'est, enserre une tour-résidence carrée que flanque une tour circulaire.
La tour maitresse quadrangulaire romane, de 6,45 × 6,60 mètres de côté, a des murs épais de 1,40 mètre. De par sa petite taille, elle s'apparenterait aux Bergfrieden abondamment répandus en terre d'Empire et en France méridionale. Construite en petit appareil, on lui a accolé, à l'est, une tour circulaire de 7 mètres de diamètre, aux murs épais de 2,40 mètres en bel appareil, qui semble dater du XIVe siècle[9], probablement dressée après le siège et l'occupation d'octobre 1320[9] de Cessens-Neuf. Frappée par la foudre en 1862, elle est en grande partie effondrée.
La tour carrée romane.
La tour ronde du XIVe siècle.
La tour ronde au premier plan et la tour carrée au second.
Un détail de l'appareil de la tour ronde.
Châtellenie de Cessens et Grésy
Le château de Cessens-le-Vieux est le siège de la châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum), de Cessens et Grésy (Sessens et Greysi)[10],[11], récupérant ainsi l'ancienne châtellenie voisine. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[11]. Dans le comté de Genève, le châtelain comtal est nommé par le comte et possède de nombreux pouvoirs[11],[12]. Avec l’intégration au comté de Savoie, à partir de 1401, celui-ci devient un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[13],[14]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[15].
Châtelains de Cessens et Grésy, XIVe au XVIIe siècle[16],[17]
1550-1553 Noble Humbert de Bongain, qui subroge la charge à maître[Note 2] Jean Berlioz ;
1553-1556 Noble François Croyson, qui subroge la charge à maître Benoît Larderat ;
1555-1559 : Maître Humbert Roland ;
1559-1565 : Maître Claude Chappuis ;
1562 : Maître Barthélémy Ribitel ;
1572-1577 : Honorable[Note 3] Jacques Picq dit Cramoisy ;
1577-1580 : Maîtres Claude Bally, maître Michel Berthet et Barthélémy Ribitel ;
Mandement aliéné à la famille des Portes (1575-1659)[18]
Châtelains connus :
avant 1621 : Maître Barthélémy Bally ;
1616-1622 : Maître Antoine II Ribitel ;
1628-1634 : Maître Antoine II Ribitel ;
Notes et références
Notes
↑Selon Georges Chapier, c'est Pierre de Cessens qui aurait fait édifier le château de l'Ile (« Castrum Insule ») à Genève et celui de Marval à Saint-Jean-de-Gonville, alors que l'on prête ce fait à Aymon de Grandson ; de plus ce dernier aurait commencé son ministère en 1215 d’où une incohérence avec la date de 1219, Georges Chapier, Les châteaux Savoyards, La Découvrance, 2005 (ISBN9782842653262).
↑Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[19].
↑Honorable est une qualité associée aux artisans qui ont réussi[19].
↑ a et bMatthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN978-2-901102-18-2), p. 290.
↑ a et bSamuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques, chez Jean-Michel Briolo, (lire en ligne), p. 342-343 (Livres I & II).
↑ ab et cJean Camus, « La cour du duc de Savoie Amédée VIII à Rumilly en Albanais », Revue savoisienne, , p. 295-345 (lire en ligne).
↑ a et bPierre Duparc, Le comté de Genève, (IXe – XVe siècles), t. XXXIX, Genève, Société d’histoire et d’archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 621 p. (lire en ligne), p. 343.
↑Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
↑ ab et cPierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 415.
↑Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 413-414.
↑Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN978-2-85944-438-9), p. 237-257.
↑Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
↑Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
↑ a et bLaurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècles », p. 943, « Grésy et Cessens ».
Georges Chapier, Châteaux savoyards : Faucigny et Chablais, vol. 5, Grenoble, Éditions Revue Les Alpes, , 410 p..
[PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , p. 3.4. La châtellenie de Sallanches (lire en ligne).